
d’une grande mer fîtuée entre les tropiques.
2°. Que les lieux où il doit tomber
la moindre quantité de pluie, efl la partie
la plus intérieure du continent d’Europe
& d’Alîe, dans une latitude tempérée.
—
Au moyen d’un exemple qui ferve à
confirmer chacune de ces propofitions ,
on pourra également appuyer la théorie.
Le premier de ces exemples fe tirera de
la grande quantité de pluie qui tombe
aux Indes Orientales , lefquels pays cor-
refpondent aux circonftances de la première
propofition. Car on a trouvé qu’il
étoit tombé dans une contrée pendant
une faifon 104 pouces d’eau, ce qui eft
au moins trois fois la quantité qui tombe
généralement dans les régions foumifes à
nos obfervations.
c ° . La théorie appliquée aux obfervations
météorologiques.
Après avoir comparé, avec les principes
de la théorie, ce qui a lieu fur le globe
relativement à la formation & à la chute de
la pluie, & avoir fait connoître la cor-
refpondance de ces principes avec les eifets
phyfîques , il me paroît convenable d’examiner
les phénomènes généraux que nous
offre une étendue partiGuiière d’une contrée
la terre, telle que la Grande-Bretagne;
phénomènes qui peuvent être connus &
confiâtes au moyen des obfervations météorologiques.
Dans une île , telle que la Grande-Bretagne
, où régnent des fuites de vents variables
& d’une chaleur tempérée , recevant
plus ou moins d’un côté l’influence du plus
grand continent de la terre , & de l’autre
celle de l'Océan Atlantique, il femble qu’on
foit autorifé à conclure des principes de
la théorie qu’il y pleuvera fouvent, fans
qu’il y tombe des quantités de pluies confidérabtes
à chaque fois ; & que le climat
de ce pays , confidéré relativement à la fé-
chereffe ou à l’humidité , doit être plus
humide que fec. C’eft effeâivement ce que
l’on obferve en comparant l’Angleterre
avec les régions du continent qui font plus
fèches. Mais ce qui efl maintenant le plus
intéreffant, c’eft de déterminer quelles
font les circonftances qui accompagnent
les pluies fréquentes de ce climat variable :
car nous avons ici la meilleure occalïon
de confirmer notre doétrine, fi nous y
découvrons les conditions néceffaires , fui-
vant la théorie , pour la formation de la
pluie.
En examinant les obfervations météorologiques
de ce pays dans la vue d’éclairer
8c de confirmer la théorie , il fe préfente
trois objets, qui demandent chacun une
attention particulière. Le premier eft le
mouvement & la direétion des vents ; le
fécond, les degrés de chaleur indiqués par
le thermomètre placé dans l’atmofphère ;
le troifième eft le changement du poids de
l’atmofphére déterminé par le baromètre.
Il faut do'^c confidérer ces trois chofes
variables, relativement à la pluie ou à la
féchereffe qui peuvent avoir lieu à la fuite
d’une ou de piufîeurs de ces circonftances.
C’eft le feul moyen de découvrir quelle
eft celle de ces caufes qui doit être cenfée
influer le plus dans l’effet qu’on remarque;
& quelles font celles qui ne doivent être
confîdérées que comme des accompagne-
mens de la première.
Rien ne nous paroît aufli remarquable
que le mouvement & la direélion des vents.
Mais aufli rien ne peut plus nous égarer
que de raifonner d’après -ces apparences,
lfi’ nous les confidérons comme la caulè
dominante dans les changemens qu’éprouve
l’atmofphère , & comme fervant à expliquer
les effets de ces changemens. En
faifant nos obfervations fur les vents, nous
fommes bornés à un lieu très-peu étendu ,
qui peut être confidéré comme un point
H U T
dans la Jigne de la direélion du vent ; 8t
d’après nos obfervations faites dans ce lieu,
nous Jjsmmes portés à juger des opérations
de I4 nature qui embraffent une grande
étendue de pays.
Quand , par exemple, le vent fouffle
del’oueft , d’après notreobferyation, nous
difons qu’il eft venu de l’Océan Atlantique ;
& quand il fouffle de l’eft , nous en concluons
qu’il a traverféle continent. Cepen-,
dant, à moins que nous ne fuppofions que
le vent a confervé dans fa marche la ligne
droite , il eft évident que , par des circonftances
très-faciles à admettre , il eft
ppffible que le vent dans ces deux cas , au
lieu de venir , comme nous l’imaginons,
de l’eft ou de l’oueft , peut véritablement
être venu du nord ou du midi. Or,, quiconque
confidéré la nature des mouvemens
dans l’atmofphère , doit reconnoître que
la ligne droite eft celle qu’il y a le moins
de raifon de fuppoler dans les vents variables
du globe ; & ce font maintenant les
feuls vents qui nous intéreffent.
Il efl aifé de voir d’ailleurs combien eft
grande la différence qu’il y a quant aux
effets ehtre un vent d’eft ou d’oueft , ou
bien entre un vent du midi d’un côté, &
un vent du nord de l’autre. On fent quelle
confufion dans nos obfervations, il peut ré-
fulter de celle d’un vent pris pour un autre.
Hutton prétend , à cette occafion , qu’il
faut corriger les incertitudes fur la direction
des vents par les degrés de chaleur
ou de froid qui font marqués par le thermo
mètre , attendu que cette indication du
thermomètre eft d’une certitude plus grande
que celle de la direélion du vent.
Ayant appris à faire état de la variation
diurne du thermomètre , il convient d’examiner
la température de l’atmofphère qui
eu réfulte & qui varie à proportion , ainfi
que les caufes de ces changemens. Mais il
eft évident que rien dans la nature, ne peut
tant contribuer à changer la température
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de l’atmofphère, qu’un changement dans
la direélion du vent, en fuppofam que
dans nos obfervations , il ne donne pas de
fauffe indication. Il eft impofïible, par
exemple , que l’atmofphère méridional
foit tranfporté fur la Grande-Bretagne fans
produire nne chaleur au-deffùsde la température
moyenne de la faifon dans laquelle
eft faite l’oblervation , ou que le vent
vienne du nord fans produire un effet
oppofé. Par conféquent, on peut, d’après
cette confidératioil, établir ce principe ,
que chaque fois qu’on éprouve un degré
de chaleur au-deffus ou de froid au-deflous
de la température moyenne, ou de celle
qui.eft propre à la failon où l’on obièrve,
il faut l’attribuer au mouvement de l’atmofphère
foit du midi , foit du nord ,
quoique notre obfervalion puiffe avoir
donné une autre indication du vent.
Il n’y a rien de bien décidé par rapport
, aux vents d’eft ou d’oueft qui contribuent
aux tranfports & aux mouvemens de l’atmofphère
: Hutton penfe qu’il faut faire
plus d’attention à la chaleur & au froid
de ce fluide , comparés avec la température
moyenne de la faifon , qu’à la direction
fuivant laquelle le courant paffe au-
deffus de nous.
Les phyficiens en obfervant la corref-
pondance des changemens qu’éprouve le
baromètre quant à la hauteur, avec la dif-
pofidon de l’atmofphère a la pluie , ont
jugé que l’un de ces faits étoit dans un
rapport avec l’autre, comme la caufe à
l’effet.
Les grands changemens dans l’atmofphère
qui occafîonnent les montées & les
defcentes remarquables du baromètre, ne
font pas bornées à un petit efpace autour
du lieu dé l’obfervation ; mais ils font d’une
grande étendue. La comparaifon de plu-
fieurs regiftres prouve ce fait. Car , à la
diftance de 4O0 milles & peut - être de
beaucoup plus , deux baromètres ont pref