
tivée. La bible ne dit rien de pareil de
fon déluge ; au contraire , quelle énorme
multiplication d’habitans ne nous annonce-
t-elle pas? Les hommes auroient-ilsinventé
cette conféquence fi cela n’étoit pas arrivé,
foit la , foit ailleurs, Le prétendu déluge
d’Ogyges peut bien n’être autre que celui
de Noé ; mais la fuite en a toujours été
néeeffaire & naturelle. La mémoire des
hommes peut manquer & fe confondre,
mais Je feus général des nations ne peut
fe méprendre fur les fuites d’un accident
fi terrible. Ce que nous fa vans , & ce
que nous pouvons connaître des opinions
des anciens fur le déluge & fur fes fuites,
nous apprend qu'ils en âvoieut des idées
fort.faines. Homère, par exemple, lorf-
qu’il nous parle de fes héros & de leurs
armées , & qu ’il les compare à un déluge
qui defcend des montagnes , qui ravage
é? qui détruit tout: dans les lieux où il
pafl'e & en entraîne les débris dans les
mers, ayoit des- idées fort nettes de ces
défordres. Quoiqu’il..'; fût certainement
homme d’imagination , il ne lui ell pas
venu dans, l’idée de faire remonter la mer
& les fleuves dans les montagnes , comme
il a dû arriver au déluge de Noé., fuivant
ceux qui ont prétendu que telle eft l’origine
des coquillages que l ’on y trouve
quelquefois à cinq ou fix cents lieues des
bords de : la mer; Homcre étoit en tout
le peintre de la nature. A la'fuite donc-
de ces inondations générales , des terres ont
été extrêmement marécageufes. D ’abord
les vafes des prairies élevées', fe font
féchées d’elles-mêmes par un écoulement
plus, facile des. eaux ; ainfi , il efl très-
probable & très-raifoiinable de.xroire que
ces lieux hauts ont dû êt-çe habitables long-
tems- avant les lieux bas. Ces derniers
parodient tout devoir à l’induftri'e des
premiers hommes , & le cours de nos
rivières fillonné , au milieu de nos prairies,;
efl vraifem'blablement l’ouvrage de
nos premiers pères. Il ne faut pas croire
pour cela qu’il ait fallu entreprendre de
grands travaux , peu d’abord ont fuffi,;
les pentes en ayoient été préparé4*® par. les
opérations précédentes de la nature, 8i
l’abondance des eaux étant bien plus grande
qu’aujourd’hui , au moyen de quelque
écoulement dirigé vers les lieux les plus
bas, & de la réunion de l’eau de plufieurs
fources , dégagée des- vafes qui l’emba-
ralfoient, une partie de cette eau a eu la
force de continuer fa marche ,. fayprifée
ainfi par les travaux des hommes en une
infinité d’endroits. Généralement parlant,
la terre, fur-tout, dans les vallées , a dû
offrir Ce fpeâacle & exigèr ces travaux ;
elle l’offre encore dans les lieux peu habités
de l’Amérique, où l’homme remplit plus
ou moins ces vues d’induftrie 3 c ’eft pourquoi
nos belles & vafîes prairies de la,
Loire , de la Meufe, du Rhin , de' Normandie
& de la Hollande, &c. n’ont pu
être pendant long-tems que des marais.,
prodigieux , ' la plupart impraticables où
fous les eaux eroiipies , les vafes ont
reçu une préparation qui en a fait la fertilité.
Ceci n’efl qu’une conféquence des
effets connus , qui d’ailleurs fe trouvent
confirmes par toutes lès hiftoires anciennes.,,
Deffecher des iharais , ouvrir des canaux,,
faciliter le cours des eaux dans les.-lits
des rivières, ont été dans le monde ancien
& moderne, -les ouvragés des plus grands.,
états & des plus piaffantes républiques.;
XI. La grande quantité de terreins
culbutés & de rochers briféspar le torrent,
de la Marne, a produit toutes les plaines
de fablon qui fe rencontrent dans la vallée
depuis Sauvigny où les eaux ont commencé
a être'' engorgées dans des terreins ’de?
grès, Toutes les pointes'& presqu’ifles.
qui fe font formées à l’extrémité & à l’abri,
des montagnes ne font que de fablon ; on
ne commence cependant à le remarquer,
cdmmunément que derrière Chezy ; parce '
qu’aiû-deffus, les terreins détruits n’étoi'ent.
pas aifez brifés & moulus , & que ceux
qui ÿ font . à l ’abri font / coirrpofés
d’tme terre afféz graffe mêlée cà & là dè
gros- quartiers de roches. Mais au-déffou’s.
de'Chézy , les terreins; deviennent généralement
fabloneux 3 vous les remarquez
derrière ce village , dans la plaine oppofée
à Charly dans les finages de C itr y , M e ry ,
Lufancy & enfin jufqu’à Paris & au-dela ,
même dans les lieux qui ont reçu des dépôts.
Ce qui s’eft paifé dans cette vaiiee
s’ell opéré de même-,fur les plus hauts
fommets de ces contrées. L ’on remarque
fur la route de -Paris à Soiffons par Dam-
martin ,- Nanteuil & Villers-Coterets qui
font les fommets connus de ,1 Aifne & de
la Marne , que des malles de grès pMs ou
moins découvertes. & bizarrement pofées
fur leurs angles, forment des plaines con-
fidérables de fablon. Ces contrées repré-
fenterit ■ encore les relies de leurs anciens
lits fupérieurs dans une grande confufion ;
tout ÿ a été miné, tout y a ete brife. Le
peuple de ces contrées n’habite que dés
ruinés ; mais il doit s’ en confoler &
s’en raffurer en ce qu’il n’y a gücres^ de
peuple fur la terre qui ne foit dans le même
cas.
une marnièrequi fert comme-la falunière de
Touraine à engraiffer les terres & qui efl
une vraie mine de coquillages de mer.
Ces corps marins réfident au milieu des
fablôns.
Certains endroits de la Beau ce par exemple
repréfentent encore parfaitement les :
velliges. de"ces -défordres : au-deffous; des
lits luperfieiels de cette contrée règne
communément un lit de grès qui porte
quinze, dix-huit & vingt pieds d épaiffeur 3
ce lit de grès ne p’ofe lui-même que fur
d’autres lits de fablon dont l’épaiffeur e f l f
très -confidérable & qui n’ont aucune,
liaifon ni ténacité. L a fituation unie de :
toutes les plaines de laBeauce témoigne que |
généralement -il s’eff fait peu d’affouille-■
mens dans cette contrée : mais le long des ;
vallées, où ces terreins ont été; éventés
- par les coupes profondes quelles anciens ,
torrens y ont faites, ces fortes d’effouille-
■ i-nens s’j font-beaucoup remarquer. L ’on
voit fur-tout un endroit vis-à-vis le château
de GiHevôifin auprès de Chamarandé ,
vallée de la rivière d’Etampes , où la
multitude de roches eritaffées- les unes fur
les autres préfentent les marques incontestables
dé la deftruftiori dés torrens.. Les]
dépendances & tout le voilinage; de ce dernier
château contiennent une infinit é ? de
dépouilles des anithaux marins f il y a
XH. La Rivière d’Ourque qui fe décharge
dans la Marne entre Mary & L i fy ,
renferme dans les coteaux une colleéhon
furprenante de coquillages fofiiles, de
gloffepêtres, de coraux, de madrépores, de’
tubulites, aftroites, ceillets, champignons,
fungites , vis , buccins , rouleaux , & c .
Ces coteaux font formés de lits de marne
& de fablon : ce qu’il y a de remarquable,
c’eft que la plupart de ces produflions
marines ne parodient point etre la dans
leur pofîtion première, mais y avoir été ,-
ainfi que les fablons amènes par des torrens
qui fôroient partis de la fourOê
même de l’Ourqûe. Comme la fource de
cette rivière eft fur les fommets mitoyens
de là Marne [& de.l’Aifne, fur lefquels font
fîtuées les contrées de Courtagnon fi re-~.
nommées-par-la beaute & 1 abondance de
leurs.foffiles, & que ceux de Mary font
des mêmes efpèces, il y a tou t. lieu de
croire que tous ces dépôts font provenus
de Cette contrée /upérieure qui eft au
centre de la montagne de Rheiins. Ce
fommet étant le vrai lieu de leur naiifance
& de leur,origine, & n’ayant pas été recouvert
de depot de sablons venus de.plus
lo in , on les y trouve très-beaux & entiers-;
au lieu -qu a Mary, Lify ,- la.Troûfïè, Affi
& autres;lieux voifins 3e 1 Qurqüe , les
coquillages, entiers ÿ, font plus rares &
moins confèrvés. Il y, a meme des bancs
entiers, qui - ne forment qu'une poudre
fiche de coquilles dans laquelle à peinerle
fablon dominé-: généralement l’abondance
I des coquilles eft ti grande que les pluies
i et les orages en iranîportent par-tout. L a
I rivière d’Ourque en entraîne beaucoup
| dans.la Marne, enforte qu’au deifous de
J fon embouchure dans la Marne , jufqu’à
Paris, on trouve une grande' quantité’
de coquillages dé mer mêlés au fable ^ de’
rivière -, & où l’on reconnoît les efpeçès;