
quelquefois dans les grands mouvemens
de la mer , & l’imprefïïon a dû fe faire
fentir jufque dans les profondeurs qu’ils
habitoient. Quelquefois auflî des portions
de fable fin ont pu demeurer aflez iong-
tems fufpendues dans l'eau pour parvenir
jufqu’à eux. Ces premières coquilles doivent
donc fe trouver encore aujourd’hui
mêlées d’une portion de fable de la même
nature que celui fur lequel elles repofent.
Et en effet, c’eft une obfervation confiante
que toutes les fois qu’un banc de
coquilles repofe fur un banc de fable , il
y a mélange dans le voifmage des deux
bancs. Les premières couches de fable
contiennent des coquilles, & les dernières
douches de coquilles font mêlées de
fable.
Lorfqu’enfuite par le mouvement pro-
greflîf de la mer, la côte a été reportée
beaucoup plus loin , les corps marins qui
ont fuccédé.aux premiers, fe font trouvés
dans une fituation de plus en plus calme,
& enfin dans un état de tranquillité ab-
folue. Les générations de coquilles fe font
alors paisiblement fuccédées les unes aux
autres, & il s’eft formé des bancs entièrement
compofés de matières calcaires ,
qui, par une longue fuccellïon de fiècles,
ont dû acquérir une grande épailfeur.
Tandis que les mafîês de coquilles s’éle-
voient ainfî lentement dans le baffin de
la mer , par la fuccelfion d’une infinité de
générations , la mer , dans la fuppofi-
tion d’un mouvement progreffif , a dû
atteindre le flanc des hautes montagnes ,
& a exercé fon adion contre elles : elle
en a détaché des maffes de quartz & de
pierres filiceufes qu’elle a brifées, roulées,
dont elle a formé des galets , & dont
l’ufure a donné naiffance à des fables de
différens degrés de ténuité. Les plus greffiers
fe font rangés le plus près de la côte ;
les plus fins à un niveau inférieur : enfin,
les molécules les plus diviféeS fe font dé-
pofées au loin & ont formé des dépôts
reflèmblans par leur ténuité à l’argile.
Je renvoie à notre atlas ce qui peut
donner une idée de la fituation de la mer
au pied des montagnes de l’ancienne terre,
des bancs littoraux compofés de caillbdx
roulés, de fable , de marne, &c. & formés
par le détritus des falaifes à marée montante
; des bancs calcaires horilontaux
pélagiens qui le iont formés par-delfus , à
mefure que la limite de la mer s’eft éloignée
: voyez n°. IV , de U atlas..
- Voilà donc à-peu-près l’expofiticn des
événemens qui ont dû avoir lieu dans la
fuppiofition de la. mer afeendante. Lorf-
qu’après une longue fuite de fiècles , la
mer, après avoir atteint fa plus grande
élévation , & après avoir été quelque tems
llationnaire , elt'devenue rétrograde ; que
fon niveau a baillé, & qu’elle a commencé
à reperdre le terrein qu’elle avoit envahi,
Lavoilier penfe qu’elle a dû faire encore,
en fe retirant , un véritable lavage des
matières qu’elle avoit accumulées au pied
des montagnes. Les quartz roulés- Ou
galets , comme plus lourds , & les fables
greffiers qui s’y trouvoient mêlés ont dû
relier les premiers à découvert : ils ns’ont
point été entraînés par les eaux. Les- ma-
j tîères légères , au contraire , & très-divi-
féês , telles que les fables fins, la glaife &
l’argile ont fuivi. dans leur retraite les eaux
dans lefquelles elles étoient fufceptibles de
demeurer quelque tems fufpendues. En
forte que la mer en fe retirant a dû|;ré-
pandre fur les bancs pélagiens une nappe
de matières fableufes & argileufes. Mais
comme elle laiflbit en arrière quelques
portions des fubflances qu’elle avoit entraînées
d’abord, l’épaiffeur de ces couches
a dû aller continuellement en diminuant,
à mefure quelles s’éloignoient des grandes
montagnes : & il a dû néceffairement fe
trouver un terme auquel ces bancs ont cté
tellement atténués & amincis qu’ifs ont
difparu entièrement.
L’auteur défigne cette dernière efpèc«
de bancs , fous le nom de bâties littoraux
formés
formés à la mer defeendante , pour les
diflinguer de ceux également formés à la
côte , mais à la mer montante. Voyez les
n°s. V & VI. Il 'efl toujours facile de
diflinguer dans les obfervations ces deux
efpèces de bancs : à mefure qu’on s’approche
de la pleine mer , les fupériéurs
étant toujours compofés du détritus des
matières que fourniflent l’ancienne terre
ou les grandes montagnes, & les inférieurs
du détritus des bancs pélagiens hori-
fontaux.
Tant que la furface de là mer a été plus
élevée que les bancs calcaires horifontaux
du n°. V : tant que ces bancs ont été
défendus par les couches fablonneufes qui
les recouvroient , ils n’ont point étéîen-
tamés ; mais par lés progrès dé Fabaiffement
des.eaux, ils 'ont du être attaqués’à leur
tour. Lors , par exemple , que la furface
de la mer a été redefeendue ( n°. VI ), il
a dû fe former dès falaifes au milieu des
bancs ; enfin , quand après un laps de tems
plus ou moins long, la mer efl parvenue
au-defl’ous du niveau des bancs pélagiens
calcaires , elle'a dû agir fur les bancs- littoraux
qu’elle avoit formés en montant , &
qui fervoient de bâfe aux' bancs pélagiens
calcaires. Mais comme ces bancs, enraifon
de leur qualité fableufe, argileufe ou mar-
neufe, & du peu de liaifon de leursparties,
■ ont offert peu de réfiflance à l’aélion de
l’eau , ils ont dû être détruits promptement
: les bancs pélagiens calcaires qu’ils
foutenoient ont auffi dû être culbutés. La
mer même , quoique perdant toujours de
fon niveau , a pu quelquefois regagner du
terrein fur les côtes, & la falaife a pu
fe former à une diltance plus ou moins
grande-, dépendante de beaucoup de cir-
conllances qu’il efl inutile de détailler.
Il a dû réfulter de-là que les bancs littoraux
& pélagiens qui recouvrent la craie
ont été çpiportés en beaucoup .d’endroits-,
principalement dans les approches de la
limite d,e la nier aduelle : que la craie ou
Géographie-Phyfique. Tome I,
en général le banc inférieur a dû relier
feul , & c’efl ce qu’on remarque en effet
aflez généralement en Normandie , en
Picardie & dans une partie de l’Angleterre.
Par les détails dans lefquels. nous venons
d’éntfer, Lavoilier a pour objet de prouver
qu’en fuppofànc que la mer a eu un mouvement
d’ofcillation très-lent, qui fe foit
exécuté dans une période de plufieurs centaines
de milliers d’années , & qui fe foit
répété déjà un certain- nombre de fois,
il doit en réfulter qu’en faifant une coupe
de bancs horifontaux entre la mer & les
hautes montagnes , cette coupe doit pré.-
feriter une alternative -de bancs littoraux
& de bancs pélagiens ; que xes bancs qui
font très-reconnoifl’ables, parce qu’ils font
compofés de matières -très - différentes■ ,-
doivent être mélangés dans les environs
des points de contaâs; mais qu’ils doivent
être exempts de mélanges à peu de diftanée
de ces mêmes-points 5 que fi l’on pouvoit
prolonger xettn coupe jufqu’à une -profondeur
aflez grande pour atteindre l’ancienne
terre,: on poiirroit juger pat-le
nombre des couches du nombre d’excur-
fîons que la mer a faites«: enfin , que
lorfque les. bancs fupériéurs ont été pofés
fur des matières faciles à divifer , comme
de l’argile & du fable-, ils doivent avoir
été fouvent détruits par l’aâion-de la mer
defeendante ; en forte que les bancs inférieurs
ont dûfeuls relier.
L’auteur du mémoire , après s’être livre
à toutes ces confidétations que lui avoir
infpirées fa théorie, finit par obferver que
la malle des matières abandonnées par la
mer a été difpofee par'bancs alternatifs,
dont les uns ont été évidemment formés
en pleine mer , & les autres formés à la
côte ; d'où il conclut que l’obfervatiùn ,
confirmant la théorie , tout ce qu’il a cru
• devoir préfenter comme une fuppofition,
font des vérités- conformes à la marche dé
1 la nature. En conféquence, il croit devoir
G S g g S- -