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IV . » Les chaînes les plus confidérables
)> giflent les unes d’Occident à l’Orient ,
» les autres du Nord au Sud. Celles-ci
■ » occupent les terres entre les tropiques
9 & quelques contrées feptentriopales ;
9 celles-là s’étendent dans les zones tëm-
P pérées , 8c font plus multipliées que les
» autres. Il n’y a que quelques-unes de leurs
• P branches .qui tournent Nord & Sud ou
» entre l’un & l’autre afpect.
V. » Les montagnes dont la malle va
» d’Occident en Orient , forment des
» deux côtés des avances. dont les unes
» regardent le Nord & les autres le Midi,
» & celles dpnt la maffe gît Nord & Sud,
9 forment des avances qui répondent à
» lE f t ou a POue.fi , c’eft-à-dire que les
» montagnes décrivent deux lignes qui fe
» coupent à angles, droits & qui font
» parallèles le plus fpuyent à l’équateur
» 8c an méridien.
VI. 9 Lorfque deux montagnes giflent
P a coté l’une de l’autre, elles forment
P des vallons de différente largeur, &
.» les avances de ces montagnes répondent
9 alternativement les unes aux autres,
» c ’eft-à-dire , que l’angle failknt de l’une
9 répond à l’angle rentrant de l’autre.,
9 & ainfi de fuite »,
Bourguet regarde cette eorrefpondançe
alternative des angles faillans & rentraps-
qui font vifibles fur les bords des vallées,
pommé la clef principale de k théorie
de la Terre; il prétend mente qu’elle ren-
verfe toutes les hypothèfes qu’on a formées
fur les montagnes. Nous verrons par la
fiiïte à quel point cette affeption eft fondée.
' . . j ’ ' 1 ’ ’ ■’ VI.
V I I . » Les avances des montagnes font
» plus , fréquentes dans les vallons , &
I leurs angles font plus aigus; mais elles
)> ne font fenfibles dans les plaines qu’au-
» près du lit des fleuves qui coulent ordi-
» nairement au milieu ; 8c par rapport J
9 aux bords de k ®er, ‘ çes avançes ne I
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'» font remarquables que fur des fàiaifes
» efcarpées.
VIH. 9 I,e font met des hautes nibif-
9 tagnes eil compofé de rochers plus on
» moins élevés , qui reffemblent fur-toùt,
» vus de loin , aux ondes de/lajmer. Leur
» direftion s’accorde cependant avec celle
9 de la maffe de la montagne. Le haut
9 des ..montagnes , fur-tout d’ardoifes., vp
» de près , repréfente encore mieux les
» ondes de la mer., quoique moins élevé
« que les rochers qui foripent le fommçt
9 ou la pointe,
IX . » Les montagnes ont. diverfes ou-
9 v.ertures à leurs fommets qui ont diffé-
9 rens afpeds & qui donnent paffage aux
» èauj des, rivières, 8c aux vents. C’eft
» auffi par çes ouvertures que les hommes
9 palfeitt d’un pays à un auu-e,
JÇ. 9 Dans çes ouvertures il y a des
» digues naturelles de pur r o c , fur lef-
b quelles l’eau coule , on les nomme catq.->
9 raCtes, parce que l’eau fe précipite du
.9 haut de ces rochers, &yforme des cafcs-
» des. Les cataractes font fort fréquentes
9 dan.s les hautes montagnes. ; elles, font
9 au contraire fort rares dans les endroits
9 élpigqés de k fourçe des fleuves,
XI, 9 -Diverfes parties des montagnes
9 font coupées à pjomb , quelquefois d’un
9 feul côté & fou vent des deux, Çes eou-
9 pes de rochers de d ix ,, vingt., trente,
9 quarante., & même de fept cents pieds
9 de haut font toujours au bord des
9 fleuves , des lacs , de la mer 8ç des
9 vallées,
* Quoiqpe le haut des montagnes
9 foit ordinairement formé en dos d’âne,
9 il y a néanmoins quelques petites plai-
9 nés au-deflus des plus hautes ; d’autres
9 même offrent 4es plateaux d’une aflèz
9 grande étendue , où l’on trouve des
9 prairies , des lacs , des ruifîèaux, des
9 rivi?rçs , des villages. Ce font des pays
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» fort élevés aü-deffus d’autres pays qui
ÿ les environnent.’
XIII. 9 En général,. les montagnes dif-
» fèrent beaucoup en hauteur , les collines
» font les plus baffes ; puis viennent celles
9 qui font médiocrement élevées, qui font-
9 fuivies d’un troifième rang de plus éle-
9 v ê ts , ordinairement chargées d’arbres 8c
» de plantes. Enfin, les montagnes d’un
». rang fupérieur fu r lefquelles on ne voit
». que des pierres, du fable & des malles
» de rochers dont les pointes- s’élèvent
» fouvent- au-deffus des nues. C ’eft pré-
» cifément au pied de ces rochers que
» l’eau de pluie & fur-tout la neige tombe,
» s’accumule 8c féjourne ou une partie
» de l’année ou toute l’année ; mais la
» fonte des neiges y produit ou des gla-
», ciers ou des foùrces abondantes d’où
»i les fleuves Tirent leur origine.
, XIV. » Sur le haut des montagnes , fur
» les collines , & même à la fuperiîcie des
» plaines , fe trouvent de grands blocs de
» granits d’une forme irrégulière ou d’une
» autre nature de pierre dure , lefquels
» ne font point attachés à la maffe de là mon-
» taïgfie, ni détachés de hauteurs füpérieüres,
» vu qu’il n’y en a aucune qui domine. Ces
» blocs font- d’un volume plus ou moins
» confîdérable , d’une nature de pièrre
» étrangère au canton , & paroiffent avoir
» été roulés par les eaux.
X V . 9 Tous les fleuves ont leurs fources
» dans les chaînes principales .des monta-
» gnes qui traverfent les continens en dif-
» Férens fens. Scuvent les fourcesx de
» fleuves qui fe rendent par des diredions
» oppôfées dans des mers différentes , ne
» font pas fort éloignées les unes des
» autres ; 8c d’autres fleuves; au contraire,
m qui tombent dans les mêmes mers ont
9 leurs fources dans des chaînés des mon-1
» tagnes différentes. Par exemple , Te
» Rhône , le Rhin, le Danube & le Tef-
» fin ont leurs fources aflèz voifines, qüoi-
» que ces fleuves fe jettent dans des-mers
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» différentes. Le Rhône va dans la Mé-
9 diterranée , le Rhin dans l’Océan , le
» Danube dans la mer noire, & le Pô clans
» l ’Adriatique. D’iun autre côté on peut-
9 cohfidérer l’ éloignement des fources du
bl'Danube qui font dans les Alpes des
» Grifons, d’avec Celles du.Boryftène ,-
» dii D o n , de l’Oxus , dont les unes font
9 en Mofc'ovie , & les autres dans le Cau-
» café. Ces fleuves fe jettent pourtant
» tous dans la mer Noire ; ces con-
» fîdéraîions peuvent s’appliquer égale-1
y ment aux fleuves de l’A fie , comme à
9 ceux de PÂméfique.
X V I . 9 Lorfque dans une vallée la pente
9 de l’une des montagne? qui la bordent
9 eft moins rapide que celle de l’autre ,
9 la riviere prend Ion cours beaucoup
■ 9 plus près de la derniere que de la,pre-
» miere & ne garde pas le milieu
Phénomènes concernant. Ici conjîitution inté*
rieurc du globe de la terre,
I. « Toute la maffe. folide connue de
« notre globe , quoique d’une feule
y pièce pair rapport à fa continuité , ne
9 . doit pas être confidérée comme homo-
». gène, par rapport -à la diverfaé des
9 matériaux dont elle eft compofée. Cette
» maffe dont la profondeur n’efl pas bien
» connue, eft formée de marbres diffé-
c » rens, de' pierre calcaire, de roc v if, plus
' » dur que le m a rb red e pierres de fable,
. » du takite , d-’a-rdoife , de tuf , de caii -
; » lo u x , de marnes , de craie1, de g.ypfe ,
' » de glaife, d’argille dure & molle, de
' y toutes fortes ‘de pierres , de différens
» métaux, de différens fels , de charbon
» de'terre , d’afphalte , de tourbe & de
y terreau. »
IL » En général, ces matières font
: » rangées par lits , par bancs & par
' » couches d’une ép.aiffeur tellement va-
y riée qu’elle Va depuis une ligne jnfqu’à
mi un, qüâtrè, dix, & cent pieds ; quelques-
, » carrières, les coupes à-plomb de plu-'