débris que nous en trouvons aujourd’hui
différent beaucoup , & quant à leur nature
& quant à leur pofition.
Il efl vrai que ces mines par fragmens
contiennent ordinairement de la mine
d ’étain ou de la mine de fe r. ou même
l ’une & l’autre à la fo is , & que parmi
tous les amas de mines tranfportéès que
l’on a trouvées jufqu’i c i , il ne s’en cfi
pas encore rencontré un feul qui contînt
un autre métal ; mais jufqu’où ayons nous
pouffé nos recherches , même à la fürface
de la terre ? Qui efl ce qui s’eft donné
la peine d’examiner toutes les. couches
fupérieures de la terre , pour voir fi elles
contiennent les débris de toutes les différentes
efpèces de minés, ou fi elles n’en
contiennent que quelques-unes, & de
quelle nature font celles qu’elles contiennent
?
Les choies étant airifî} on ne doit, pas-
prouver extraordinaire que jufqü’iei on
ait fi rarement rencontré des pyrites par
fragmens ou en débris dans les premières
couches de la terre. On dit des fragmens
& des débris de pyrites, car i l n’efl
point rare de trouver ce minéral en ro-
gnons: Ou en marons : cependant malgré
le peu de foins qu’on a apporté jufqu'à
préfent dans • ces fortes de recherches, 1
ce n’efl point une chofe rare que de -
rencontrer des débris de pyrites dans
les premières couches de la terre. I l efl
impoifible de croire , par exemple, que
la pyrite euivreufè que l’on trouve à
Wiera dans l’Oflerland, à peu de diflance
. de Neufladt fur l’Oria, ait été formée
dans l’endroit où elle fe trouve. '
I l y a dans cet exemple plufïeurs
circonflances qui méritent notre attention;
en premier lieu , il n’y a à Wiera , ni
couche ni filon dont la mine que l’on
y trouve fuive la direction ; en fécond
lieu on voit qu’il n’y a pas de continuité
dans cetteunine, & que les fragmens.
• quoiqu’on les rencontre allez proches
les uns des autres , font toujours dif-
perfés fans ordre & féparés par la terre
végétale. En troifîeme lieu , parmi ces
morceaux, même dans ceux qui fe trouvent
le plus près les uns des autres ,
on ne peut jamais diftinguer les côtés
par lefquels ils auroient pu être joints
antérieurement. En effet il y a de petits
filons ou venules dans lefquels la mine
efl partagée ou brifée par des fentes qui
ont été remplies de guhrs qui femblent
avoir encore écarté davantage lés morceaux
les uns des autres. Cependant on
peut toujours voir diflinâement que leurs
-côtés ont été joints autrefois, & que
tous ces fragmens ont formé un véritable
filon : mais dans l’exemple que je viens
de rapporter , les fragmens ne - .peuvent
pas plus, s’adapter les uns aux autres
par leur» côté. & par leurs ' angles que
les pierrès d'un tas formé âü'hafard. En
quatrième lieu , on obferve dans. - les
fragmens de cette mine de cuivre des
angles fi tranchans que , quoiqu’on ne
puiffe pas ^croire " qu’elle, ait été'formée
dans l’endroit où on l’a trouvée , on ne
peut-cependant point ,rpréfumer qu’elle
-ait- été apportée de très-loin; car on
fait que cës fragmens ont ordinairement
leurs angles prefque entièrement ufés &
arrondis Jorfqit’iis ont été transportés &
roulés à une grande diflance.
Mais qu’efl-it befoin d’avoir recours
à un exemple fi rare '! Les fondeurs n’éprouvent
.que trop que la mine d’étain
qui le montre par fragmens tranlportés
efl Souvent mêlée de pyrite : fi on vouloit
objeéter que puifque la .pyrite.fe trouve
par-tout, elle devroit. fe trouver en fragmens
plus Souvent qu’elle ne fa it, il y
a une réponfe facile à faire. Il faut faire
attention que ce. minéral fe décompofe
& fe réduit en terre beaucoup plus facilement
que tout autre, fur-tout Jorfqu’il
efl placé, proche la Surface de la- terre ,
&.par conlëquent. expofé à l’adion de
l’air ; il "y a donc lieu de croire que
dans l ’efpace de que lque s m illie rs d’années
-un grand n om b r e de ce s tém o in s qui nous
atte flo ien t le d é lu g e , o n t été détruits
effacés. D e p lu s , on a b e a u co u p de
r a i fom p o u r p ré fume r que le s endroits
p le in s de ro u ille qui fe tro u v en t fu r -
to u t dans l e grès , ne> fo n t autre ch o fe
que; des v è flig e s ■ de p y r ite s qui o n t été
détruites , & on c o n ç o i t en .même-tems
qu’il n’e ft pas Surprenant -que l’on tr o u v e
p lu tô t, déS p y r ite s c u iv r e ü fe s , qu e des
y r ité s martiales dans un e p o fit io n fem-
lable à ce lle s d o n t o n p a r le ; -car les.
p remières fo n t b e a u co u p p lus durables
qu e le s dernieres , & m êm e e lle s --fon t
q u e lq u e fo is entièrement in d e firu d ib le s . A u
rqfte., il ne fera pas fo r t d iffic ile de fe
co n v a in c re de l ’im p e r fe ftio n & de l’ infuffi-
&nce: : de jj la p lu p a r t des règle s générales
que-, l ’on«. a i é tablies re lativem en t * aux
mines--qui fe trou v en t en d ébris & par
ftag.inens.
Q u e lle s fo n t le s raiforts’ qui p eu v en t
nous faire, c r o ir e , . p a r .e x em p le , que. les.
eau x du déluge fo n t venues- du cô té du
M id i , & com m en t p e u t -o n éta b lir p o u r
règle .,-, que. p o u r .t ro u v e r des mines;; par
fragmens , ,. i l faut les- ch e r ch e r de c e
cô té ..là' ? S u r quels fo n d em e n t s , p eù t-o n
penfer que .les ruiffeaux o ù - l e s ' r iv ières
q u i ont leu r co u r s d’O r ie n t en O c c id e n t
ont du cô té du S ep ten tr io n une m on ta gn e ,
& une p laine du cô té du M id i ; & que
c e lle s q u i c o u le n t du S ep ten tr io n au
M idi ont une m on ta gn e à l’O r ie n t &
une. p laine à l’O c c id e n t , & qu ’è lles
diffèrent des r iv iè re s q u i c o u le n t du
M id i; au S e p te n t r io n , & q u i. o n t une
montagne du cô té du co u ch an t ,. en ce
qu’elles charient des p a r ticu le s & des fragmens
de mine d ’o r , tandis que lès dernières
n’en charient pas ? C om m e n t p eu t - on
faire des règ le s, généra les d’après tro is
e x em p le s : qui' ne s’a c co rd en t p e u t-ê tr e
pas meule dans toutes, les c ir co n fla n c e s ?
ïg p o r e - t-o n que dans la m in é ra lo g ie les
o bferyations lès - p lu s m ultipliées" ne
fuffifeiit fo.uventpas pour établir un
principe ?
Au refte, les mines par couches , eu
égard à leur origine qui efl due au déluge
, méritent.une attention particulière :
en effet leur, formation s’efl faite d’une
manière très-différente de celles des autres
mines.'Le grès, la pierré'à chaux, U
pierre argilleufe, l’ardoife.qui font communément
la bâfe dès couches, pour
peu qu’on, les .examine-, ne paroiffent '
formées que par du fable qui s’eft lié ,
& par "des terres qui fe font durcies.
Les figures de .plantes, d’arbuftes , dof-
femens, dé. coquilles, de poiffons , qui
•fe trouvent dans ces pierres., portent les
empreintes de ces différents corps appartenants
au règne végétal & animal. A-
quelqué caufe que l’on attribue le transport
de ces. corps dans les endroits où
ils font, on fera toujours obligé de convenir
qu’ils viennent d’ailleurs, & qu’ils-
ne tirent pas leur origine du règne de
la nature qui les renferme actuellement.
Quelquefois On ne trouve que des fragmens
qui d’ailleur.i font entaffés avec
.tant de confufion qu’on .efl obligé d’attribuer
leur' fituation , non-pas. à un je u
de la nature, mais aune révolution caufée
par une violen.ee irréfiftible. Sans parier
de plufieurs autres circonflances , il
■ paroit évident .qu’on ne peut attribuer
qu’au déluge de Moïfeiune révolution
qui a enfeveli des animaux à une fi
.grande profondeur dans le fein de la
terre, &.qui a , pour ainfi dire , change
le globe en un cimetière commun aux
produâions du règne animal & du règne
végétal , fur-tout puifque les obfervations
d’hifloire naturelle nous apprennent que
ces fortes de fitbflances fe trouvent
enfouies dans toutes les parties du.
monde (1).
(1) Si l’on croit pouvoir regarder le déluge universel
comme la caufe des révolutions qui ont
H h 2