
fous toutes fortes de portions ; ces cofps
paroiffènt -formés par l’eau tombante,
tirais furprife par le froid de 1a nuit.
Quelquefois ces quilles énormes fe
détachent par leur poids , s’arrêtent au-
delfous du lieu de leuf formation , fe
plantent dans la neige im peu amollie
par la chaleur , & s’ÿ fixent. L ’eau- qui
tombe d’en haut les atteint, s’y g è le , &
lés affermit en leur donnant une bâfe]
c’eft de-la que naiffent des cônes , des
pyramides ou entaffés Ou. arrangés près
les uns des autres dans les glaciers inférieurs.
Lorfque la pente du vallon glacé eft
douce, il fe forme alors jufqu’au bas un
revêtement de glace Où fe voient des
éfpèces de pyramides qui haiffeiit, les unes
des inégalités du roc qui fert de bâfe t
les autres font produites par l’eau qui
en s’écoulant coupe la glace 8c la neige
fuivant les inflexions, de lo.n cours; Les
troifièmes enfin ont eu pour nôyaux des.
fragmens de glace ,ou de neige détachée
des fommèts fupérfeurs, 8c qui s’arrêtent
ça & là dans la pente. Les inégalitésqiii |
viennent des rochers ou des pierres éboulées ]
ont en général des formes permanentes , j
mais lëS autres changent ' d’une année à !
l’autre.
Sur les 'côtés 8c au pied de ces,pentes, :
il fé forme 'aufli quelquefois"' des amas!
de neiges pouffëes par lèvent & arrêtées]
par des obllacles ; leur furface fe fond ]
& fe regele : d'e-là il nait; fouveht deSj
couches dé. glace ou horifoiitales ou -,
inclinées qui patoiffent féparées dès i
'monts glaces & dès ' vallons remplis dç :
glaces.
Tels -font les trois genres généraux
de glaciers’; & les diverfes formes qui
'appartiennent à ces difierens genres ;
nous avons cru que Cétté diftinâioli
'méthodique fèrviroit -a donner urne idée
plus jufte de la formation des uns &
des autres, de la caufe générale dé tous,
8c des circon(lances particulières qui ont
concouru à la formation de chacun
d’eux.
A r t i c l e S e c o n d .
D ë la. nature de la glace & des■ eaux qui
en proviennent.
La glace des glaciers ne diffère point
effentiefienient de. celle qui fe formé
dans lès plaines par l ’eau ou par jjla
beige fondue ; elle eft cependant moins,
tranfpareiite. que celle qui fe forme dans
les eaux claires & limpides , parce qu elle
'eft produite par les eaux des neiges à
demi fondues. ’ Cependant elLe eft plus
dure , plus légère y plus durable que la
glace ordinaire. On a dit que cela pro-
vepoit de ce. qu’elle concenoit plus de
parties nitreufes. C’eft une erreur : car la
chimie ne découvre aucune trace de nitre
dans cette glace; elle eft plus légère, parce
.qu’elle eft formée en grande ^partie de
neige qui eft plus légère que l’eau : elle
eft. phis dure, parce qu’elle efl de plus
vieille date , plus ' pénétrée de_ l’aélion
du froid , & moins remplie d’air & de
parties aqueufesj elle eft moins tranfpa-
rente , parce que , par l’évaporation qu’e-
proùvé toujours: la glace, celle-ci eft plus
privée d’air & d’eau que celle qui fe forme
dans lès lieux tempérés : d’ailleurs un
certain mélange de neige en trouble plus
ou moins la traniparence.
Les glaces de la Suiffe comme celles
du Nord font blanchâtres ou Lteéâtres.
fa première dé Ces -Couleurs indique la
neige peu altérée par le dégel & le regel :
ta fécondé indique la neigé mieux fondue
& regeléei
Il paroît évidemment que cétte glace
fondue doit fournir aux pieds des glaciers
une eau plus légère 8c plus pure, toutes
ckcoflftances d’ailleurs égales, parce que
h glace eft plus légère que la neige Comprimée
: parce que la neige eft plus legere
que l ’eau : enfin parce que la glace de ces
glaciers eft plus légère que toute autre.
D ’ailleurs il eft certain que les neiges.
qui tombent fur les hautes cimes ues
montagnes font moins chargées de paities
hétérogènes, terreftres| &c. Les eaux
qui en découlent devroient en être plus
pures , iorfqu’elles n’ont contradê aucun
principe étranger du fol fur lequel elles
ont circulé.
Les ^ouètres que portent les habitans
de quelques vallées inférieures ? viennent 9
par conféquent 9 non des eaux de neige ?
comme o n i ’a cru 8c avance fàns preuve ?
mais des eaux gypfeufes , féléniteufes ou
tofèufes, & peut-être plus effentîellement
de l’air de certains vallons chargé , de
vapeurs humides, de brouillards, 8c pas
allez fouvenr renouvellé par des vents
falutaires. On voit en effet, dans quelques
vallons aux pieds des Hautes-Alpes,
des habitans pâles, & dans les vallons
fupérieurs ou dans les plaines hautes
entre les montagnes, des hommes grands,
bien faits 8c robuftes. Ceux-ci boivent ;
de plus près les eaux de neige fondues.
A r t i c l e T r o i s i è m e .
P ofit ion & nature des montagnes neigées.
En général les plus hauts monts de
glace de la Suiffe 8c de la Savoie font
limés du coté du Midi ; ceux de la
partie feptentrionale n’ont pas la même
élévation ; en eft-il de même s dans les
autres contrées du globe où l’on obferve
les mêmes phénomènes ?
Les rochers fur lefquels portent ces
amas de neiges & de glaces , font certainement
de diverfe nature & de com-
pofition différente. Les deux parties ou
les deux bandes fehiiteufe <Sc roarneufe
q u i , félon Guettard , partagent la Suiffe,
l’une du côté du Midi, 1 autre du cota
du feptentrion , font des fuppofitions
purement gratuites : fuppofitions contre
lefqueiles on trouve bien autant d exceptions
que de faits analogues qui fembient
les établir. C ’efl ainfî qu’un faux arrangement
conduit a des aliénions que la
nature n’avpue pas.
Les hautes montagnes de la Suiffe qui
font au M id i, font en partie de roches
vitrifiables, mixtes ou furcompofées de
diverfes fortes de matières pierreufes.
Parmi ces monts de pierres vitrifiables
on trouve çà & là des bancs, des couches ,
des montagnes entières de pierre fehifteufe
d’autres de pierres calcaires, de marbres ,
de gypfe , -&c.
En général, les monts neiges de la Suiffer-
& de la Savoie font au nombre des plus
hautes montagnes de l’Europe ; les trois
plus élevées de la Suiffe fo n t , le'Mont-
Blanc, le St. Gothard & la F o u rch e ,
mais elles font inférieures, à celles du.
Pérou.
Les montagnes de la Suiffe que les'
neiges, couvrent fans ceffe , ont au moins
quinze cens toifes au-deSus du niveau
de la mer. C ’eft là où fe trouve le commencement
de la ligne neigée'des Alpes j
8c les fommets couverts. de cette, neigé
permanente furpaiïent encore cette élévation
jufqu’à poo toifes & plus.. Ca
commencement eft quelquefois un peu
plus haut ou un peu plus bas , félon les
circonftances locales. Dans les Andes cette
ligne neigée eft à la hauteur de 2434
i toifes, uniformément tracée. Cette différence
eft vifiblement la fuite du climat
8c de la chaleur qui règne au pied de
ces diverfes montagnes, au Pérou 8t eu
Suiffe. Il en eft aiafi fur toutes les montagnes
delà Zone-Torride; à une certaine
dillance de i’Équateur , comme au pic de
Ténériffe , le terme inférieur confiant de
la neige eft à 2100 toifes.
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