
peût façonner dans un moule ou qiii le
confondent su fau, font des argiiles quelle
que fort leur couleur.'
Toute efpèce de fayençe fe fait avec
de la terré argïlléufe qu'on vernit au moyen
du plomb vitrifié pour empêcher que la
terre dont les •pièces font cômpcsfées ne
s’imbibe dès liquides qu’on y dépolë. Ce
vernis peut fe faire dé plufieurs maniérés î
le faÿencier doit étudier la nature de l’argille
pour pouvoir la travailler; il doit
encore çhoifîr les meilleures formes pour
fes pièces : cette théorie facile s’acquiert
avec un peu d’expérience; mais ce rqui'
èft extrêmement difficile y c ’elt l ’art, de
donner au feu le dégré convenable pour
cuire la fayençe, parce qu'il n ’y a point
de thermomètre qui puiffe indiquer le degré
de chaleur néççffaire a donner au four.
Cependant le plus ou le moins d’aètivité
du feu procure une fayençe bien ou mal
cuite 9 des pièces cuites également pu
inégalement quife déforment, ou qui çon-
fervent;, Jeyrs formes primitives, Comme
la connoiffançe exade de ce degré de chaleur
ne .peut s ’acquérir que par la pratique
, il feroit fuperfiu de donner des
règles à, c e ’fujet ; lesCvres n ’apprennent
qu’à (préparer la pâte. 8c à en coniroitre
les différentes qualités..
Ce que je dis du feu au fujet dé la
fayençe doit s’entendre également pour
la porcelaine qui n’eli qu’une^ poterie
plus fine . plus blanche ^ & a demi-
tranfparente parce qu’elle contient^ quelque
matière vitrifiable. Les çhimifles qui
clans ces derniers terpps 0Ç\ découvert
les ingrédient qui entrent dans la porcelaine
lavent en faire la pâtç aufîi belle, aulîi
réfiflible que celle ,de la Chine 8c dü Japon
; mais ils ne font point encore parvenus
à periedionnsr leurs fourneaux^ au
point que rar un feu égal 8c proportionné
on ne Voit plus expofé à perdre une
quantité de pièces qui font hors d’état de
fervqr. C?eft la ralfon pour laquelle nous
ne pouvons pas encore établir notre
porcelaine au -même pri* que celle de
l ’Orient. Le temps & l’experiencé nous
\ indiqueront quelque moyen pour en faire
la cuite auffi invariblé que'celle des Chinois
; c’efl ?.lors que la porcelaine fera
très-utile en Europe, parce que fon ufage
fera univerfellement répandu.' A prcfent,1
■ fa porcelaine ‘rie fert qu’au faite des 'Vois',
au luxe des grands, & 'à-Mfvanité dej
riches'; & en attendant la- révolution, la
mOdefte fayençe fert généralement à une
infinité d’ufages indifpenfables, & donne
de l’importance à des fayenceries telles
t que celles deSégoyie.
D e Vor'ein'è dés àrgîtles O de plusieurs
autres jub(lances pierreufes,
V I.
Il feroit peut-être à, propos de parler
; ici de l’origine des argiiles afin de, faire
■ mieux comprendre leur nature; mais.eette
-partie m’éloignerait. trop de mon objet.
Cependant comme, j ’ai parlé dans, différens:
’ endroits de mon ouvrage ; de la décompo >!
fition & de la récomp olition des matières
f qui font lès feuls moyens par léfquels lès
anciens corps fe . détruifent, & îlesnou-
iveaux .corps fe-forment, je profiterai
de cette'oecafion :gour répandre un peu
plus de clarté fur mes idées.
Par décompo fi t i n , on entend communément
, & -j-’entends moi-même, la
défunion fimple des parties qui campofent
un tout. Par exemple, lorfque je disque
le granit de Saint-Ildefonfe le décompofe
• en terre , en fable & en cailloux , cette
idée d’apres la définition efl fi claire ,
■ qu’elle p!â, pas befoin d’une, plus ample,
explication. ,En général, lorfque je parle
de décompoittion, j’entends l’altération
des parties qui. çonflituent un tou t, à
l ’effet dè former une fubftance.'différente
Ide la première-; ç’efl dans ce fens que
ij ’entends, que les anciens, corps difpa-
roilfent pour en former de nouveau*
par ia.récpmpQfuîpn. Quelques perfonqes
auront de la peine à .ad’hérer .f»> mça$
nion , parcequ’elles font intimement per-
fuadées que les pierres & les autrp? corps
qui exiftent dans l’univers font & feront
toujours ce qu’ils furent dans leur.origine;
d’après ces principes ces perfonnes ajoutèrent
peu deToi à ce que je dis des tranf-
formations des matières à Saint-Ildefpnfe,
à Alcaraz & ailleurs ; car fi par exemple,
des perfonÆis voient un grès mêlé d un
pêii d ’a ïgiile, - elles croient aifément que
l’ime & l’autre..lie ces madères ont toujours
fexilïé dans lé même état. Dés expériences
fans répliqué prouveront cependant à ceux
qui voudront fe défabufër, que dan? ,1e*
feules', roches de Moliria ' d’Aragon, le
marbre diffoluble dans les acides,,fe convertit
eii fable vitrifiablé: qùe; le gyp-fe fe
convertit en terre calcaire, & que le^ gros
fe convertit en .véritable .argiîie réfractaire.
J’appelle décompofition la deftruc-
tion de la matière première,: j’appelle
récompofitiün la formation de la féconde
matière!
Je n’ai pu obferver ni déterminer fi
tout le fable & la, pierre qui entrent dans la
compôfition d’une montagne non-calcaire,.
fe convertiffent avec le tems en argille.
Je ne- parle point ici des montagnes calcaires
, dont j’ignore l’origine. Je fiûsTeu
iement qu’il y a en Efpagne trois fortes
d’argille, qui font l’argille’minérale, l’ar-
gill’e végétale & l’argilie animale.'La première'
forte efl toujours effentiellement
méfiée avec le fable & ne varie que dans
la quantité & dans la qualité des grains
de fable. La fécondé forte efl méfiée des
parties de fables que les pluiès'& les vents
Ÿ ont tranfportées ; la fécondé forte ne
contient du fable qu’accidentellement ,
c’eft pourquoi toutes les argiiles ne font
pas également propres à fouler les draps,
les unes ayant plus de fable que les autres
& les grains de-fiable étant plus qu moins
fins. L ’argillé de Ségovie- n’efl pas auffi
propre à fouler que l’argille de Guadar
laxara ; celle qui efl àu fond du lac de ;
Valence -, feroit- la meilleure de toutes
pour et t ufage, fi l’on pouvoit l’en extraire
avec facilité , parce qu’ étant purement animale,
elle ne doit point contenir la moindre
particule de fable. Ces trois fortes d’argille
ne, different point entr’elles , quant
à leurs propriétés générales, & ce font
les feuls corps de la nature, qui ppfféden-n
le- plus vifiblement cette -ténacité qui efl
due certainement à une fubftance répandue
dans les trois règnes, & que l’on découvre
lorfqu’on les défunit parfaitement.
Enfin, je dois prévenir que quand j’ai
parié des pierres de Saint-Ildefonfe , de
les argiiles ,• de - fes briques, de fes tuiles
& c . , que j’ai dit que ces différens
corps ne contenoient point de- fer,; j’ai
parlé d’après des expériences évidentes
& aétuelles, c’eft-à-dire, d’après celles
qui font voir l’exiftence de ces matières
avec le plus de clarté & le plus de certitude!
C’efl d’après ces expériences que je fou-
tiens qu’iJ n’y a point de fable ni de fer
dans le règne animal, à moins que lèvent
ne tranfporte le premier dans ces argiiles,
& que le fer ne s’y forme par quelque
nouvelle combinaifon, comme l’ocre Sc
le fiel fe forment dans les plantes.
En fuppofartt: qu’on prétende que cette
combinaifon exifte auffi peu que le travail
interné de la matière; que l ’argille qui
provient dü fable n’efl point une recom-
pofition, que les matières calcaires ainfi
que les autres matières de différente nature
qui font mélangées dans une roche non
calcaire ont toujours'été dans le même
état, il en réfulteroit que la matière feroit
toujours la même, & cette affertion efl
détruite évidemment par tout ce qui fe
paffe évidemment fous ’nos veux ; alors
il faudrait dire que les minéraux, les
-quartz, les fpaths, les cryftaux, les pierres
précieufiès & c . , ne fe forment point de
nouveau, & qu’en un m o t, il n’y a dans
la nature , ni décompofition, ni récompo