
.ment continuel de la mer de l'Orient vers
l'Occident; que de plus, l’agitation caufée
par les vents s’oppofe à l’égalité du flux &
du reflux, & que de la combinaifon de
toutes ces circonftances il en réfulte toujours
des tranfports de terre & des dépôts
de matières dans certains endroits qui feront
compofés de couches parallèles & ho-
rifontales , parce que ces mouvemeris
tendent à mettre de niveau les ferres les
unes fur les autres dans les lieux où les.
terres tombent.en formelle fédiment. Enfin
il détruit cette objection , en citant le
fait qui nous prouve que dans toutes les
. contrées où l’on obferve le flux 8c le.reflux
& fur toutes les côtes, le flux amène
beaucoup de chofes que le reflux ne remporte
pas , &'que d’un autre côté la mer
couvre & envahit des terreins dont elle
; déttuit la fuperficie, & que certains ter-
reins qu’elle a formés relient pour toujours
dans l’état de terre fèchè &fon t partie
des continens terreflres. .
Pour ne laifler aucun doute litr ce point
important de fa théorie , Buffon a pris
le parti d’expliquer en détail la formation
d’une montagne dans le fond delà mer,
par le mouvement & les' fédimens dès
eaux. Il nous fait envifager ce' qui arrive
fur une côte contre laquelle la mer agit
avec violènce dans le tems qu’elle efl agitée
par le -flux , & d’où les eaux êmpbrtent
à chaque fois une petite portion de la
terre qui compofe la côte ; ces particules
de pierre ou de terres font néceffai-
rement tranfj ortéès' par les." eaux jufqu’à
une certaine diflance & dans de certains
■ parages où le mouvement de l’eau rallenti
• abandonne ces particules à leur propre
pelknteur, & alors elles fe précipitent au
- fond de l’eau en forme de fédiment,. &
là , elles forment une première couche
horifontale ou inclinée fuivant la polïtion
- de la furface du terrein fur laquelle tom-
■ bent ces féd-imens. Cette première couche
efl bientôt couverte & furtnontée d’une !
■ autre couche ljsmblable, produite de la
même manière , & iufoifibleçaent il fe
forme dans cet endroit un dépôt conlîdé-
rable de matière , dont les couches font
pofées parallèlement les unes fur les autres.
L’on conçoit que cet amas efl dans le cas
d’augmenter toujours par les nouvelles
matières que les eaux y tranfporteront.
C’efl ainfî que Buffon penfe qu’il fe formera
une élévation & une montagne dans
le fond de la mer , qui fera parfaitement
femblable aux éminences & aux montagnes
que nous voyons fur la ..terre, tant
pour la compofition intérieure que pour
la forme extérieure.
S’il fe trouve des coquilles dans cet
endroit du fond de. la mer où fe fait le
dépôt, les fédimens couvriront ces coquilles
& les rempliront : elles feront
incorporées par la fuite de ce travail darts
les couches1' des matières dépofées , elles
feront partie des mafl'es formées par ces
dépôts , on les y trouvera dans l’état où
elles auront été fàifies.
Buffon nous fait remarquer enfiiite que
lorfque le fond de. la mer efl remué par
l’agitation des eaux, il fe fait néceflàire-
ment des tranfports de terre , de valës ,
de coquilles Sc d’autres matières dans de
certains endroits où elles fe dépofent- en
forme de fédimens. Et comme les obferva-
tions dgs piongeùrs prouvent, félon lui ,
.que ces mouvemens. ont lieu aux plus
grandes profondeurs, il ne doute pas que
le fond de la mer, étant ainfi remué , il
ne s’y faffe des tranfports de terres & de
coquilles qui vont tomber quelque part,
& former en fe dépofant des couches parallèles
& des éminences compofées comme
nos montagnes le font. C’eft ainfi qu’il
conçoit que le- flux & reflux , les vents,
les courans & tous les mouvemens des
eaux ont produit ou produifent encore
des inégalités dans le fond de la mer ,
parce qu’il efl petfuadé que toutes ces
caufes peuvent détacher du fond & des
côtes de la mer , des matières qui fe précipitent
enfuite en forme de fédimens.
C’efl d’après toutes ces confidérations
qu’il fuppofe . que le flux & reflux , les.
vents & tous les autres agens qui peuvent
agiter la mer , doivent produire par le
mouvement des eaux, des éminences &
des inégalités fur le fond de la mer qui
feront toujours, compofées de couches
horifontales ou inclinées. Ces. éminences
pourront.avec le tems augmenter confi-
dérablement & devenir des collines qui,
dans une longue étendue de terrein, fe
trouveront comme les ondes qui les auront
produites, dirigées de même fens, & formeront
peu à peu une chaîne de . montagnes
; ces hauteurs une, fois formées, feront
un obitacle à l’uniformité du mouvement
des eaux ; entre deux hauteurs voifines,
il s’établira néceffairement un courant qui
fuivra leur diredion commune, 8c qui
coulera comme coulent les fleuves de ,1a
terre , en fuivant un canal dont, les angles
feront alternativement oppofés dans toute
l’étendue de fon cours.
Buffon ne fe borne, pas là, il fuppofe
encore que ces hauteurs formées au-deflus
de la. furface du fond peuvent augmenter
encore; de plus en plus. Il fuppofe aufli
que les eaux qui n’auront eu que le mouvement
du flux auront dépofé fur la
cîme des hauteurs le fédiment ordinaire,
8c que celles qui auront obéi au courant,
auront pu entraîner au loin les parties qui
fe fer oient dépofées entre deux , & qu’erf
même tems elles auront creufé au pied
de ces montagnes un vallon dont tous lèsi
angles auront dû fe trouver correlpondans.
Par l’effet de ces deux mouvemens, Euffon
ne doute point que le fond de la mer
n’ait été bientôt fillonné , trayerfé de collines
& de chaînes de montagnes, enfin,
femé d’inégalités telles que nous les trouvons
aujourd’hui à la furface des continens.
Peu à peu les matières molles dont lés
éminences fe font trouvées compofées
ont été durcies par. leur propre poids ;
las autres formées de, parties purement
argilleufes, auront produit les collines de
glaifes qu’on trouveentant d’endroits. D’au-
_tres compofées de parties fablonneufes &
criftallines ,E ont fait ces énormes amas
de rochers d’où l’on tire le criftalde roche
&. d’autres criftallifations ; d’autres, faites
de parties propres à fe pétrifier , mêlées
de coquilles, ont formé ces bancs de pierre»
& de marbre où nous retrouvons ces
coquillês.aujourd’hui. D’autres enfin, com-
polëes d’une matière encore plus co^uilleufe
ont produit les marnes, les craies & les
ferres.
- Toutes ces matières font pofées par lits
qui contiennent des fub fiances hétérogènes ;
les débris des productions marines s’y
trouvent en abondance. Les coquilles les
plus légères font dans les craies, les plus
pefantes dans les argillcs & dans les pierres
, & elles font remplies- des matières
mêmes des pierres & des terres, au milieu
desquelles on les trouve, preuve incontef-
table qu’elles .ont été tranfporcées avec la
matière qui les environne, & qui les remplit
, & que cette matière étoit réduite en
particules impalpables dans le tems du
tranfport. Enfin, une dernière obfervation
efl que toutes ces matières dont la Ctua-
tion s’eft établie par le niveau des eaux
de la mer., confervent encore aujourd’hui
cette première pofition.
Buffon après cette expofition détaillée
de l’arrangement des fubflances terreflres,
fe propofa d’expliquer encore pourquoi
la plupart des collines 8c des montagnes
dont le fommet efl de rocher de pierre de
taille où de marbre , ont pour bafe des
matières plus légères , qui font ou des
monticules de glaife ferme & folideou
des couches dejfable qu?on retrouve vo.i-
fines jufqu’à une diflance allez grande..
L’eau d’abord aura tranfporté la glaife
ou le fable qui faifoit la première couche
des côtes ou du fond de la mer , ce
qui aura produit la bafe de ces montagnes1,
compofée de tout ce fable , de toute
cette glaife raffemblée ; après cela les
matières les plus fermes & les plus pefantes
qui fe feront trouvées au-deflous, auront