
s’ytrouvoient primitivement mêlées. En
formant ces tables de pierres dures, la matière
s’eft beaucoup condenfée, non-feulement
par la cohélion & le rapprochement
des parties fimilaires, mais encore par
l’exclufion du fluide furabondant qu’elle
contenoit. C ’efl aufli vraifemblablement
en fe reflerrant de toutes parts , & félon
des Iphères plus ou moins grandes d’activité
, qu’il s’ eft formé dans cette pâte des
cavités & des fentes qui s’étendent daris
toutes les parties des tables de quartz. La
matière quartzeufe pure & fans mélange',
ou imprégnée de quelque fubftance métallique
, a pu facilement fe raSembler
dans ces cavités & y former des eryft iuk
à l’ordinaire, lorfque les cavités le pemet-
toient. V o ilà en peu de mots la marche
de la nature dans la formation des pierres
dures dont on trouve des filons, comme
font ceux des jafpes de Sic ile , ceux des
montagnes du val de Sierra 8c les calcédoines
de Volterre. La théorie de cette
formation eft trop évidente & trop aflùrée
par les faits & les réfultats ; elle n’a befoin
d’autres preuves que celles que fournit une
limple obfervitipn fur les lieux. Ainfi l’on
voit par-là que le quartz n’eft pas dans ces
circonftanees une pierre parafite ou fecon-
daire ; mais qufil eft , lorfqu’il eft feu l, une
pierre première qui conftitue un grand
nombre de filons entiers des montagnes
primitives fur - tout én Tofcane, & qu’il
ne fe trouve jamais dans les collines.
Cette propofîtion femblera d’abord
étrange & paradoxale à ceux qui n’ont vu
de pierres dures que dans quelques cabinets,
ou mifes en oeuvre dans quelques attèliers.
Mais on en reconnoîtra la vérité, lorfqu’on
obfervera fans prévention les pierres dures
dans les montagnes primitives elies-mêmés.
On trouvera que tous les jafpes des car-'
rières font compofés de quartz pétrifié,
comme tout ce qu’elles contiennent ; d’où
réfulte cette variété infinie dans la couleur,
le tiflù & la dureté des jafpes. Leur fubf
tance démontre évidemment qu’ils ont
pour bâf* une pâte quartzeufe. Ce qu’on
voit clairement dans les mafles des jafpes
de Sicile, mêlés d’agate & de calcédoine,
dont on voit de grands morceaux dans
l’arfenal de Pife & dans la grande galeris
de Florence. Les agates elles - mêmes
ont été originairement du quartz, qui
trouvant peu de matières hétérogènes, a
formé une plus grande quantité de cryf-
tallifatipns. Les calcédoines & les cornalines
doivent également leur origine aux
cryftallilâtîons du quartz, que la petite®;
des cavités ou quelqufe mélange hétérogène
ayant empêché de déployer leurs aiguilles,
ont forcé de s’arrêter dans leur
croifiànce & ’ de former des efpèces de
boutons ( cogoli), L e quartz a eqçore
une grande affinité avec les méjaux dont
il eft fouvent imprégné; en un mot le
quartz eft un des principaux 8c plu?, confi-
dérables matériaux qui conftituentles montagnes
primitives.. Si cependant on en
trouve quelques veines ou quelques croûtes
dans différentes pierres, Targioni ne croit
pas pour cela qu’on doive l’appeiler une
pierre parafite ou fecondairé, ou iatrn
de pierre dure, parce qu’en l ’examinant
avec attention, on voit que cette veine ou
croûte s’eft emparée de la pierre voifiqe par
fa propre force de cohéfîon.
Il fuit de cette théorie que les rnéthpdes
inventées jufqu’à préfent pour cfiftinguer
les minéraux & fofliles ne font pas naturelles
; qu’on auroit dû faire une ckfle a
part des. pétrifications quartzéufes dans laquelle
auraient été eomprifes celles qui
ont formé leurs’ cryftaüifatiqns., comme
les çryftaux de roche, & celles qui n’ayant
pu"leur donner les mêmes dévçloppemèns,
font demeurées (impies pâtes de quartz
mêlées de divérfes lùbftapces, ppmmeles
jafpes ôc autres pierres dureg.-ïl fuit en
fécond lïeù que lés filons de, pierres à
meules & ceux plus fpongieux de Mobilier/
font du quartz pétrifié avec les terres
qu’il contenoit, de la même maniéré dont,
on a dit que fis formoienç le$ jafpes, U
fuit enfin que le quartz & toutes les pétrifications
qui lui doivent leur origine, ne
font pas des pierres parafites ou fecon-
daires comme les tartres, mais des pierres
primitives fondamentales & conftituântes
des montagnes entières. Il en réfulte qu’on
peut déterminer quel eft le plus ancien du
tartre ou du quartz, 8c lequel des deux
conftitue feul les filons des montagnes primitives.
Cependant il ne feroit peut-être pas
hors de p rop os de faire voir en même temps
que les fpaths, dont on trouve piufieurs variétés
qui n’ont été ni obfervées ni nommées
par les naturaliftes, étoient dans le
principe des fucs lapidifîques raffemblés
en grande quantité , 8c coagulés comme
le quartz avec toutes les fubftanccs hétérogènes
qu’ils contenoient. C ’eft pour cela
qu’on peut confidérer piufieurs efpèces de
fpaths dont On nè connoît pas le nom
comme l’efpèce générale d’où tirent leur
origine toutesles variétés de pierres tendres
qui.fe fubdivifent à l’infini. Mais en faifant
tous les jours des obfervations plus foi-
gnéesencore d’après ces vues, on pourrait
étendre cette théorie, & alors quelque
lÿflême de Cofmogonie en recevroit un
grand échec ; mais à k fuite le règne minéral
pourrait vraifemblablement être diftri-
bué avec plus de connoiflance & de méthode,
en elaffes, en genres & en efpèces
ou variétés.
Voici encore d’autres confîdérations fur
1 emploi que la nature a pu faire du quartz,
fargioni a trouvé parmi les fiions de
pierl-e morte des veines très-confidérables i
de quartz qui font incorporées & prefque
Renfermées dans la pâte de la pierre morte.
croit qu elles font contemporaines à cette
P,erre , & qu’elles ne fe font pas infinuées,
tomme le prétendent quelques naturaliftes,
ans les fentes de ces mafles pierreufes déjà
Régulées & même durcies. On voit dans
** piufieurs fortes de quartz qui
varient fuivant les divers mélanges pierreux
dont ils font compofés ; enforte
flu i* fe rencontre dans une même veine du
quantum rupeflre byalinum , pellucidum ,
tinclum, album , diaphanum & fubopacum,
dont Linné fait des efpèces différentes du
| même genre. Il eft vrai qu’il eft difficile
de démêler un caraâère dîftinâif & conf-
tant entre ces efpèces fuppofées , & ifeft
vifibie que c eft la feule & même nature
de pierre altérée ou mafquee par les divers
mélanges qui ont concouru à leur formation.
L ’infpeâion de la pâte du quartz
démontre clairement cette variété. Par
exemple ,■ dans une grande veine de quartz-
la pâte tranfparente du cryftal de roche
appelle par Linné quantum aqueum ou
aquei coloris, ou byalmum pellucidum
devient dans le fond nébuleufe , blanchit
graduellement, prend tout-à-fait la couleur
blanche qui fe charge fuceeffivement
de jaune , de couleur orangé, de noir, &c.
fans ceffer pour cela d’appartenir à là
même veine de quartz. Vouloir faire de
toutes ces nuances autant c^efpècesjce feroit
vouloir compter pour autant d’efpèce*
différentes de marbre toutes les taches & les
veines qui fe trouvent dans un échantillon-
Linné dit encore du quartz tranfparent ;
Natum ex aquâ in rupib'us detentâperafi-
ticumjimperfiât, licet fæpe di/perfum; &
du quartz blanc ; Natum ex aquâ cum
atomes calcarïis ; & enfin de Celui qui eft
de piufieurs couleurs t Natum ex quartzy
byalino a métallo tinclum. Targioni ajoute
à ce^fujet que fi l’illuftre auteur entend
par 1 eau le véhiculé aqueux dans lequel
etoit noyee la matière quartzeufe, fa propo-
fition eft vraie ; &. dans ce Cens on pourrait
dire de l’alun ; Natum ex aquâ in
cupis detenta. Mais autrement- il faudrait
toujours fuppofer la préexiftence de la matière
quartzeufe dans l’eau pour que le
quartz fe coagulât, puifque l’eau feule ,
f , elle ne contenoit pas de fel alumineux ,
n en dépoferoit pas aux parois des vafes.
La couleur tranfparente femble être la plus
naturelle de cette pierre } & dépend de la