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terre , & comme offrant l’image d une
force qui a contribué li linguliérement a
la conftitution aduelle du globe de la
terre.
L ’auteur croit avoir trouvé des preuves
de cette doâririe en nous faifant voir , au
milieu des nombreux produits du feu des
volcans, ce qu’il coniidère comme une
abondance de laves fouterrai nés non ifo,
terrompues : il les trouve dans les rochers
de Bafaite , dans le trapp de Suède ,
le toadftone du Derbyshyre , le rag-ffone
& le whin-flone d’Angleterre & d’Ecofle,
dont Hutton cite des exemples particuliers
en décrivant deux différentes formes ,~fou's
lelquelles ces différentes fubffances fe font
prérentées à lui.
En faifant le dénombrement de ces laves
fouterraines, il a foin en même terris
d’affigner les caradères qui peuvent fervir
à les diffinguer des laves volcaniques ordinaires,
& nous devons dire ici que ces caractères
peuvent fuffire aux yeux des natura-
liftes inftruits pour leur faire douter que
les laves fouterraines de Hutton foient des
produits du feu.
On voit que dans ce fÿftême les
corps durs & folides doivent avoir
été formés de corps mous & de matériaux
séparés & incohérens , raffemblés
au fond de la mer , & que ce fond doit
avoir été chargé de matériaux, de manière
à pouvoir éprouver un changement con-
fîdérable dans fa pofition relativement au
centre de la terre : & à prendre la forme
d’un continent élevé au-deffus du niveau
de la mer; enfin à devenir une terre fertile
& habitée, malgré un loulevement
confidérable par Faétion des feux fouter-
rains.
Hutton ayant établi un lyflême, fuivant
lequel la terre aduelle a d’abord été formée
au fond de l’Océan,, & enfuite élevée au-
deffus de la furface de la mer, il fe préfente
une queftion par rapport au tems
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qui a été néceffaire poü* accomplir ce
grand ouvrage.
Pour affeoir un jugement à ce fujet,
l’attention du naturaiifte Ecoffais s’efl
tournée vers un objet important, je veux
dire la nature de la terre qui a précédé
celle fur laquelle nous fommes , fa durée,
& fa reffemblance. Il paroît que quant à
fa reffemblance, on peut en juger par
l'abondance de toutes les produdions
végétales aulfi-bien que par les dépouilles
des animaux de plufieurs efpèces qui fe
trouvent dans la terre aduelle. Enfin,
quant à fa durée , Hutton croit qu’on
peut en faire l’eftimation, en conlîdérast
.le dépériffement de la terre aétueiie qui fe
paffe continuellement fous nos yeux. Ce
dépériffement ell le lavage graduel de nos
fols par les eaux pluviales torrentielles,
& par la deff rudion des rivages de la mer
qui efl due à l’agitation des flots.
Si nous pouvions mefurer le progrès de
la deftrudion de la terre par les eaux courantes
& par la mer , il femble que nous
pourrions apprécier la vraie durée de
l’ancienne terre qui a nourri les plantes &
les animaux dont nous avons parlé, &
qui a fourni à l’Océan les matériaux qui
font entrés dans la conftrudion de la terre
aduelle. Nous aurions, félon Hutton, la
mefure d’un efpace de tems correlporidant,
favoir de celui qui a été néceffaire pour
produire la terre aduelle. Mais fi au contraire
on ne peut fixer de période pour la
durée ou la deftrudion des deux fortes de
terres , fur ces obferyations de la nature
qu i, quoiqu’elles ne foient pas fufceptibles
d’être mefurées,, n’en font pas moins indubitables,
Hutton fe croit autorifé à tirer
les conduirons fuivantes ;
l° . Qu’il a fallu un tems indéfini pour la
produdion delà terre quiexiffemaintenant.
2° . Qu’un efpace égal a été employé
à la conllrudion de l’ancienne terre j d’où
font
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font venus les matériaux de la terre pré-
fente,
:° , Et enfin, qu’il y a préfentement au
fond de l’Océan le fondement d’une terre
future qui doit paroitre après un efpace
de tems indéfini.
Comme les obfervations des hommes ne
peuvent leur fournir des moyens propres
à mefurer la perte graduelle de nos continens
, il en réfulte. que nous ne pouvons
eltimer la durée de cqlui que nous voyons ,
ni calculer l’époque à laquelle il a com-'
meiicé , de forte, que,, par rapport à nos
obfervatipns , ce monde n’a ni commencement
ni fin.
Nous n’entrerons.pas dans les difcuf
lions qui ont plus pour objet les preuves
morales que lçs preuves phyfiques. D ’ailleurs
, on verra dans l’extrait de la differ-
tation qui vafuivre, la marche de l’auteur
dans l’obfervation de la nature, & furtout
dans l’emploi des 'faits bien difcutésr
§. I I.
Extrait du mémoire de Hutton fur la théorie
de la terre, publié en 1788.
Ce mémoireeftdiffribué en trois parties.
Dans la première , Hutton nous fait en-
viager le globe terreflre comme com-
p'olë , i ° . d’une malfe folide ou noyau ;
2°. de l’Océan j 30. des terres habitables
irrégulièrement élevées au-deflus du niveau
de la mer ; f . de l’atmolphère, où le
mouvement efl produit par la gravitation ,
b lumière, la chaleuf, l’éledricité & le
magnétifme.
Nous ne nous occuperons ici que des
terres ou des continens, que la nature,
fuivant Hutton , a deflinés à une deilruc-
tton continuelle. La partie folide * a dû
s atténuer pour produire des - végétaux; ■
Ces eaux en ont entraîné les ' débris dans
Céographie-Phyfique.. Tome I .
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la mer par les rivières & les fleuves, &
1 Océan les a ûiflribucs fur Ton fein par;
couches & par fédimens plus ou moins
étendus..
Mais d’autres caufes ont contribué à la
formation des nouvelles terres qui dévoient
devenir de nouveaux continens ; l’étude
de ce qui s’opère fur les bords de ta mer,
comme dans fon baffin, nous montre les
fables & les graviers , ainfi que les cailloux
roulés qui font dus à l’adion dès. flots le
long des côtes. Outre cela , les çourans
les mêlent aux marnes & aux argiles qui
fe détachent de ces mêmes bords : enfin,
de nouveaux fyflêmes de couches h or:-
fohtaiés font formés chaque, jour par h s
coquillages & les animaux marins détruits
au fond de l’Océan,
Ce qui fe paffe aduellement s’efl opéré
dans tous les ficelés avec la plus grande
régularité , & cette fuite d’événemens efl:
d’ailleurs prouvée par une fuite d’obfer-
vations qui nous ont fait connoltre.
1°. Qu’il y a peu de couchés calcaires
à quelque élévation qu’elles fe trouvent
placées , qui ne contiennent des dépouilles
d’animaux marins.
2°. Que dans les couches évidemment
marines , il fe trouve-du fpalh calcaire1.
Hutton en conclut que les couches calcaires
, au milieu defquelles ne rélident pas
des corps marins ou leurs débris reconnoiffa-
bles proviennent également des animaux
marins., puifqu’ort y rencontre plufieurs filons
ou cryflaux de fpath calcaire : il en,
réfulte enfin que toute couche horifon-
tale calcaire a été formée dans la mer.
Le naturaiifte d’Edimbourg , après ces
confidérations , ne fe borne pas à expliquer
comment toutes ces matières
font forties de deffous les eaux au milieu'
defquellès la nature', les a formées &
organifées ; il croit devoir examiner
auparavant pourquoi elles ne font pis
dans l’état où elles ont été dépofées ,
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