
quart* , montre [ lus d’affinité à la roche
granitique qu’aux minéraux phlogifliques,
ou à la roche calcaire , ou au fable pur,
que d’autres ont prétendu occuper l ’intérieur
du globe. Au refie , le granit eïî
général peut être conlîdéré par plufieurs
perfonnes, comme ayant été dans un
ctat de fufion , & n’être qu’un produit
du feu. Buffon ( & avant lui Leibnitz)
qui fuppofent que la matière des planètes
a été détachée de la'mafle du foleil par
le choc d’une comète , ou que des comètes
ejnbrâfées & fondues par le feu
du foleil , font venues former Ces corps
errans de notre fyflême planétaire , rendent
facilement raifon de cet état de la
roche primitive.
- Eh attendant au relie quç les hommes
foient parvenus à découvrir la véritable
caufe, qui a jetté cette maflè énorme de
matière vitrifiée ( fi c ’en cil une ) ' dans
l ’orbite où nous circulons , il fera toujours
prouvé par une obfervation générale
& confiante , que cette ancienne
rq ch e , que nous appelions granit, &
qui ne fe , trouve jamais en couches,
mais eh blocs & en rochers, ou du moins
en maffes entaffées les unes fur les autres ,
ne contient jamais le moindre veflige
de pétrifications ou de corps organiques
empreints': de façon qu’elle femble avoir
été, antériéürè àtoute.la nature orgailifée,
ou du moins réduite dans'l’état où nous la
voyons par une refonte totale , qui auroit
détruit.jufqü’aux moindres tracés de tout
corps organique , qui pourroit avoir
exillé avant une telle câtaflrophe^ Noirs
voyons, aufli que les plus hautes éminences
qu’elle forme, foit en plateaux , fort
en groupes de montagnes , ou pics ef-
carpés n e ‘font jamais recouvertes de
couches argilleufes ou calcaires, originaires
de la m er, mais femblent avoir été de tout
tems, ou depuis leur formation, élevées,
& mifçs à fec au-defîùs du niveau des mêfs.
Obfervation qui réfute l’hypothèfe de ceux
qui croient que toutes ces élévations mon-
tâgneufes du g lo b e , font l’effet du feu
central 8c de fes explofions dans les prc».
miers âges de la terre, lorfque la croûte
qui environnoit ce bralier merveilleux ,
n’avoittpas encore affez de folidité pour
réfifler également à un tel agent intérieurs
ce qui n’auroit pu fe faire fans élever
' en même tems différentes couches étrangères
, qui auroient dû fe trouver perchées
fur les grandes hauteurs efearpées
des montagnes granitiques. Un feul exemple
de cette nature prouveroit qu’il pourroit
y avoir eu des feux fouterrains ou
des foyers de volcans plus bas que le gran
i t , ou bien, dans l’intérieur de cette
‘ roche ; mais jufqü’ici on l’a cherché envahi
, . quoique les foyers de plufieurs
J volcans, éteints qu’on a examinés de nos
‘ jours,, femblent avoir été placés immédiatement
fur la vieille roche.
Buffon convient lui-même que Jçs fonh-
mets des plus hautes Alpes qu’il ait vus,
fouvent à deux ou trois cents toifes en descendant
, font ordinairement oompofés de
rochers de différentes.efpèces de, granit,
qu’il avoue 'dans un autre endrbit ne
point contenir de coquilles, & par-là ,
il contredit ce qu’il affine ailleurs. Il n’eft
pas plus exaâ en mettant le granit au
n. nibre des matières arrangées par couches
(vol . I I , pag. 27 ). Il faut avouer
que'certains granits femblent entafles .'par
couches de plufieurs pieds d’épaiffeur ;
mais les fentes qui ont divifé cette roche
en grandes maffes parallelipipédes , ne
démontrent pas plus fa formation par le
dépôt des eaux que les articulations
du bafalte ou les fentes d’une argile durcie
au feu. On voit une preuve illuflre
contre l’opinion , qui met le granit
au nombre dès pierres en couches ,
formées par le dépôt des eaux, dans
cette roche énorme , qu’on a choifie ,
pour foutenir à Pétersbourg le monument
de Pierre le Grand; roche; dont
les dimènfions de' 21 pieds d’épaiffeur,
fur 42 de longueur &V34 de largeur, ne
peuvent guères fe trouver dans aucune
couche de> dépôts du globe.
On
On fracera ici les principales élévations
de cette ancienne roche dans l ’empire de
Ruffie , & dans toute l’Afie feptentrio-
nale autant que l’on en a pu acquérir-la
connoiffance , .foit par une obfervation
fuivie , foit par des relations dignes de
confiance.
Les obfervations des derniers voyageurs
ont conflaté que le Caucafe, qui occupe
l’efpace entre la mer Cafpienne & le Pont-
Euxin , efl une des plus hautes, montagnes
de granit , qui exiftent fur notre
globe. Cette maffe élevée, efl très-régulièrement
accompagnée de bandes fehif-
teufes , qui recouvrent toujours les côtes
des grandes chaînes , ainfî que des montagnes
du fécond & du troifîème ordre, qui
en font les appendices naturels , comme
on le dira par la fuite , en parlant des
montagnes de la Sibérie. L’on a moins
de connoiffances précifes fur les montagnes,
qui forment l’enceinte méridionale
de la mer Cafpienne ; mais à en juger
par le peu qu’on en a pu favoir , ce
font plutôt des montagnes fehifleufes
calcaires , foulevées à des hauteurs
confidérables par l’effet des feux fouterrains
, qui femblent avoir formé l ’A -
rarat peut-être lié à cette chaîne , &
qui d’ailleurs ne font pas éteints dans les
montagnes de la Perfe.
Une chaîne célébré depuis long-tems ,
mieux reconnue de nos jours par les nombreux
établiffemens de fouilles & de
mines qu’on y a formés , & par les différentes
courfes des voyageurs , qui l’ont
traverfée en tous fens , efl celle des
montagnes d'Oural , que le relpeét des
peuples, qui en habitent les environs,
leur a fait appeller la ceinture de la terre,
& que l’on donne avec raifon, pour limites
naturelles entre l’Europe & l’Afie. Le
granit & le quartz ne forment ^ici qu’une
bande étroite, qui va en ferpentant du
midi au nord. Sa plus grande largeur fe
trouve fur les fources du Jaïk& du Biélaïa,
Céographïc-Phjjlque, Tome I .
où elle efl renforcée par quelques hautes
montagnes , détachées de la chaîne , à tra-
vers|lefquelies la roche granitique s’élève au
milieu de la bande fchifleufe , fur-tout
du côté découchant. Elle feprôlonge de-là
par une proéminence foible,& qui diminue
fur - tout jufqu’aux fources du Toura ,
fouvent prefque interrompue, affaiffée,
& recouverte par les couches fehifleufes
qui l’accompagnent ; puis s’élargiffant de
nouveau , elle forme de très-hautes montagnes
, qui occupent l’efpace entre les
fources du Kama & de la Petchora d’uit
côté , & le pendant des eaux qui coulent
à l’O rient, pour fe réunir au Tawda;
enfin, elle finit en décroiffant , mais toujours
hériffée de rochers vers les bords
de la mer Glaciale , où elle forme le
grand C a p , qui efl à l ’ouefl du Golfe de
la rivière O b y ; puis tournant au Nord-
E f l , le long des côtes arâiques, elle va
former la Nouvelle Zemble, par une branche
maïine, & fe lie par des côtes escarpées
à la grande chaîne boréale de l’Europe.
C’eft cette chaine q u i, après avoir
parcouru la Scandinavie, s’étend dans
les baffes terres de Finlande, qu’elle remplit
de rochers granitiques, & d’autre*
terreins fort éleyés. D ’un autre côté , elle
fe prolonge dii Çap-Nord de la Norvège ,
par la chaîne marine du Spitzberg, en
rempliffant, peut-être , d’ides & d’écueils
locaux l’Océan feptentrional : c’efl de-là
qu’on la voit fe réunir aux pointes boréales
& orientales de l’A fie & de l’Amérique
feptentrionale. Ces divers profongemens,
fondés fur les loix connues de la nature,
s’oppoferont toujours aux tentatives des
peuples commerçans de l’E u io p e , pour
fe rendre, de 'l’Europe par les mers boréales
, à la Çhine & au Japon,
L ’abbé .Chappe a eu raifon de contredire
Usbrand , Ides & Lange, par rapport
à la hauteur exceffive , que ces
voyageurs avoient attribuée à cette partie
des monts ourals , qui pafie entre
SoljJkamsJu & Verkhotourie : c’efl ayet
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