
I l aurait été à défirer que Guettard en
annonçant des volcans éteints en Auver- ■-
gne, les eût étudiés quelque teras auparavant
avec foin , eût caraétérifé les operations
du feu & fes produits, de manière
qu’il en eût réfulté une méthode d’obfer-
ver ces opérations du feu , de reconnoître
les différens états & les époques des
bouches à fe u , en un mot qu’il eût
tracé aux naturalilles auxquels il auroit
annoncé des objets aùfli intéreflans , une
tnalche fùre. & facile pour revoir avec
fruit ce qu’il avoit v u , & ' multiplier en
Auvergne & dans les environs, des découvertes
vraiment utiles aux progrès de l’hif-
partie , par la deftruétion de fes bords : &
fes courans, ne,font pas- ceux - de la F ont-
de-1’Arbre qu’indique- Guettard & qu’il
-eft aifé de .fuivre jufqu’au p ie d 'd ’autres
montagnes volcaniques, devoifines du Puy-
de-Dôme. Enfin,.fl' nous paffons au Mont
Dor , nous trouverons encore plus difficilement
toire de la terre. Peut-on regarder comme
une vraie découverte la fimple reconnoif-
fartice des produits du feu des volcans, lorf-
qu’ils font préfentés avec aufli peu d’ordre
& autant de confufionï Je le répète, les
découvertes des volcans fuppofent une
analyfe raifonnée de toutes les opérations
du feu dont on a étudié les réfuliats, de
manière à remonter vers les états anciens
de toutes les contrées volçanifées ; fans
cela on ne peut décorer l'indication" de
quelques pierres , du nom de découverte
propre à enrichir l’hiftoire naturelle de la
terre. Sur -cette matière & fur toùte:
autre, on ne peut çonfidérer une obfer-
vation comme une découverte qu ’autant,
qu’on s’eft mis en état, en annonçant un
grand fait, de l ’établir fur toutes les preuves
juftificatives 8c authentiques qui lui
conviennent., -
Il s’en faut beaucoup que Guettard le
foit appliqué à faire cbnnoit-re^ dans le?,
trois volcans dent il a fait choix entre
deux cents ,, les preuves juftificatives qu’ils
pouvoient lui offrir,. je veux dire les cra-.
tères & les courans. Je veux bien que
le cratère du Puy-de-ia-Bannière foit encore
fenfible, a-nfi que le courant qui eft.au iepd,
& que j’ai indiqué à la place de celui de la
pierre de. V o l v ie , qui vient d’ailleurs &
du Puy-de-Nugète. Quant au Puy-de-
Dv U;e , le cratère eft , comme je l’ai
dît , bien, défiguré & rempli, en grande
des veftiges de cratères. U faut
une étude plus opiniâtre pour y retrouver
en fuivant les courans, les centres d’érup-
tion-qui pour lors tiennent lieu de cratères
aux yeux de' ceux qui ont quelque, habitude
d’ofrferver les volcans. R s’en faut
beaucoup -que Guettard ait fait ufage de
cette reffource ; cependant la feule qui
de l’état aâdel. où fe trouvent les Monts
Dor , puiffe faciliter les moyens de remonter
à l ’état ancien, à l’état où fp font
préfentées ces montagnes à la. fuite des
éruptions & des incendies qui les ont ravagées.
Je vois qu’il étoit bien -éloigné de
cette méthode en méconnoiffan.t les Laves de
la.plupart des. courans des. Mônts Dor , &;
en prenant pour'volcan le capucin qui fait
partie de ces coürans. Il falloit à Guettard
du tems 8c une Certaine méthode analyti-
j que pour annoncer les volcans de-i’Aur-
j vergne aux£avans natura.lifles, & i l n a eir
malheureufcmeiît, aucuns de ces moyens..
G R O U X E R.
Précis ^méthodique & râifonné ,diï
imv.ail de- Grouner fu r Les glaciers
des; A lp e s & fu r ceux des autres-
parties du mpnde,.
Cet obfervateur SnifTe a raflemblé av-CC
un fi grand foin les faits qui concernent
nonrfeulemenr , les' glaciers de fon pays,
mais encore ceux des autres contrées de
la terre , qu’il en a formé un enfemble
j vraiment incéreflant pour la Géographie-
j phyfiquo.. Audi c’eft d’après cet auteuf
j que j’ai cru . .-devoir préfenter-. ici "un
j précis râifonné fur ces phénomènes., C«S
montagnes couvertes de neiges & de
glaces permanentes, qui font placées a ».une. ;
grande élévation au-deffus du niveau de |
la mer., & que les chaleurs de:-l’été' nejj
peuvent- fondre entièrement, méritentcer- »
tainement d’être décrites & connues. Leur ;
fituation & leurs formes ne peuvent être
rapprochées 8c comparées avec trop de
foin; c ’eft ce qu’a fait Grouner. Si les -
Cordillières du Pérou, les montagnes do
l’Iflande 8c du Nord, les Alpes de la
Savoie , de la Suifliè & des Grifons ,
préfentent aux voyageurs ce fpeâacle in-
téreflant avec des variétés & des change-
mens qui naiffent des différences des
climats de. la pbfition des lieux , & de
la hauteur des montagnes , tous çe.s
détails fe trouvent dans l’ouvrage de-,
G rouner , 8c ils y figurent avec tout ]
l’avantage que pouvoit leur donner un
naturalifte ' obfervateur qui n’eft occupé
que d’un feul objet.
Non-feulement il a feu mettre à profit
lés nombreufes obferyations, mais encore !
celles des voyageurs inftruits qui ont ex-
pofé avec plus ou .moins d’étendue les1
phénomènes particuliers qu’ils ont pu
contempler dans.leurs diverfes courfes.
C ’eft là que fon trouve ce que les académiciens
françois Bouguer & la Conda-
mirie nous ont fait cpnnoûre fur; les
glaciers des montagnes, du Pérou : ce que
Torkeifon & Olavius nous apprennent
fur fes montagnes glacées de l’Iflande :
ce que Sçheuchzer , Hottinger , Cliriften,
Capeller, Altmann, Mériaii , de Haller ont
écrit fur les Alpes : ce que Langhans a
publié fur la - vallée intéreflante du Sie-
menthal , & c . Nous retrouvons to u s ’
ces faits rapprochés avec autant d’ordre'
que de précifion dans Grouner. ' C’eft
donc pour prèfenter à l’inftruélion publique
le réfultat de tout ce travail, que j’ai
cru devoir en former, un précis raifonné ,
en y ajoutant ce que j ’ai vu par moi-
même, & y plaçant les différentes réflexions
& dévéloppemens qui pouvoient
contribuer à lier les fait* & tous les phénomènes
, de maniéré a en offrir des
explications fimples 8c naturelles.
. ( Voyeg^ l’article Glacier du diéfîonnaire,
& particulièrement les.articles des montagnes
de la Suiffe qui font couvertes
de neiges & de glaces permanentes. )
Grourièr décrit fort en détail les glaciers
de la Suiffe, d ’abord ceux de la
vallée d’Ober-Hafly , du Grindeiwald, du
Lauterbrunen , de la vallée de la Kander ,
des monts du Frbutiguen & du Siementhal,
du baillage de Geffenay ., , enfin- du
gouvernement d’A igle , tous du canton
de Berne.
Enfuite il ' fait connoître également les
'glaciers qui font fiir les montagnes fep-
tentrionales du pays de Vallais, qui tiennent
aufli aux Alpes : puis ceux des montagnes
méridionales du même pays qui communiquent
aux montagnes qu’on doit regarder
comme les extrémités des Alpes Pen-
I nines.
j De-là il paffe aux grandes Alpes Lépon-
tines & aux glaciers des baillages italiens
de la Suiffe du côté du. Mitanés ; après
cela aux glaciers du canton d ’Uri , ou
des petites Alpes Lépontines.
Les Alpes Réthiennes , où font les
glaciers du pays des Grifons, occupent
fur-tout Grouner qui parcourt avec les
mêmes attentions les glaciers des cantons
de Glaris , d’Appenzel , de Schrvitz,
d’Underwald & du mont Engelberg , limitrophe
de ce dernier canton.
L ’affemblage entier de ces montagnes
couvertes de neiges 8c de glaces permanentes
étant mefuré en ligne droite, occupe
environ 66 lieues du Levant au Couchant.
il s'étend depuis les bornes occidentales
du pays de Vallais vers la Savoie, juf-
| qu’aux bornes orientales du pays • des
1 Grifons vers le Tirol ; ce qui - forme
j dans toute cette longueur de la Suiffe une
1 R ute de g io au& n c j aflez fo u te n t in te r