obliques , s’ils tombent fous un angle quelconque.
Si l’on confidère les couches
horifontales elles - mêmes , on verra
qu’elles ne peuvent fe trouver dans les
mêmes maffes où font les filons perpendiculaires
ou obliques, car la ftrudure des.
uns & des autres mailifs , appartient à
d’autres époques & à d’autres agens qui ne
peuvent avoir opéré en même-tems.
Dans les montagnes primitives, lescouches
ne font ni fi minces ni fi multipliées que
dans les montagnes compofées de couches ;
il n’eft quêftion ici que de la pierre ou"
roche dont les montagnes font compofées.
Dans la plupart des montagnes primitives,
elle eft communément d’une même nature,
au lieu que dans les montagnes à couches
iL fe trouve fouvent des lits qui ont à
peine quelques pouces d’épailfeur , tandis
qu’on n’en trouve, jamais dans les montagnes
à filons ; & d’ailleurs dans les montagnes
à couches , on diftingue fort
fouvent vingt, trente ou quarante couches
de différente nature, placées les unes fur les
autres & dent l’affemblage forme une
montagne du fécond ordre. On voit que
dans les montagnes du premier ordre ,
la nature de la roche eft par-tout la
même. I l eft quêftion ici de la pierre
qu’on rencontre après qu'on a percé les
dépôts qu’on a dit ci-deffus avoir été formés
foit par le déluge , foit par des
révolutions particulières. Quant aux filons,
on voit clairement par la différente nature
des pierres qui les accompagnent, qu’ils
n’appartiennent point à la roche , & même
qu’ils n’ont point été formés en même-
tems que le maflif de la montagne ; 8c
cela eft d’autant plus certain que fouvent
les filons ont une diredion différente de
celle de la roche qui les renferme.
En quatrième' lieu, Lehmann a dit qu’un
des caradères des montagnes primitives
eft que leurs couches vont à une profondeur
dont on n’a pas trouvé les limites.
Ceci efl la fuite de ce qu’on a avancé
en remarquant que les couches n’étoient
pas horifontales, mais qu 'elles tomboient
perpendiculairement ou coupoient la maffe
de la montagne fous des angles aigus ;
ainfi l’on trouve dans la plus grande profondeur
des montagnes à filons la même
nature de roche que l’on a rencontrée
à leur'partie fupérieure. Il n’en eft pas
de même des montagnes compofées de
couches, parce que ces couches étant
horifontales, coupent tranverfalement ce*
maffes, & n’allant pas à une profondeur
fi grande , fe terminent aux endroits où
la montagne . finit. Cependant il arrive
quelquefois dans certaines montagnes à
couches , fur-tout dans celles qui font
peu élevées, que certaines couches s’enfoncent
beaucoup , & tellement que les
travailleurs font fort incommodés par les
eaux.
Le cinquième caradère des- montagnes
primitives , eft la diftribution dés matières
minérales qui leur eft particulière & qui
diffère de celle, qu’on remarque dans les
montagnes du fécond ordre ; cet article
peut être envifagé fous deux points de vu e ,
ou relativement à la formation des métaux
& des minéraux , ou relativement à la
nature des métaux & des -minéraux eux-
mêmes.
Quant à leur formation, il eft certain
que dans les ..premiers tems les filons
n’èxiftoient pas dans le fein des montagnes,
tels qu’on les tro.uve aujourd’hui; ils s’y
font formés peu à peu.de la même manière
que la nature produit tous les jours des
corp s, les détruit enfuite & reproduit de
nouveaux êtres avec les parties qui ont été
réparées. Pour expliquer tout ce mécha-
nifme, Lehmann fe croit obligé de remonter
à l’origine des montagnes. Il penfe
donc qu’au commencement jdù: monde ,
lorfque la terre fe fut dégagée des eaux
pour fe dépofer, les eaux fe raffemblcrent
dans les réfervoirs qui leur étoient propres 8c que la terre qui fe forma de cette manière
fe„deffécha peu. à peu.. Cette ma/îè-en fe
fichant éproyvrpplufieur*. fentes 8c cre-
vatfesjdoni quelqucs-une? pénétrèrent j ufque
dans l’intérieur delà terre, ou du moins
à une 'allez grande p r o fo n d e u r c e lünt
ces crevaffes dont nous rencontrons .les
relies & que nous connoiffons fous le
nom de fentes. On voit-qu’elles ont été
produites par le defféchement ; car ordinairement
tontes les montagnes font' plus
remplies de crevaffes à la' furface rdé' laa
terre & à une 'petite profondeur., que lorf-
qu’on defeend plus bas ou lorfqu’on
pénètre., plus ayant dans le fein des
montagnes. Quelques-unes de ces fentes
devenues plus, grandes & plus larges font
connues dans là minéralogie fous ie nom
de mines.en maffes ,’ lorfqu’elîes ont été
remplies de mine. La nature qui ne ceffe
point d'agir, a rempli par la fuite des tems
ces fentes formées par le defféchement ,
avec différentes fortes de pierres, telles que
les fpaths , les quartz , la pierre de corne ;
fuivant que ces fubftances fe font trouvées
propres à recevoir les métaux & les minéraux
, celles qui avaient rempli ces
fentes devinrent des matières de métaux
& de minéraux , c’eft-à-dire , de* pierres
propres à fe charger des exhalaifons métalliques.
Nous verrons que la nature a fuivi
une route très-différente'pour les couches.
Au relie, elle eft perpétuellement occupée
à diffoudre; à décompofer, à recompofer 8c à altérer les corps ; 8c même ces aité-‘
rations font telles que non-feulement elles
changent la forme des corps, mais même
leur efferice- Il eft très-probable que la
nature dans les montagnesprioeitivesdécom-
pofe 8c diffout des filons pour aller les
reproduire en d’autres endroits : c ’eft
pour cela que nous voyons des filons
dont certaines " parties font remplies de
cavités couvertes de cryftallifations de
quartz ou de fpath , qui ne doivent peut-
etre leur origine , qu’au fpath ou au quartz
qui rempliffoient auparavant le filon , mais
qui ont été diffous & décompofés par les
eaux fouterraines. .
Géographic-Phyfique. Tome 1.
j Quant aux métaux & . aux minéraux
eux-mêmes, il y a une différence très-
grande entre les montagnes primitives 8c
celles du fécond ordre. En effet, il y a
des minéraux qui font propres aux mon-
.; tagnes primitives , d’autres leur font communs
avec celles du fécond ordre ; mais
il font dans un état très-différent de ceux
tfili lé trouvent par filons. D ’autres minéraux
font propres uniquement aux montagnes
par couches, mais nous ne luivrons
pas ces détails.
Avant—que' dp' pafîèr à l’examen des
montagnes à couchés, nous conlidérerons
toujours, d’après Lehmann, les montagnes
qui ont pu être formées-geu à peiy_& par
des révolutions par ticiriièfés>Lès montagnes
dont il s’agit ici peuvent fe former
de plufieurs manières différentes ,. par les
tremblemens de terre , par les volcans ,
par les inondations. Sans nous arrêter aux
effets des treniblemens de terre relativement
à la formation des montagnes & fur
lefquels on ..n’a dit que des chofes vagues,
nous obferverons que les matières vomies
par les volcans, ont formé des collines
& d e s montagnes d’une; moyenne hauteur,
mais qu’elles ne font ni fi élevées , ni compofées
de la même manière que les montagnes
primitives , ou que celles que
Lehmann fuppofe formées à. la fuite d’une
inondation générale ; elles en diffèrent
auftî par la ftrudure intérieure & î ar
la nature des fubftances qu’elles contiennent.
* „
Enfin, il nous refte à parler des montagnes
qui ont pu fe former par les inondations
; ces dernières différer« aalli par
la hauteur , par l’arrangement intérieur 8c par d’autres circonllances, des montagnes
du premier & du fécond ordre.
Tout ceci nous conduit à faire un examen
plus particulier des montagnes compofée*
de couches horifontales, comme c c c ir ant
à la furface du globe de grands traftus 8t
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