
Dans la Sierra-Nevada, dans la Sierra-
Moréna & dans les environs des mines
de Guadalcanal, on voit des roches qui
paroifient être de la même nature & de
Ja même couleur que les pierres à fufils.
D ans les Pyrénées d’Aragon, il y a une
quantité innombrable de rochers qui ne
font ni argiileux ni calcaires, 8c qui réduits
en poudre ne fe durciflent point au
feu , ne fe calcinent point, & fc ciilTolvent
encore moins dans les acides. Dans les
petites montagnes de la Manche, il y a
des carrières de pierres à aiguifer., d’un
grain fort fin.
La pierre de taille dure 8c cendrée,
ou le granit gris des montagnes de Gua-
darrama , eft connue p ar l’ufage qu’on en a
fait dans la bâtifîè. de l’Efcurial. A Mérida,
il y en a deroufl’e. Les environs de Madrid
font pleins de carrières de pierre à
fufil difpofées par couches.
Les rochers du cap de Gâte font, com-
pofés d’argille & de fabie ; ils donnent du
feu au briquet. Dans des parties de la Sierra
Moréna , on trouve quantité de roches
argiileufes , qui ne font point effervefcence
avec les acides, & qui ne donnent point
de feu avec le briquet, à moins qu’on ne
les expofe quelque temps auparavant à
l’adion du feu.
Les colliries d’Alcaraz font de grès
roux , dont le fable fe dilfout & fe convertit
en terres argilieufes. D’autres fem-
blables, qu’on trouve entre Murcie &
Mulaj fe décompofent en terres grainées.
Dans un grand nombre de parties de l’Ef-,
pagne , & Ipéciâlémènt dans la vieille Cal-
tille , il y a des collines de pierres toutes
remplies de trous de pholades : dans pref-
que toutes les montagnes de l’Efpagne,
il y a une grande quantité de cailloux dont
Ls plus gros f i nomment cailloux, & les
petits, graviers.
Dans quelques contrées, comme dans le
royaume de 3aen, le gros caillou eft dé
taché ; dans beaucoup d’autres, il forme
Une efpèce de brèche, qui efl un compofé
de plulîeurs cailloux unis 8c conglutinés,
comme s ils l’étoient avec du mortier ;
on en rencontre fur les bords de la mer ,
& particulièrement aux environs du Cap-
de-Gâte, On y trouve aulli une grande
quantité de graviers 8c de gros cailloux
détachés, de deux où trois couleurs,
dont on pourroit faire des cachets. Les
antiquaires les nomment nicolos ; la couleur
noire y domine.
Au bord de l’eau , on voit beaucoup de
rochers de fable noir & ferrugineux, qui
fe réfolvent en pur fable, que l’on vend
aux fabliers.
Quand on trouve des cailloux détachés
dans les montagnes, ou dans l’intérieur
des terres, il par oit évident qu’elles ont
été couvertes d’eau.
Vers Reinofa, il y a quelques montagnes
d’avdoifes , fendues obliquement,
qui ne donnent*point de feu au briquet,
qui ne font point effervefcence avec les
acides, & qui t cependant, fe fondent au
fe u ,.
Il y a en Efpagne des montagnes entières
compofées de pierres calcaires;
telle efl la montagne de Gibraltar. La montagne
de Moron, qui fournit la meilleure
chaux, elfdans ce cas. Il y a aulli des montagnes
entières de marbre., qui ne font
que des pierres calcaires, aflèz dures à
calciner ; telle efl la montagne de Filabre,
aux environs de Macaël en Grenade, qui
efl un mole énorme de marbre blanc,
depuis le fommet jufqu’à la bafe, avec
très-peu de fentes.
Si l’on examinoit bien les différens ter-
reins de l’Efj agne, on trouverait beaucoup
d’autres fortes de pierres. On devroit
aulli obferver la manière & la lîtuation où
on les trouve, puifqu’on voit fréquemment
dans les hauteurs, & encore plus
dans le milieu , au, pied & aux environs
des montagnes 8c des collines, tme variété
infinie de pierres ,& de terres, qui ne pa-
roiffent avoir aucune connexité avec les
matières des rochers qui compofint ces
mêmes montagnes. Il faudrait examiner,
de même les terres un peu fabioneufes,
remplies de terres calcaires des plaines.de
Camr os, .qui font fertiles en bled, 8ç fis
terres rouges de la grande plaine de-Car-,
thagèné, qui donnent foixante & quelquefois
cent pour qn.
Nous, fournies très-éloign.és de c ; n
noitre.la lîtuation des fables, des pierres
à fufil, des quartz’., dès Ipaths, des fer-
pentines , des’ marbres, dés albâtres;, des
ardoifes, des plâtres, des jayets, des çhâiy
bons de terre, des. craies , des terres .fa-
bloneufis 8c profondes dans notre p ay s ;
à plus forte râifpn, nous ne pouvons af-
fuj-er fi elles exiftent ailleurs . & compient
çli'ee y exiftent. Sipar.Analogie nous nous
perluadons que ces fubltançes exiftent dans
les pays voisins ou qui font à, la même latitude
, nous courons rifqüë dé nous tromper.
En France , en Allemagne & en Angleterre,,
, il y a des collines, entières de
craie ; en .Espagne, je n’en.,ai point v u ,
& nous ne favonS pas s’il y en a en Amérique
ou enAfie,
Dans le Pérpu , par exemple , il y à
quantité, d’émeraudes, & j’en ai vu beaucoup
dans leurs matrices. J’ai vu âufli différentes
agates, jades & pierres du Pérou;
mais j ignore la nature des terreins & des
hiaffes de pierres , dans-..lefqu elles .on les
trouve. La naturefpr cet objet ne fuit pas
toujours les'mêmes’règles & la feule chofe
que j’aie obfervée , c’eft que les matrices
des pierres i récieuïès & des minéraux font
d’une formation poftérieure aux terres’ ou
aux rochers où on les trouvé; niais de lès
voir dans une matière n’ eft point une règle
fixe pour inférer qu’on les trouvera dans
d’autres matières fembîa’bles, attend;; qu’l!
ell fort ordinaire de les rencontrer .‘dans
un endroit où l’on s’y attend le moins. En
Efpagne, il y a des j acintes qui nailTent
dans des pierres calcaires , & j’en ai vu
dans des carrières à plâtre.
Si nous connoilfions, ■ bien la nature &
l’afpeft de chaque pays, nous-pourrions
trouver cependant par des probabilités
raifonnees ce qu’on ne doit maintenant-
qu’au hafarcl, L ’amlpgie qui exifteroit entre
deux pays .quelconques,. quoique très-*
éloignés, l’un-de. l’autre , celle, qui exille-
rqit : entre, des - mêmes pierres & les mêmes
plantes, pourraient nous faire concevoir
une jufte efpérance de , trouver des matières
femblables dans les deux endroits.
Antoine : de Uilpa a obferyé que la: nature
-fuit dans la formation, des mines du
Pérou un certain ordre , hors duquel if ne
faut pas fonger à rencontrer, des métaux.
Conjidératiotis furies volcanscTEfpèigne.
Je n’igiioi'éîpas ’que les1 éruptions épouvantables
des vôlcaiis procèdent plus !dé
la grande:dilàtatioh’ d è l ’eâti &' dé ia poli
tien dè"leur cratère.'8c chetnincé ' au
fommet des montagnes que de l’infenfité
, du feu ; mais ce feu'dùiep.endintplufiëurs
ficelés, & fa permanence' unie au choc des
différens corps p roduit lia diverfité des
laves , dans les érùj tioiiS ‘ C’elL 'èrf 'confé-
qtience de Ces circoriftjai<fEs;qu’en trouve
i des j -ferres, ponces .& (fautes produits
volcaniques. Les trois volcans , qui brûlent
aujourd’hui en E u ro p ed o iv en t leur in-
fiamBiatian.au feu,du :g!obe de la .terre;
c’eft uHed.esjcaufes.ide leur.:longue durée,
qui me perfuade que. tous des autres v o lcans
ont là même .communication.
Je conçois que le feu peut exifter tranquillement.
dans tous les co rp s , & que
le mouvement foudain ou le», frottement
le feit; paraître qu’une grande maffe une
fo is f enfiasïmïéè,. peut conferver fà chaleur
pendant piufieurs fiècles.; que la compo-
fition intérieure dés montagnes n’eft pas
: conftamment Ja même ; que l’eau.peut en