
lac de Zurich. Il n’y a aucun lit qui foit
horifontal, au lieu qu’ils le font toits dans
les plaines : prefqu’aucun qui faffe un
angle droit avec l ’horifon ; on trouve'
indifféremment les autres angles.' Il eft
vifible que cela s’entend de la fuperficie
des lits; quant à leurs contours, que l’on
.pourroit v o ir , fi le côte de la montagne
étoit coupé félon fon incliiiaifon à l’ho
rifon , ils font fort différens en différentes
montagnes & quelquefois dans la même :
les uns font en arc ou en voûte, d’autres
font ondoyans, d’autres font en quelque
forte angulaires & ont même quelques
angles fort aigus ; mais ce qu’il faut bien
.remarquer, les contours d’un lit font, quels
qu’ils foient, toujours exaftement parallèles
à ceux de plusieurs lits voifins.
Scheuchzer a fait dans la célèbre carrière
de Glaris , dont on tire un grand
nombre de ces tables d’ardoifes fi recherchées
autrefois, une obfervation peu favorable
au fyfiême de la fluidité. Les lits
de cette carrière qui n’ont qu’un pouce
-d’épaiffeur, font alternativement de deux
natures différentes , durs & mous : &
poiir en faire des tables', il faut couper une
couche dure avec une couche molle. Il
.■ paroît. que dans un fluide , tout ce qui a
:été le plus pefant a” dû fe précipiter au
fo n d , & qu’il rie peut y avoir dans ce
cas des couches alternativement plus
légères & plus pefantes. ( Voyeç ce que
je dis à ce fujet fur les intervalles terreux
des bancs. ) Acad, des fciences, 1708.
I I .
Pifcium querelæ , ou catalogue raifonné
des poiffons renfermés au milieu des
pierres feuilletées.
Scheuchzer a fait une efpèce de catalogue
raifonné de toutes les pierres qui
renferment des poiffons ou plutôt des
fqueletes de poiffons , & qu’il avoit pu
raflembler. Nous avons dit à l’article
Poiffons pétrifiés , combien ces fortes de
pierres étoient éloignées d’être des jeux
de la nature ou des repréfentations fortuites
; auffi Scheuchzer introduit-il dans
fon ouvrage, les poiffons qui fe plaignent
de ce qu’on, prend ces pierres qui font
effeâivement leurs tombeaux , pour de
fimplës pierres où leur figure fe trouve
gravée par hazard , & de ce qu’on rapporte
ces foffiles au règne minéral, en les
dérobant au règne animai à qui ils ap-
partiennent. L'auteur paroît perfuadé que
ces poiffons qui font enfevelis dans des
pierres , l ’ont été tous immédiatement
après le déluge univerfel ; & il a appuyé
cette opinion fur ce que ces pierres fe
trouvent dans des lieux où il'c roit que
nul autre accident n ’a pu les avoir portées,
& où l’on ne peut croire qu’il y ait
jamais eu d’eau ftagnante depuis ce teins.
Il paroît qu’il n’a pas penfe que ces poiffons
aient pû être ainfi enfevelis avant le
déluge , & dans le baffin d’une mer fé-
dentaire.
Au re lie , Scheuchzer cite OEningen ,
dans le diccèfe de Confiance , comme
ayant fourni plufieurs des pierres qu’il
décrit , & il eft aifé de faire voir que la
mer s’eft autrefois étendue bien au-delà.
La plus remarquable de ces pierres y &
pour la grandeur & pour la perfedion
de la figure , eft celle qui contient un
grand brochet dont il relie même en quelques
endroits des parties du fqueletè. Cela
prouve la réalité de l’animal d’une manière
plus marquée que ces traits, ces délinéations
fi fines ou il ne refte plus de fubftance
animale.
I l eft vifible qu’il n’y a guères dans le
fyftêmè de Scheuchzer que dés poiffons
qui aient pu être ainfi enveloppés dans
la vafe profonde que le déluge laiffa fur
la furface de la terre, & qui fe durciffant
enfuite forma différens lits. Il penfe que
tout ce qui n’étoit pas de nature à pouvoir
pénétrer dans cette va fe , du moins
jufqu’àune certaine profondeur,fut expofé
à l’air , & reliant ainfi à découvert, fut
bientôt après promptement décompofé &
détruit. C ’eft par cette raifon même que
les fedateurs de cette opinion , ont remarqué
qu’il fe trouvoit beaucoup plus
de coquillages que de poiffons enfermés
dans des pierres , & prefque/toujours les
coquillages les plus pelants. Cequin’eftpas
pourtant généîalement vrai, comme l’ont
prouvé les naturalistes, qui ont écarté le déluge
de toutes les circonftances qui ont pu
contribuer à la conftitution phyfique du
globe. ( V o y e z Deluge dans -le dictionnaire.
)
état de déterminer le tems où le déluge a
commencé par quelques-unes des plantes
de fon herbier , & principalement par
un épi d’orge. Leur âge n ’eft que celui
qu’elles ont ici à la fin de mai. Cela fe
confirme encore par un infeâe ou deux
dont on connolt affez la v ie , & qui ne
font pas.plus âgés que ne comporte cette
faifon; il les confidère comme des médailles
plus fùres que. toutes les médailles
grecques & romaines ; mais il faut, pour
les faire valoir, être affuré qu’aucune autre
révolution que ie déluge, n’ait [ u enfeve-
lir ainfi dans les couches de la terre
toutes ces plantes & tous ces poiffons.
I I I .
Herbarium diluvianum , ou catalogue de
quelques plantes enf relies dans des matières
molles, au tems du déluge, &
coït ferrées d us ces matières depuis leur
pétrification.
ÎL'Herbarium diluvianum a été compofé >ar Scheuchzer dans les mêmes vues que
’ouvrage précédent. Cet herbier extraordinaire
n’eft compofé que de plantes qui,
fuivant cet auteur , ayant été enfevelies
au tems du déluge dans des matières
molles, ont laiffé l’ empreinte de leurs
figures fur c es mêmes matières, lorfqu’elles
font venues enfuite à fe pétrifier. Ce ne
font que defimples figures fans fubftance,
mais fi parfaites & fi exaâes, jufque dans
les plus petites particularités de ce qu’elles
repréfentent, qu’il eft impoflîble de l’y
méconnoitre. Parmi un grand nombre
de plantes qui font toutes de ces pays-ci, il
y en a une de l’Inde dont la pierre a été
trouvée en Saxe, ce qui s’accorde avec
plufieurs autres obfervations femblables.
Croira-t-on que le bouleverfement étrange
«aufé par le déluge fur la furface de la
terre ait rendu poflible le tranfport des
Indes en Allemagne? Suivant toujours
le même fyftème, Scheuchzer fe tÿoit en
Il y a de certaines pierres qui repréfentent
fur leur furface non pas les plantes
de cet herbier , ou une feule partie d’une
plante , ou une feule feuille , nuis des
ouiffoni , mais de petites forêts très-agréables.
Ces figures , à force de repréfenter,
ne repréfenent rien. Et en effet, à les examiner
tant foit p e u , on voit que ce*
arbres ou buiffons ne reffemblent à aucune
plante véritable; elles font même accompagnées
de petits châteaux ou de figures
qu i, à la vérité , embeiliffent le tableau ,
mais le'rendent indigne de figurer dans
Vherbier du déluge. Ceux-là font de véritables
jeux de la nature. Scheuchzer entreprend
d’expliquer ce qu’il y a de phyfique
dans ces jeux, c ’eft-à-dirë , comment
de certains fucs qui exfudoient de certaines
fentes ou de certains pores d’une
pierre à mefure qu’eile fe formort, drt pu
le répandre entre deux des feuilles ou
lames qui la cômpofoient , & y tracer
des repréfentations-à-péu-près' régulières,
auxquelles enfuite notre imagination prête
quelquefois un peu dé ce qui leur manque.
11 a même rendu fon explication fenfî-
ble aux yeux par l’expérience toute fem-
blable de deux plaques de marbres 'poli
qu’il frotte l’une contre l’autre , après avoir
mis de l’huile entre deux ; elle s'y rét'and
de manière qu’elle y forme des troncs &
des branches d’arbres.
I i i z