
de Guettard ne renferment guères plu*
de marnes, quelques bancs d’argille, des
grès, au milieu des fables. Je ne finiroispas,
fi je fuivois la compofition des autres contrées
où s’étendent les bandes marneufes
pour montrer le peu de juftefle de cette
dénomination.
Que Rouelle & fon ami Bernard de Juf-
fieu avoient bien mieux connu tous les
ttiaflîft füpeSficiels & les avoient beaucoup
mieux caraâérifés que Guettard ? Targioni
lui même, malgré la nomenclature inexaâe
qu’il avoit adoptée, les avoit décrits d’une
manière mieux raifonnée, ( V^oyet^ les
articles Rouelle & Targioni) où tous ces
fyllêmes de diftribütion feront développés
dans le plus grand détail.
I l ne me relie plus qu’à difcuter , toujours
en fuivant les jeunes naturaliftes,
dont il a été queftion , ce qui concerne
la troifième bande fchifleufe : on ne lait
trop ce que Guettard a prétendu nous
indiquer par-là : ce qu’on peut dire à ce ■
fujet de plus raifonnable pour excufer
cette dénomination incomplette , c’èft que
cet obfervateur étoit bien éloigné de con-
noître toutes les parties de la furface de
la terre qu’il a prétendu nous indiquer par
les mots bande fchifleufe. Il eft certain
d’abord que' les fubftances fchifteufes n’ont
été ainli nommées par les naturalilles que
relativement à leur forme iamelleufe, &
que, fous ce point de vue , cette dénomination
n’a pu défigner la nature des
fib fiances ; en t-cond lieu, fi depuis quelque
tems ce mot a été appliqué particulièrement
aux pierres argilleufes qui fe
trouvent ainfi lé plus fouvent par lames,
cette dénomination »’a pu tout au plus
fervir qu’à défigner les malfes argilleufes ,
divifées par lames plus ou moins épaiffes,
plus ou moins faciles à féparer ; mais il
s’en faut bien qUe tout ce qui s’eft trouvé
compris dans les traâus de la bande fchif-
teufe pût convenir à cette dénomination.
On eft en état de diftinguer les granits à
eryfhux uniformes, les granits rayés qui
ne peuvent être conlidérés comme ayant
le moindre rapport & la plus petite liaifon
avec les fubftances argillo-lamelleafes , &
par conféquent comme devant être compris
dans les. mêmes traétus & confondus
avec eux.
On peut voir par ces détails combien
il y avoit peu d’ordre & de méthode
dans le travail de Guettard , & combien
ce naturalille a manqué aux progrès de
la fcience qu’il cultivoit & aux circonf-
tances où il la cultivoit,
I I I
Notation des fubflances minérales fu r tes
cartes.
A la fuite de cette difcullion , les
jeunes naturaliftes dont je préfente les
principes s’attachent à montrer les incort-
véniens des caraâères dont Guettard faifoit
ufage dans fes cartes pour défigner les
fubftances minérales, & de la manière
dont il les employoit. On trouve par
exemple, fur les cartes générales & particulières
, les différentes fortes de folïiles
indiqués par des caraâères ifolés qui
ne déterminent, ni l’étendue, ni la iituation
relative de ces objets. Souvent trois ou
quatre de ces caraâères indiquant différentes
matières , font placés fort près
les unes des autres, ce qui préfente l’idée
d’une confufion & d’un défordre qui
n’exifte pas certainement dans la nature î
on y défigne indiftinâement par les
mêmes caraâères, les fubftances pierreufes
tranfportées d’ailleurs-, & celles qui étant
attachées au fol doivent être confidérées
comme en faifant partie. Les caraâères
qui marquent la fubflance qui domine
dans un canton n’a rien qui falle connoître
fon étendue & fon importance; quelques
répétitions feulement du même caraâère
qui n’occupe qu’un point ne peuvent
réparer cet inconvénient : car on
employé les mêmes indications pour
marque* la Iituation ou le gîte de quel-;
qûes foffiles de peu de valeur , St qui fe
montrent par halard dans quelques endroits
feulement.
D ’après ces principes de notation, on
ne peut faire connoîtte , ni les bâfes fur
lefquellés font faits les dépôts, ni les dépôts
eux-mêmes : circonftances cependant très-
eflèntiellcsànoter & à faire connoître : il
y a un caraâère , par exemple , .pour
défigner' -les cailloux roulés : mais on n’y
voifpas, à beaucoup près, la diftinâion de
ceux qui font diftribués par couches,
de ceux qui. font errans ,à la furface des
croupes de montagnes, ou difperfès dans
le fond des vallées : de ceux qui font
bien p o lis , bien, arrondis , de ceux qui
font à peine dégroflis ; enforte que J’inf-
peâion d’une carte ainfi conftruite, ne peut
offrir aucune de ces diftinâions de fubflances
, fuivant leurs différens états , St
fuivant les vues d’utilité dont elles peuvent
être dans k fociété. En- étudiant ainfi
par les fecours que nous fournit Guettard ,
une contrée qui fe préfente par petites
parties ifoiées , il èft impoflible de faifir
les grands, traits de la naturë. Quelle
inftruâion peut - on tirer d’une carte ,
par exemple, où l’on voit notés ic i des
cailloux roulés-, à côté des. caraâères
de la pierre calcaire, plus loin des co^
quilles, enfuite du jafpe, des pyrites,
des ftaiaâites &c; '1 Comment démêler
la conftitùtion d’un fol ainfi déchiqueté ?
comment remonter de-là vers cette belle
régularité qu’il faut faifir, avant que de
parvenir à connoître telle ou teileconirée?
à déterminer les circonftances qui ont
préfidé à fa conftitution, & ' enfin à
bien apr.écier les caufes par l’enfemble
des effets '!
Si j’obferve enfuite par moi-même cette
même contrée, je vois que les bancs de
pierre calcaire y régnent, & forment
proprement le fond du fol qui contient
les cpquilles , les pyrites & les cailloux
roulés , compofés de jafpe, de fîlex, &
que par conféquent dans l’indication du
fol faite avec intelligence , tout fe
borneroit aux bancs coquilliers de pierres
calcaires; les autres fortes de foffiles,
comme plus accidentels pouvant être
rélégués dans la -defcription qui doir
naturellement accompagner une carte minéralogique.
Un dernier inconvénient fur lequel
infiftent les jeunes naturaliftes, dont je.
préfente ici les réflexions , c’eft le
: grand nombre de caraâères qu’on a été
i obligé d’employer, & qu i, malgré leur
grand nombre, ne fatisfont pas , à beaucoup
près, comme nous l’avons remarqué,
à toutes les circonftances eflentielles. On
trouve que deux cents de ces caraâères 11e
font propres qu’à embarrafler la plus
grande mémoire : & qu’une carte minéralogique
qui en eft furchargée , bie’.1 loin
d’offrir , à la première infpeâion, des
objets d’inftruâion fimples & faciles ,
ne préfente au èontraire qu’une multitude
d’énigmes dont on ne peut faifir ni les
mots ni l’enfemble.
Cette imperfeâion qu’on trouve ainfii
dans les cartes minéralogiques d’une contrée
oblige donc , comme nous l’avons
déjà remarqué , les naturaliftes qui voudraient
èn faire ufage, à recourir au
terrein , & à en faire de nouveau une
étude, pour expliquer le fens de ces
j énigmes. C ’eft par cette étude qu’ils
recommenceront l’ examen de toutes
les parties décompofées , afin de faifir
\ l’ordre , la liaifon & le racordement de
tous les objets ifolés, dont on a intérêt
. de prendre cônnoiffance : on voit doive
que tout le travail de l’obfervation eft
à refaire, fi l’on veut donner au public
des réfultats inftruâifs.
I V.
Reflexions fu r la manière d'obferver de
Guettard ; avec des principes fu r une
meilleure méthode.
Les jeunes naturaliftes regardent l’imper