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Quatrième époque.
Lès matières qui ont formé les mines
de charbon .de terré fe trouvant réunies '
avec les. Pyrites & les autres fub fiancés,
dans là cômpofition defquelles il -entré.
des atidfes , elles ont fait le premier fond
de l’aliment des volcans ; ils n’ont com-
mencéd’agir, ouplutôt ils n ’ont pu pren dre
une aâio'h permanente, qu’après l ’abaiflè-
ment des eaux. Bufibn diftmgue, à cette
Occafiôn, tes volcans terrefti es des volcans
marins; ceux ci ne peuvent faire que des
explofiofts momentanées, parce qu’a Tin i-
tant que leur feu s’alume, il efl immédiatement
gtçinr.par l’eaû qui les couvre.& lepré-
cipite'.'iufques dansfour fo y e r , par toutes !
lés iflties que le feu s’ouvré pour en fortir.
Les,, volcans t e r r e f t r e s a u contraire, ont
une «étion durable & proportionnée, à la
quantité de matières qu’ils contiennent.
Mais un volcan terreilre ne peut durer
qu’autant qu’il eft.vqifin des eaux ; c’eft
par cette raifon que tous les volcans actuellement
agiiîans font dans les ifles-ou
près des-, côtes de la mer. A mefure que
les eaux fe font plus éloignées du pied
de ces volcans , leurs éruptions ont diminué,
par degrés, & enfin ont entièrement
pefie ƒ car nulle puiffance., à l’exception de
celle d’une grande malfe d’eau choquée
par un grand volume de feu , ne peut p roduire
des mouvemens auflî prodigieux
que.cetix de l’éruption des volcans ; telle
efl la doéfrine de Buffon fur les volcans,i
il.penfe auflî qu’il y a des communications
fouterraines de volcan à volcan.
n autre part, l’éleâricité luiparoit jouer
un très grand rôle dans les tremblemens
de, terre & dans les éruptions des volcans ;
& après avoir pofé pour principe que
le fond de la ma: 1ère électrique ejl_ la. chaleur
propre du globe terrefire , il penfe: que lès
cavités' intérieures de la terre contenant
du ,feu, de l’air & de l’eau, l’aétion de ce
premier élément doit y produire des vents
des QQgej bruyans, deston-
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nefres fouterreins', dont lés effets peuvent
être comparés ;à ceux de la foudre des
airs. Aufli les éruptions des volcans &
les tremblemens de terre, font précédés &
accompagnés d’un.bruit fourd & roulant,
qui ne diffère de celui du tonnerre7 que
par le ton profond que le. fou. prend en
traverfant une grande épailfeur de terre.
Ces tempêtes inteftines font d ’autant plus
violentes qu’elles font plus voilines des
montagnes à volcan & des eaux de la
mer, dont le fel & les huiles graffes augmentent
encore l’aftivité du feu. Les terrés
.fituées entre, le volcan & la mer, ne
peuvent manquer d’éprouver des fecouffes
fréquentes*; mais pourquoi n’y a-t-il aucun
endroit du njonde où l’on n’ait relfenti
quelques tremblemens ? Buffon penfe que,
comme il y, a eu des mers par-tout Se dçs
volcans prefque par-toqt , leur feu fub-
fifte encore ; ce qui lu i-, parort démontré
par .les four.ces .des huiles .terreftres., par
les* fontaines chaudes & fuLphureufes, qui
fe trouvent fréquemment au ; pied des
montagnes .&■ jufqu’au milieu des plus
grands continens; Cès feux des anciens
volcans', devenus plus tranquilles depuis
la retraite des. eaux , fuffifent néanmoins
pour produire de- légères fecouffes , dont
îles ofcillations font dirigées dans le feus
des cavités de la terre, & peut être, dans
la direftion des ,eaux & des veines des
métaux, comme conduâeurs de. cette électricité
fouterraine.
Les volcans font tous fîtués dans les
hautes montagnes , parce'qùe c e fo n t les
feuls endroits de. la terre, où les cavités
intérieures fe foierit maintenues; lès feuls
où les cavités communiquent de bas en
haut par des fentes qui ne font pa§ encore
comblées, & enfin les feuls où l’efpape
vuide étoit aflez Vafte pour contenir la
très-grande‘qiiahtité de matières ,'qui fervent
d’aliment au feu des • Volcans permanens
& encore'fubllftans.
C ’eft du tems de l’aélion des volcans
queijate la' formation de matières d’une
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quatrième forte, qui fouvent participent
de là nature des trois autres. 1,
La première claife renferme non-feulement
Içs. matières premières, foiides & vi-
trefcibles, dont la nature n’a point été
altérée, & qui forment le fond du globe;;,
mais encore les fables , les fchifles, les ar-
doifes, les. argilles , & toutes les matières
vitrefcibles déoompofées- & U'anfpQltées
par les, eaux.
La fécondé claffe contîent toutes lés matières
calcaires -, toutes lés fubfiancës' produites
par les coquillages & aùtfes animaux
marins.
' La . troifîème claffe comprend toutes
lés ifubftaricés qui doivent leiir origine
aux matières animales 8c végétales ; enfin
la quatrième 1 claflë eft celle des matières
rejettées par les -volcans , dont quelques-
unes parbilfent être un mélange des premières;
& d’autres pures de tout mélange
ont fubi une fécondé aftion du feu qui
leur a‘donné un bouveau caràétèrei
Les matières rejeitées par les volcans
fte laiffent pas d’occuper d’affez grands
efpâces fur la furface des terres .’ fituées.
"aux environs des_ montagnes, ardentes. &
de celles dont les feux font éteints & af-
foùpis. Les matières en effervéfcence, &
les fubfiancës combuftiblës, anciennement
enflammées , continuent de bru 1er, & c’eft
ce qui fait aujourd’hui là chaleur de toutes
nos eaux thermales ; i ly à aufli des exemples'
de mines -,'de jcharbon qui brûlent, & qui
fe font allumées .par la foudre fouterraine.
Ou par le feu tranquille d’un volcan , dont
les éruptions ont cèflè. Ces eaux thermales
& ces mines allumées fe trouvent fouvent
connue les volcans éteints, dans les terres
éloignées de la mer.
La furface de la terre nous préferite en
mille endroits les veftiges 8c les preuves
de l’exiftènee de ces-volcans éteints. Les
premiers volcans ont exifté dans les. terres
elevees du milieu des continens ; 8c comme
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les. amas de matières combuftiblës & minérales
qui fervent d’alimens aux volcans,
n’ont pu fe dépofer que fùcceffivement,
& qu’il a. dû fë paflèr beaucoup de tems
avant qu’elles fe foient mifes en aâion ,
ce n’eft gùères que fur la fin de cette période
que.les volcans ont commencé à ravager
la terre.
Les tremblemens de terre ont dû fe
faire fentir long-tems avant l’éruption dés
volcans ; d.çs les preiniers momens de l ’af-
faiflêment dès cavernes, il s’efi fait de violentes
fecouffes , qui ont produit des effets
tout aufli violens & bien plus' étendus que
ceux dés volcans. Il en eft auflî' r.éfuité
plüfieurs autres effets-tous grands & la plupart
terribles ; d’abord l’abaiffement de la
mer, forcée de courir à grands flots, pour
remplir les nouvelles profondeurs , & lait
fer par çonféquent à découvert de nouveaux
terreins; 2?. l’ébiânlement des
terres voifines, par la commotion de la
chute des matières foiides qui formoient
les voûtes de la.caverne.
Après l’expofition de tous ces effets,
Büffon en revient à- l’eau qu’il envifage
encore comme caufe générale & fubfé-
quente, à celle du feu primitif, & qui a
achevé de conftruîre & de figurer la furface
aâuelie de la terre. Ce qui mahque à i’u-
niformit'é de cette conftruâion & configuration
univerfefte , n’eft que l’effet accidentel
des tremblemens de terre 8c de
l’adion. des volcans.
Dans cette conftruflion de la furface de
la terre par le mouvement & le fédiment
des eaux, Buffon difiingue ceux périodes;
la première a commencé apres fctabliffe-
ment de la mer uniyèrfelle, c’eft-à-dire,
après la dépuration parfaite de l’atmol-
phere par la chute des eaux. Cette p é riode
a duré autant qu’il étoit néceflaire
pour multiplier 1 les coquillages & pour
remplir de leurs' dépouilles nos collines
calcaires ; autant qu’il étoit néceflaire pour
multiplier les végétaux , & pour former
de leurs débris toutes nos mînes^de charbon
; enfin autant, qu'il étoit néceflaire