
ramenant tout au niveau , rendront un
jour cette terre à la mer, qui s’en emparera
fucceflivement, en Liftant à découvert
de nouveaux continens entrecoupés de
vallons & de montagnes, & tout fembla-
bles à ceux que nous habitons aujourd’hui.
I IRecherches
fur les animaux naturels &
propres à chacun des deux continens,
& fur les animaux qui leur font communs.
Une des confidérations les plus belles
dont fe (oit, occupé Buffon, celle qui
intéreffe le plus l’hiftoire de la Terr,e &
la Géographie-Phyfique , eft cette énumération
comparée des animaux quadrupèdes
dans laquelle il diflingue, i ° . ceux qui
font naturels & propres à l’ancien continent
, c’eft-à-dire, à l’Eiirope, l’Afrique
& l’A f ie , & qui ne fe font pas trouvés
en Amérique, lorfqu’on en a fait la découverte;
2°. Ceux qui font naturels &
propres au nouveau continent & qui n’é-
toientpas connus dans l’ancien ; 30. Ceux
quife trouvant également dans les deux continens
, fans avoir été trânfportés par les
hommes , doivent être regardés comme
communs & à l’un & à l’autre ; c’eft
le précis de çe que Buffon a écrit fur cet
objet important que nous avons cru devoir
préfenter ici,
Animaux de l'ancien continent.
L ’Eléphant appartient à l’ancien continent
& ne fe trouve pas dans le nouveau ;
les plus grands font en Afie ; les plus petits
en Afrique, tous font originaires des climats
les plus chauds, Non-feulement l’ef-
pèce n’eft pas en Amérique ; mais il ne fe
trouve dans tout ce continent aucun animal
qu’on puilfe lui comparer ni pour
la grandeur ni pour la figure.
On peut dire fa même chofé du Rhinocéros
; il ne fe trouve que dans des
déferts de l’Afrique & dans les forêts de
l’Afîe méridionale , & il n’y a aucun animal
qui lui reffemble en Amérique!
L’Hippopotame habite les rivages des
grands fleuves de l’Inde & de l’Afrique;
il ne fe trouve point en Amérique, ni même
dans les climats tempérés de l’ancien continent.
Le Chameau & le Dromadaire dont
les efpèces, quoique très-voifines, different
, & qui fe trouvent fi communément
en Afie , en Arabie , & dans toutes les
parties orientales de l’ancien continent,
étoient aufli inconnus aux Indes occidentales
que les animaux précédens.
Le Lion n’exifloit point en Amérique,
& le Puma du Pérou eft un animal d’une
efpèce fenfiblement différente. Il en ëft
de même du Tigre & de la Panthère.
Tous ces animaux font plus grands ,
plus forts que les animaux de proie des
parties méridionales de l’Amérique. Toutes
ces efpèces ayant befoin d’un climat chaud
pour fe propager, & n’ayant jamais habité
dans les terres du Nord , n’ont pu communiquer
ni- parvenir en Amérique. Ce
fait général dont on doit la connoilfance
à Buffon, eft trop important pour ne
le pas appuyer par la fuite de l’énumération
des autres animaux.
Perfonne n’ignore que les Chevaux, non-
feulement caufêrent de la furprife , mais
même donnèrent de la frayeur aux Américains
, lorfqu’ils les virent pour la première
fois ; ils ont bien réulîi dans tous
les climats de l’Amérique.
Il en eft de même des Anes qui étoient
egalement inconnus ; ils ont même produit
des mulets.
Le Zèbre eft encore un animal de l’ancien
continent. Il ne fe trouve guère
que dans cette partie de l’Afrique , 'qui
s’étend depuis l’Equateur jufqu’au Cap-
de-Bonne-Elpérance.
Le Boeuf ne s’eft trouvé ni dans les
ides, ni dans les terres fermes.de 1 Amérique
méridionale ; & quoiqu on put peut
être le comparer au Bifond Amérique ,
ce rapport eft fort incertain.
Il y avoit encore moins de Brebis que
de Boeufs en Amérique; il en eft de
même des Chèvres qui n’y exiftoient point ;
Tun & l’autre animal s’y eft fort multiplie
depuis qu’on l’a tranfporté de l’Europe.
Le Sanglier , le Cochon domeftique ,1e
Cochon de Siam ou de la Chine , qui
tous trois ne font qu’une feule y& même
efpèce nefefontpointtrouvés en Amérique.
I Les Cochons tranfportés d’Europe y
J ont encore mieux réufli que les brebis &
■ les chèvres.
On doit remarquer-que toutes ces efpè-
E ces d’animaux , lêS chevaux , les boeufs ,
I les chèvres , les moutons , les cochons ,
■ qui ont fort multiplié en Amérique, y font
1 beaucoup plus petits qu’en Europe, & ce
9 qui en eft une fuite , tous les animaux d A-
I mérique , même ceux qui font naturels aq
I climat, font beaucoup plus petits en géné-
■ ral que ceux, de l’ancien continent.
Les Chiens dont les races font fi variées
B nombreufement répandues, ne fa font,
pour ainfî dire , trouvés en Amérique ,
que par échantillons difficiles à comparer
& à rapporter au total de l’efpèce;
■ mais on peut affiner qu’iJ n’y avoit point
de chiens femblables a, ceux d’Europe ;
les chiens tranfportés d’Europe ont a-peu
près également réufli dans les contrées les
plus chaudes & les plus froides de l’Amérique
, au Brefil comme au Canada. On
peut Confidérer les chiens comme appartenant
uniquement à l’ancien continent.
L’Hyene qui eft à-peu près de la grandeur
du Loup , cet animal vorace, ne fe trouve
< qu’en Arabie, en Afrique ou dans les autres
provinces méridionales de l’Atie, il n’exifte
point en Europe & ne s’eft pas trouvé
dans le Nouvéau-Monde.
Le Chacal qui de tous les animaux eft
celui dont l’efpèee paroît approcher le
plus du chien, eft très-commun en Arménie
, en Turquie , & il fe trouve aufli
en plufieurs autres contrées- de i’Afie. &
de l’Afrique ; il eft totalement étranger au
nouveau continent. Quoique l’efpèce en
foit très-nombreufe, elle ne s’eft pas étendue
jufqu’en Europe, ni fur-tout jufqu’au
Nord de l’Afie.
La Genette , animal bien connu des
efpagnols, pnifqu’elle habité en Efpagne,
n’a pas été retrouvée en Amérique ; ii eft
évident que c’eft un animal particulier à
l’ancien continent, dans lequel il habite les
parties méridionales de l’Europe & celles
de l’Afie à-peu près fous la même latitude.
Quoiqu’on ait prétendu que la Civette
fé trouvoit à la nouvelle. Efpagne ; on
penfe.- que ce n’eft pas-là la Civette d’Afrique
& des Indes dont on tire le mufc.‘
Ainfî cette vraie Civette eft un animal des
parties méridionales de l’ancien continent,
qui ne s’eft pas répandu vers le Nord,
& qui n’a pu pénétrer dans le nouveau.
Les Chats étoient comme les Chiens, tout
à-fait étrangers au nouveau monde, il en
eft de même des lièvres, des lapins,&
des rats; toutes leà efpèces qui leur ont
été comparées, en diffèrent beaucoup &
fuffifamment pour les confidérer comme
propres à l’ancien continent.
On voit par ce détail que toutes les
efpèces de nos animaux domefliques d’Eu-'
rope& ,les plus grands animaux fauvagés
de l’Afrique & de l’Afie , ne.fe font pas.
trouvés au nouveau continent , 8c il en
eft de même de plufieurs autres efpèces
moins confidérables, dont nous allons,
faire mention le plus fuccintement qu’il
fera polfible.
Les Gazelles dont il y a plufieurs. efpè-.
ces différentes, dont les unes font en Arabie
, les autres dans les Indes orientales &