
cê Fond les mêmes fubftances qu’on extrait
de-la furface des continens. En forte, qu’a
tous égards , les parties découvertes du
globe reffemblent affez fouvent à celles
qui font couvertes par les eaux , tant par
la compofition que par le 'mélange des
matières : cependant elles en diffèrent affez
conftamment relativement à l’organifation
& aux inégalités de la furface.
C’eft à ces inégalités du fond de la mer
qu’on doit attribuer l’origine des courans.
Une preuve certaine- que là plupart des
courans font produits par le flux &
reflux, & dirigés par les inégalités du
fond de la mer, c’efl qu’ils paroiffent
affujettis aux marées , & qu’ils changent
de diredion à chaque flux & reflux.
Les principaux courans de l’Océan, font
ceux qu’on a obfervés dans l’Océan Atlantique
près les côtes de Guinée : ils s’étendent
depuis le Cap-Verd jufqu’a la baie
deFernandopo ; leur mouvement efl d occident
en orient, & par çonféquent _Ü
efl contraire au mouvement général de
la mer, qui fe fait d’orient en occident :
ils font très-violents : en forte que les
vaiffeaux peuvent aller de Moura à Rio
de Bénin, c’eft-à-dire, parcourir un trajet
de i 70 lieues en deux jours , tandis qu’il
leur faut fix ou' fept femaines pour y
retourner. Ces courans ne s’étendent guères
qu’à 20 lieues de diflance des côtes.
Auprès de Sumatra il y a des courans
rapides qui coulent du midi au nord, &
qui probablement ont formé & 'élargi le
golfe qui efl entre Malaie 5c l’Inde : il y
a auflî de très-grands courans., entre le
Cap de Bonne - Efpérance & l’Ifle de
Madagafcar & furtout près de la côte
d’Afrique, entre la terre de Natale 5c
le Cap. On obferve que la mer fe meut
du midi au nord, le long des côtes du
Bréfil,. depuis le Cap Saint-Auguftin, jîuf-
qu’aux îles Antilles.
Il y a des courans très-violen ts dans
la met où fe trouvent difperfées les îles
Maldives ; & entre ces îles, les courans
coulent conftamment pendant fix mois
d’orient eh occident, & pendant fix autres
mois d’occident en orient : on voit par la
qu’ils fuivent la direétion des vents mouf-
fons, & il efl très-probable qu’ils font produits
par ces vents qui, comme l’on fait,
foufflent dans cette mer, fix mois de l’efl
à l’oueft, & fix mois en fens contraire.
Voye^ dans notre Atlas les cartes où font
indiqués ces courans , 5c l’article courans
dans le didionnaire.
Pour donner un idée jufte de la diflri-
bution des courans, nous dirons qu il y
en a dans toutes les mers : que les uns
font plus rapides, & les autres plus lents :
qu’un afièz grand nombre font étendus
tant en longueur qu’en largeur, pendant que
d’autres occupent un très-petit efpace dans
toutes leurs dimenfions : que les mêmes
caufes, foit les vents, foit les marées qui
produifent ces courans , leur communiquent
des vîteffes 5c des diredions fouvent
oppofées. Ainfî, lorfqu’un vent contraire
fuccède , comme cela arrive fouvent dans
toutes les mers, & régulièrement dans
l’Océan Indien, tous ces courans prennent
une diredion oppofée à la première.
Ils confervent malgré cela la même étendue
en longueur & en largeur, & leur cours
"au milieu des autres eaux de la mer, fe
fait à quelques différences près cependant,
comme il fe feroit fur la terre, entre deux
rivages oppofés & voifins.
Cette différence, à laquelle quelques
phyliciens n’ont pas fait attention , vient
de ce que les courans foumarins font
une maffe d’eau qui remplit exadement
leur lit , au lieu que les fleuves qui coulent
fur là terre ne rempliffent qu’une
certaine parÿe du fond des vallées. Il
en réfulte que la marche de ces deux fortes
d’eaux courantes diffère effentiellement ; on
ne peut donc être autorifé a comparer leurs
effets comme quelques naturaliftes l’ont fait.
Je renvoie, au relie, la fuite de cette difcuflion
cuflioti aux articles courans 8c vallées du
didionnaire, ainfi qu’aux cartes où ils
font figurés.
§. XI I .
Des animaux terrejlres.
Il y a deux fortes de fyftêmes à fuivre-
dans l’indication des contrées de la terre;
où fe trouvent les différentes éfpèces d’ani-Ji
maux terreftres , & furtout les efpèces les
plus fortes. Le premier efl de s’attacher
aux dépouilles de ces animaux qu’on rencontre
dans certains pays voifins des pôles ,
pour en conclure qu’ils les ont.peuplés;,
autrefois, c’eft-à-dire, qu’ils y ont vécu,
produit 8c multiplié , comme ils vivent;
& multiplient dans les pays voifins de!
l’équateur. Il faudra donc conftater, par;
des cartes aufli précifes que détaillées , lpsj.
lieux où l’on a fait & où l’on pourra faire :
les découvertes de ces dépouilles. Mais,
dans ce travail il convient furtout de,
diftinguer les dépouilles des animaux. Les,
os fofîiles qui font renfermés à une cer- ;
taine profondeur dans les couches de la terre
oùfe trouvent aufli lesproduâions marines
différent des fquelettes qu’on rencontre à
lafurface de la terre. Carcen’eft ,pourainfi
dire, qu’à cette furface , & à quelques
pieds de profondeur, qu’on a découvert,
les fquelettes des éléphans ,■ des rhinocéros, ;
8c les autres dépouilles des animaux terreftres,
qui ont changé de climats. II. efl
moins queftion ici de donner l’explication
des faits, que d’en conftater toutes les cir-
conftances par les deux moyens de la,
géographie -phyfiqüe.
' - Dans je fécond fyftême de travail furies
animaux , il fuffît de s’attacher à l’état
acluel de leur diftribution dans, les diffé-
rens pays & climats du gîôbe. «L’obfer-
yàtion & les , cartes mettront en évidence
„ces, grands .faits dont ,1e docteur,
Zimmeripan a commencé, à nous
donner une première énumération fortinf-
Géograpkie-Phyfiquc. Tomé I.
tructive , 5c que les voyageurs perfectionnent
tous les jours. Je préfenterai à l’article
animal tous ces détails fur la diftribution des
différentes claffes d’animaux dontnous con-
norffons les moeurs, ainfi que leshabitations.
J’ajouterai à cela la notice des circonftances
qui ont concouru à les y fixer, foit relativement
à leurs befoins , foit relativement
à ceux des peuples qui ont pu les ap-
privoifer. V'oyes^ dans l’Atlas la carte
généralè de cette diftribution des animaux
lur le . globe d’après Zimmerman.
Des animaux marins.
Les baleines , les gibbarts , molars,
j cachalots, narwals 8c autres grands céta-
_cées appartiennentvsaux mers polaires-,
feptentrionales 8c auftrales, tandis que l’on
ne trouve dans les mers tempérées: &
méridionales , que , les lamantins , les
dugons , les marfouins. On voit que les
plus grands animaux terreftres fenrouvent
dans Mes contrées du midi.,, tandis 'que
les plus grands animaux marins n’habitent
que les régions des notre pôle. A l’exception
de quelques cachalots qui,viennent
affez fouvent autour des Açores, & quelquefois
échouer fur nos côtes, toutes
les autres efpèces font demeurées , & ont
encore leur féjour confiant dans les mers
boréales. Nous favons1 qu’en, général, les
cétacées ne fe tiennent pas au - delà du
78 ou 79e. degré delatitude, 5c qu’en hiver
ils defcendent à quelques degrés au-deffous,
mais il ne viennent jamais en certain
, nombre dans les mers tempérées1 ou chaudes.
Il y a aufli de gros animaux qui,
comme les vaches marines, affeâent de fe
repofer fur les côtes ôc les glaces du
nord.
Le féjour de ces grands animaux dans
Jes mers boréales ne parôît pas troublé
par la température qui y règne. Car par
la, nature;de leur orgaqifation , ils paroiffent
plutôt munis contre le1 froid que
contre la grande chaleun. L’énorme quantité
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