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& à quelle caufe peut être due leur con-
folidation & la réunion des différens ,élé-
niens qui les cornpofent. C ’eft ce dont il
s’occupe dans la fécondé partie de fon
mémoire, qui traite de la fohdification
des couches de la terre.
S e c o n d e P a r t i e .
La folidification des couches paroît à
Hutton avoir été précédée d’un certain
état de rrioileffe qui ne peut être attribué
1°. qu’à une folution dans' l'eau ; 2°. ou
bien à unë fufion par le feu.
Si l’on fuppofe que cet ctat de môlIelTe
ait été produit par la folution dans l’eau ,
Hutton exige qu’on lui dife, comment l’eau
s ’efi féparée de ces matières , & pourquoi
on ne la retrouve; pas au moins dans les
cavités que nous-offrent les couchés ; il
efl auffi curieux de fayoir en même tems
d?où éft venue la fubftartce qui remplit
trcs-exaél'ement lé« interflices qui auroient
été pleins d’eau : comment l’eau tenant ces
matières'en diffôlution auroit pénétré dans
ces cavités déjà rem-plies de' ce liquide ; &
enfin Comment elle en fëroit fortie après
y avoir dépofé ces matières'.
Qu’on examine les matières confoli-
dées ; ne femble t-il pas que fi elles n’ont
pris cette confiftance qu’à la fuite d’une
folution dans l’eau , leur fubflanr.e doive
êtrenéeeffairement folubte dans ce liquide',
& qu’elles ont dû fe conferver dans l’état
où la féparation d’avec le diffolvant les
a laiffées ?
Le phyficien Ecoffais- efl bien éloigné
dereoannoître dans, 1 e fpath calcaire un
état- femblable- à celui des concrétions: pro-
duitespar la terre calcaire diffoute dans l’eau.
I l nous fait confidérer les fpaths-fluors ,
les felds-fpaths , les Alex , les foufres, les
bitumes , les métaux $ comme n’étant point
folubles dans l’eau, quoique ces fubflances
loient folidifiées dans prefqùe toutes les
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couches. II penfe donc que fi l’eau les y
avoit dépofées, il faudroit lui fuppofer
un pouvoir diffolvant uniyerfel.
2°. Hutton , en paffant à l’aétion du feu
pour donner la folution du problème dont
il efl queftion , efl fort tenté de croire
qu’il efl le feul agent qui puiffe jouir d’un
tel pouvoir j les- corps qu’il a1 ramollis ou
fondus deviennent folides par le refroidif-
fement & par la retraite qui en. efl: la fuite :
il peut -, félon lui , faire pénétrer dans les
interflices des couches toutes lesfubflances
lous forme de liquide , de vapeurs ou
d’exhalaifons, & y introduire les mélanges
des matières dont nous trouvons ces bancs
compofés. ,
En fe bornant à confidérer les fubf-
tances filiceufes 8c fulphureufes que fon
rencontre l’une & l’autre, dans toutes les
fortes de couches , il efl aifé de s’affurer li
elles ont pu être diffoutes dans l'eau, On
voit d’abord que la matière filiceufe n’y
efl pas certainement foluble. Si elle, paroit
l’être dans l’eau des Giefers en Iflande &
dans d’autres_ ca s, Hutton eflime que c’di
probablement à i’aide de quelque fubftance
alkaline : mais, en général il paroît iteon-
vaiflou que ni le filex , ni le cryflal de
‘ roche, n’ohrpu être diiîous dans l ’etyij
il a-cru d’ailleurs, reconnoitre que dansles
cas nombreux où la matière filiceufs a
pénétré d’autres fubflances , les circonf-
tances montrent que cette pénétration a
eu lieu fous les eaux de la mer , & qu’elle
a été l’effet delà fufion. Ainfi , felonlui,
les fîiex des pays de craies , les. pou-
dingues , les maffes de filex trouvées dans,
les labiés, comme celles qu’on obferve aux
environs de Bruxelles, peuvent être citées
comme des preuves de cette affertion.
Hutton ne doute pas que les bois agatifés
d’Angleterre , d’Allemagne & de Loch-
neagh en Irlande ne le montrent plus clairement
encore , furtout lorfque ces bois
n’ont été pénétrés par l’infiltration de cette
[ matière que dans une partie de leur ntaffe,
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| À qu’une partie conf,e rve encore il a texture I
K ligneufe , tandis qu’elle efl détruite dans >,
I d’autres. Il croit au contraire ces faits ;
| inexplicables dans la fuppofition de ceux f
I nui foutiennent que la pénétration s’efi
I faite par l’eau.
Paflànt enfuiteaux matières fulphureufes,
I il les confidère comme infolubles dans j
I l’eau , 8c les diftingue en deux claffes ,: les |
I métalliques & les bitumineufes. Ainfi , lui- j
I vaut fes vues, la ntinéralif tion des métaux \
I s’efl opérée par la fufion ; car comment j
I l’eau l’auroit - elle exécutée ‘1 comment j;I auroit-elle formé une malle qui fouvent {
I prélente un mélange d’un t r è s g r a n d |
I nomhre de fubfinices,. toutes infolubles
I dans l’eauï Par exemple, le même échan-
I til-lon contient ijL des pyrites , c’efl-a-dire,
I du foufre du fer , du.cuivre j 2.8. de la
blende $ fe r , foufre & zinc j 3°. de la
I galène , plomb 8c foufre j 4A du fpath
pelant, terre.pefante, & acide vitriolique ;
y” , du fpath fluor : terre calcaire, & acide
particulier ; 6 °. du fpath calcaire , terre
calcaire, air fixe. Dans ces mélanges, les
fubflances font fouvent tellement cryftal-
I lifées les unes fur les autres , qu il efl
impofiible que la caufe qui a rendu l’une
d’elles fluide ,.nefoit pas celle quia produit
le même effet fur les autres ; o r , Hutton
foutient que le feu eft le feul agent qui ait
pu le faire.
Il ajoute à cette prétention que les métaux
qu’on ne trouve pas minérafifés par
le foufre , font ceux avec lefquels le feu
ne peut l’unir , ou ne le fait que difficilement
; enfin, que.les tvtétau x natifs portent
des marques de fon aétron. Témoin le fer-
natif de Pallas , & furtout la manganèfe
native de la Pérou 1e ; journal de P hffique,
janvier 1786.
2°. Les matières bitumineufes, dépôts
des fubflances végétales au fond de la mer,
y ont fubi divers degrés de chaleur , dont
les effets.ont été lavolatilifation des parties
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huilèufes plus ou moins abondantes, fuir,
vant les circonlLnces, fous une preffion
immenfe. Cettevoladlilation 11’apu leftire,
8c les matières font demeurées complette-
ment inflammables. En d’autres cas , elles
ont perdu plus ou moins de leur fubftance
inflammable , & font reflees en confé-
quence, plus ou moins dans Pétât ou de
charbon ou de cendres incombuftibles..
O r , les matières bitumineufes fe trouvent
dans tous ces états depuis celui de caput
mortuum jufqu’à celui de vrai bitume dif-
tilé , coulant, & rempliffant les cavités des
'
autres fubflances minérales , tel que la
pierre calcaire de Reith dans le comté de
Fife dont les cavités , tapiffées de fpath
calcaire & de pyrite , font pleines de bitume
fluide ou de gouttes dures 8c arrondies ee
cette fubftance. Si c ’eft l’eau qui a caufé
cette pénétration du bitume , eft-ce elle
qui auroit diffous le fpath 8c les pyrites !
comment auToit-elle forme les gloDules
de bitume ï
L is couches de fel gemme ne font pas
moins , fuivant le même fyftême, les effets
■ du feu que celles des matières infolubles
dans l’eau. On conçoit la formation d’une
Miaffe de fel au fond d’une mer qui fe feroit
iévaporée, comme par exemple, dans le
fond de la Méditerranée, fi le détroit de
Gibraltar étoit fermé.: mais les couches
de ce fel n’auroient pas plus de confiftance
îque des couches de fables, & il refteroit
! toujours de l’eau entre les cryftàux : il
; faut donc recourir à U fufion par le feu ,
& il n’y a qu’elle qui poUrroit expliquer
{la formation des maffes de fel gemme du
i comté de Chejler. Voye.z- cet article dans
; le diâionnaire.
« Le fel s’y trouve parmi des couches
j» de marne rougeâtre. Çetfe piaffe^ eft
» difpoféo par bancs horifontaux 8c d’une
•« épâiffeur .dpnt on ne. cannoît pas l’éteu-
» due. On y a creufe jufqu’i 30. & 4P
» pieds elle eft parfaitement fofide & en
v divers endroits le fel eft pur , fans ç-qu-
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