
aurions raifon de conclure que les vapeurs
de la mer font tranfportées pour
être condenfées en fe combinant avec
d’autres courans de l’atmofphère froid des
régions montagneufes des Cordilières, où
il pleut fi abondamment pendant la plus
grande partie de l’année.
Si l’on fuppofe d’un côté que le vent
fouffle continuellement de la mer fans fe
mêler avec un courant d’air propre à
condenfer l’humidité , il doit palfer fur
cette côte échauffée , fans 1 aider tomber
une goutte de pluie. Si d’un autre côté
nous fuppofons que le vent régulier qui
pafîè fur l’Océan atlantique , le prolonge
à l’ouefl par-deiïus la chaîne des Cordilières
: alors, après avoir dépofé tant de
pluie dans cette région montagneufe , il
n’y auroit pas de raifon de fuppofer que
ce courant de l’atmofphère dût trouver
en palfant fur cette côte échauffée , les
conditions propres à condenfer l’eau dont
elle peut être chargée.
Or, il y a, comme nous avons dit,
deux petits efpaces fur la terre où il ne
pleut jamais, 8c pour ramener ces exceptions
à la théorie , il fuffit de faire
voir qu’il ne fe trouve pas dans ces lieux
le concours des conditions néceffaires
pour produire la pluie. Il feroit certainement
contradiéloire avec la théorie ,
qu’on dût trouver la plus grande partie
de la terre fans pluie. Mais qü’une contrée
ou deux qui n’ont ni diverfité de
climat ou de pays , foient trouvées fans
pluie , au lieu d’altérer la conclufion de
la généralité de la pluie, elles confirmeront
la théorie en faifant connoître que
le concours de certaines circonflances
■ ou conditions n’y a pas lieu. Effeétive-
ment, la caufe de la pluie ne fera pas
toujours fuffifante pour produire l’effet
dans fon entier : car une médiocre con-
denfation de vapeurs aqueufes ne fe re-
foudra pas toujours en pluie , mais refiera
fufpendue fous une forme vifîble, 8c produira
de cette forte du brouillard à la
furface de la terre & des nuages dans
l’atmofphère. Il y a de même quelques
fituations dans lefquelles l’effet des rayons
du foléil d'été fë trouve diminué confi-
dérablement par l’interpofition de ces
nuages.
Nous trouverons donc une variété indéfinie
de phénomènes naturels qui peut
être produite par le feul principe de cou
denfation aqueufe. Car , en paffant de
l’un des extrêmes de J’atmofphère net &
tranfparent, à l’autre extrême qui offre
les nuages les plus denfes , & des brouillards
légers ou de la rofée la plus douce ,
à la pluie, à la grêle ou à la neige la
plus abondante, on aura une variété indéfinie
de faits qui partent tous du même
principe.
4°. EJlimation comparative des climats par
rapport à la pluie.
Il vient d’être obfervé que les pays
dans lefquels il ' né pleut que rarement
ou jamais , ne devroient être conlidérés
fur le globe que comme des points où la
pluie, fi variable dans fa quantité, vient
s’évanouir : & de-Ià , il efl vifîble;-que
jufqu’à la plus, grande quantité poflible,
il y- a une échelle confidérable 8c une
gradation indéfinie. On fent donc qu’il
fera, néceffair'e d’étendre ces obfervations
' particulières à quelques-unes générales,
.& d’avoir quelques faits auxquels on
puilfe appliquer la théorie; Dans chaque
lieu ^ la quantité générale de la pluie
dépend de deux principes , qui peuvent
être différemment compofés. Le premier
principe dont dépend la formation de la
pluie fuivant la théorie, étant la combi-
naifon de difîérens courans de l’atmofphère,
la quantité de pluie doit dépendre
des circonflances favorables à cette com-
binaifon ou à la rencontre de vents dif-
férens.
Nous avons vu d’ailleurs que cette rencontre
de deux eourans d’air ne fufîifoit
pas pour produire de la pluie, 8c qu’il
falloit encore que ces courans d’air fuf-
l'ent dans des dégrés de température qui
différaffent fuffifamment pour produire
une condenfation convenable. Mais chaque
contrée du globe pouvant être en-
vifagée comme fituée entre deux différentes
régions, l’une plus chaude , l’autre
plus froide qu’elle, tous les lieux dans
lefquels on trouve des circonflances favorables
à la combinaifon de deux vents,,
pépvent être -conlidérés comme ayant
cette condition favorable à la condenfation
de l’eau : ainfî dans le premier principe
de la formation de la pluie , font
comprifes ces deux conditions , la combinaifon
de deux vents & la différente température
de ces vents. .
I.e fécond principe que nous avons
maintenant à examiner , efl la quantité
d’humidité. - contenue, dans le,s courans
d’air combinés pour produire la pluie.
Ce principe diffère entièrement du premier
; 8c fuivant la théorie , la quantité
de pluie dans quelque lieu de la terre que;
ce foit , dépendra néçeffairement de ce
principe, toutes chofes égales d’ailleurs.
Il ne faut donc pas perdre de vue les.
principes , fi l’on veut déterminer la
quantité de pluie , parce qu’on concevra
l’effet compofé des deux caufes , fi l’on
a bien reconnu en quoi chacune y contribue.
Si la furface de la terre étoit parfaitement
fphérique , foit qu’elle fût terre ou
mer, il n’y auroit que des courans d’air
régulier^, parce qu’ils feraient feulement
produits par l’aétion du foleil &, le mouvement
de la terre. Mais la furface , du
globe efl compofée de terres & de mers ,
& cette diverfité efl variée & irrégulière.
Or , cette difpofition des chofes efl une
fource de vents variables ou de différents
courants d’air qui peuvent fe combiner
pour produire de la pluie. La fur-.
face de la terre efl encore diverfiftce en
plaines & en montagnes , en bois & en
Idéferts -fecs & arides. Et ce font encore
autant de sources de variations, i°. pour
la manière dont cette furface peut être
échauffée, 2°. pour produire & combiner
diflérents courants d’air ; 30. enfin, pour
amener les différentes quantités de pluies
dans chaque lieu.
Les montagnes en général, par exemple
, peuvent être confidérées comme,
contribuant beaucoup à la combinaifon
des différens courans d’air. Car, en arrêtant
Mes, vapeurs ou courans plus généraux de
d’atmofphère , elles réfléchiffent ces courans
dans leur çourfe & deviennent un
principe de combinaifon des courans qui
viennent des différentes contrées qui
avoifinent ces malles élevées. Les, montagnes
font donc plus favorables à la
pluie , que les plaines ou les pays bas :
or, ici l’expérience vérifie la théorie.
Suivant ce principe , il devroit pleuvoir
beaucoup plus fur terre que fur mer:
cary la mer-étant plane,, elle n’a pas le
pouvoir de produire des, courans d’air &
de les combiner : aufli trouve-t-on ces
effets d’accord avec l’expérience : il y a
moins de pluie en. général fur mer que
fur terre. Il y a trèsrpeu de pluie dans
, les vents alifés réguliers : mais dans les;
vents variables qui fe joignent aux vents
alifés , la pluie'tombe en abondance.
D’ailleurs, les gens de mer les plus expérimentés
nous apprennent qu’en pleine
mer , l’apparence d’un nuage leur annonce
- infailliblement une île.
Quant au fécond principe de la pluie
dépendant des différens dégrés de l’humidité
dont l’atmofphère efl chargé , on
trouvera aufli.de grandes fources de variations.
Nous les trouvons dans. ,ces deux
propofitions , i°. que les lieux pù il
tombe une grande quantité de pluie ,
doivent fe trouver fur les terres voifines