
le nom de Tigré ; tous ces animaux diffèrent
du Tigre. & de la Panthère ; à 1 é-
gard du Puma 6c du Jaguar, il eft certain
que le premier n’ell point un Lion ni le
lecomd un Tigre.
ii Le Tapir, le Cabiaile Tajacou , le
Fourmillier, le Pareffeux ,. le Cariacou ,
le Lama, le.Pacos, le Bifon, le Puma,
le Jaguar , le Couguar , le Jaguarete , le
Chat-pard font doncles plus grands animaux
du nouveau co-ntinent : les médiocres &
les petits font ; les Cuandüs, les Agou-' .
lis , les Coatis, les Pacas, les Philandres,
les Cochons - d’Inde , les Aperça 8c les
Tatous qui font tous originaires & pro-
pies au nouveau continents
Jufqu’ici on n’a pas parlé des Singes ;
mais il eft aifé dé diftingüer les . efpèces.
qui appartiennent -à l’ancien continent ,.
de celles qui font propres au nouveau.
Le Satyre’’, Ou' l’homme des bqîs, rre
fe trouve qu’en Afrique , ou dans l’Alîe "
méridionale, & riexifte point èn Amérique.
Le Gibbon , dont Fes-jambes dé devant !
font au'ffi longues que tout le corps, y ccm- :
pris les ïambes de-derrière, fe trouvé; aùx j
grandes Indes, & point en Amérique.
Le Singe, proprement dît, dont le'
poil elt d’une couleur verdâtre, & quin
n’a point de queuè j lé trouvé en Afri-
• que & dans quelques1 contrées de l’ancien,
•continent, mars point dans le nouveau, f
Ii err eft de même des Singes Cunocé-
phales, dont; on cornort deu-x ou trois
• efp èces. Tous.ces Singes qui n’ont p oint j
de queue , ceux (ur-tout dont le mufeau j
eft court & dont la face approché par
conièquent beaucoup de cellede l’homme,
font les vrais Singes , 6c les cinq ou fîx I
eft. èces dont nous venons de parler font ]
toutes naturelles ôc pamçulicres aux cli- .1
mats. chauds, de l’ancien continent , & rie.
fe trouvent nulle part dans le nouveau. On.
peut donc déjà dire qu’il n’y a pas dé
vrais Singes en. Amérique.
Le Babouin qui ; eft un animal plus
trios qu’un Dogue , eft’ fort different des
Singes dont on vient dé.parler; il â la
queue très-courte 6c toujours droite , le
mufeau allongé 6c large à l’extrémité. Cet
animal ne fe trouve que dans les déferts des
parties méridionales de l’ancien continent,.
‘6c point du. tout dans ceux de l’Amérique.
Toutes lés efpccés de Singes qui n’ont
point de queue ou qui n’ont qu’une queue
très-courte f ne fe trouvent donc que (laps
l’ancien, continent ; 6c parmi les efpèces.
qui oiît de longues queues., prefqne tous
les. grands le trouvent' en Afrique; il y
en a peu qui ’ foient même d’une tailla
médiocre en Amérique; mais les animaux
qu’on peut dèfigrier fous le nom générique
de petits ’ Singes, à longue queue , y
font en grand nombre,. ce font les .Sapajous
, les Sagouins , les Tamarins , -Sec.
Les Makis-, dont nous connoiffons iroîs
ou quatre efpèces ou variétés., 8c qui
approchent alféz dès Singes Llongue queue
qui, comme .eux , ont des mains, mais
dont le mufeau eft plus allongé & plus
pointu , font encore des animaux particuliers
à -l’ancién continent 6c qui rie fe
font pas trouvés' dans le nouveau. Ain-lî
tous les animaux de l’Afrique 8c de l’Afie;
méridionale, que l’on a défignés par le
nom de Singes , ne fe trouvent pas.plus
en Amérique que les L-léphans, les Iliii-
nocéros & les .Tigres. .
Plus on fera de 'recherches 6c de com-
paraifons exaftes à ce fujet-, plus on fera
convaincu que les animaux dés parties
méridionales de chacun des continens n’é-
xiftoiént pas dâns l’autre, 8c'-que le petit
nombre de ceux qu’on y trouve aujourd’hui
ont été tranfportés par lés ho-nimes,
comme la brehis de .Guinée qui a étetranf-
portéé au Brefil : le cothon d’Inde, qui ,
au contraire a été trànfporté du Brefil e»
Guinée , & peut-être encore queiques
Autres efpèces de petits animaux deiquels
le voifînage 8c le commerce de ces deux
parties du°monde ont favorifé le tranfport.
Il y a environ cinq cents lieues de mer
entre les côtes du Brelil 6c celles de Guinée;
il y en a plus de deux mille des
'côtes dti Pérou à celles des Indes orientales.'
Tous’ces animaux qui par leur nature
ne peuvent fupporter le climat du
‘Nord , ceux même qui pouvant le iup-
poffcèi; ne peuvent produire dans ce
même climat , font donc confines de deux
ou trois cotés par des mers^ J16;
peuvent traverfêf, 8c d’autre cote par des,
terres trop froides qu’ils ne peuvent habiter
fans périr. Àinfi -l’on doit ceffeivd etre
'étonné de ce fait' générât, qui d’abord
ctonne , favoir qu’aucun des animaux de la
zone torride dans l’un des continens ne
s’eft trouvé dans l’autre , lors, de la deepu-
•.verte de l’Amérique.
Nous ajouterons encore une confédération
relativement aux animaux propres a
lAmérique. Il par oit ra fans doute fingu-
lier/ que dans un continent prefqüe tout
compofé. de naturels fauvages dont les
moeurs. approchoient beaucoup^ plus- que
les nôtres de celles des bêtes; il ny eut
aucune, fociétë, ni même aucune habitude
entre' ces hommes fauvages 8c les animaux
qui les enyironnoientppuifqu on n a trouvé
des animaux domeftiqiies que chez les
. peuples déjà civilités. Cela ne p.rouyei.oit-
il pas que l’homme dans, l’état de fauvage
n’eft qu’une efpèce d’animal , incapable
; de. commander aux autres; car en jettant
. un coup-d’oeil fur les peuplés policés,
, nous trouverons par-tout des animaux
| domefliques ; au lieu que le fauvage n a
... ni volonté ni force pour s’attacher les ani-
l maux. ;Ces terres immenfes de l’Amérique
. n’étoient .que parfemées de quelques poignées
d’hommes; cette difette dans i’ef-
pèce humaine a fait l’abondance des individus
dans chaque efpèce des animaux
naturels au pays ; car. ils avaient beaucoup
• • moins d’ennemis.,& beaucoup plus defpàce
; tôut favorifoit donc leur multipli -
cation, & chaque efpèceétoit relativement
très-nombreufe en individus ; mais il n en
étoit^pas de même du nombre abfolu des
efpèces; elles étoierit en petit nombre,
& fi on les compare avec celui des efpèces
de l’ancien continent, on trouvera qu’il
ne va peut-être pas au quart. Si nous comp -*
tons deux cents efpeces d animaux quadrupèdes
dans toute la terre habitable ou
connue, nous en trouverons plus de cent-
! trente efpèces’ dans l’ancien continent 8c
moins de foixante-dix dans le nouveau,
8c fi l’on ôtoit encore les efpèces communes
. ■ aux deux continens , c efl-a-dire
celles qui. par leur nature peuvent fupporter
le froid 8c qui ont pu communiquer
par le$ terres du Nord de ce continent
dans l’autre , on ne trouvera guère que
quarante efpèces d’animaux naturels 8c
propres aux terres, du nouveau monde.
On a vu d’ailleurs par l’énumèration dès
•animaux de l’Amérique que nous venons
dé faire j que non-feulement les efpèces
font èn petit nombre-; mais qu en générai
tous les animaux y font incomparablement
plus petits que ceux de l’ancien continent.
Animaux communs aux deux continens.
Nous avons vu par rémunération précédente
que non-feulement les animaux
des climats les plus phauds de i Afrique
8c de l’Afie , manquoient à l’Amérique ;
mais même que ia plupart de ceux des climats
tempérés de' l’Europe , y manqùoient
aufli. Il nous refte à faire voir qu il n en
eft pas ainfi des animaux qui. peuventTup-
porter! le froid & fe multiplier dans les
climats du Nord ; on en trouve plufieuis
. dans l ’A m é r i q u e ' feptenfrionale , 6c quoique
ce ne foit: jamais'fans quelque. difFé-
' rence .allez marquée , on ne peut cependant
fe réfufer à les regarder comme les mêmes,
& à croire qu’ils ont paffé de l’un .à 1’,autre
continent par des terres du Nord. Cette
preuve tirée de l’hiftoire^ naturelle démontre
mieux la contiguïté aflez étendue
M à ‘