
fleuves font des canaux qui épuifent l’eau
répandue fur Lescontinens. J’obfervequ’au-
lieu de fe ramifier en plufieurs branches,
ils-réuniffent au contraire leurs eaux , &
les vont porter en malle dans la mer ou
dans les lacs. Je ne vois qu’une exception
à cette difpofition générale, c’efl
la communication de l’Orénoque avec une
rivière qui fe jette dans le fleuve des
Amazones : les hommes ont lenti l’avantage
de cette efpèce d’anaftomofe , en
liant les lits des rivières par des canaux.
La direâion des fleuves dans tout leur
cours elt affujettie aux configurations desmontagnes
& des vallons où ils coulent ;
de forte qu’une desmontagnes qui borde un
vallon ayant une pente moins rapide que
l’autre qui lui eft oppofée , la rivière prend
fon cours plus près de celle qui a une
croupe plus roide & plus efcarpée , & ne
garde point le milieu du vallon : elle
n’occupe le milieu que lorfque les pentes"
font égales. Les fleuves ne fuivent les montagnes
principales, d’où ils tirent leur
origine, que îorfqu’ils font refferrés entre
deux chaînes; mais dès qu’ils fe répandent
dans les plaines latérales , ils coulent perpendiculairement
à la direâion des chaînes,
en fuivant les montagnes du fécond ou
troifième ordre ,où ils trouvent différentes
rivières qui les enrichiffent de leurs eaux.
En conféquence de la plus grande pente
que les fleuves trouvent en s’échappant
des plaines montueufes qu’ils rencontrent
dans l’intérieur des' terres, la direction de
leur canal eft ordinairement droite fur une
certaine longueur. Oh remarque que les
grands fleuves coulent perpendiculairement
à la côte où ils fe jettent dans la mer,
& qu’ils reçoivent de part & d’autre des
rivières qui s’y rendent, en indiquant une
pente marquée des deux côtés. Dans l’ar-
rondiffement de certains golfes, vous ob-
fervez Un femblable arrondiffement pour
les rivières qui s’y jettent en s’y portant
comme vers un centre commun , leurs
canaux s’épanouiffènt dans tout le conto
u r ;-ils indiquent les vallons qui ont
formé le golfe/ Cette difpofition eft fen-
fîble dans les rivières qui fe jettent à l’ex-i
trémité du golfe de Bothnie,
Un phénomène régulier & confiant ,
eft cet accroiffement périodique qu’éprouvent
un grand nombre de fleuves , & fur-
tout ceux qui ont leurs fources entre les
tropiques; ils couvrent de leurs eaux les
plaines voifines à une très grandp diftance.
Les autres n’éprouvent que de ces crues
irrégulières & brufquées , qui (ont la fuite
de la' fonte des neiges ou des pluies abondantes.
Les uns font rapides, d’autres
roulent plus tranquillement leurs .eaux ; &
,cela garoît, toutes chofes égales d’ailleurs,
dépendant de la diftance de leur fource à
leur embouchure ; en forte que de deux
fleuves qui partent du même point de
partage , & qui vont à la mer par différentes
routes, celui-là eft le plus rapide
dont le cours eft le moins étendu. Quelques
uns fe perdent dans lés fables , ou
difparoiffent dans des fouterrains ; enfin ,
je remarque aux embouchures des grands
fleuves , quelques îles & quelques amas
de fables qui divifent leurs lits en plufieurs
bras.
Nous renvoyons , quant à ce qui concerne
les fources , les lacs 8c les fleuves ,
/non feulement aux articles du dictionnaire
où l’on trouve de plus grands éclairciffe-
mens , mais encore à notre Atlas pour les
phénomènes qui feront conftatés fur les
cartes.
Affections générales de la flruâure intérieure
ù régulière du globe. ..
Ce qui me frappe d’abord en creufant
dans la terre , c ’eft que dans une grande
partie de fal’uperficie ia maffe eft comppfée
de lits & découches, dont l’épaiffeur, la
direâion , &ç. font affujetties à des djfpo-
fitions régulières & confiantes. Ces couches
ont des é'paiffeurs différentes, qui
varient depuis une ligne jufqu’à 30 ou 40
v pieds.
pieds. Ces bancs, ces lits recouvrent aufli
une très-grande étendue de terrein en tout
fens; excepté la couche de terre végétale,
toutes ces couches font pofées parallèlement
les unes fur les autres ; & chaque
banc a le plus fouvent une même.épaif-
feur dans toute fon étendue.
Les lits de fubflances terreftres qui font
parallèles à l’horifon dans les plaines, fe
trouvent aufli au pied des croupes de montagnes
qu’elles forment ; on y trouve de
même des couches inclinées à l’horifon. Si
la pente de la montagne eft douce , l’incli-
narfon des couches eft très-grande ; , ;fi la
croupe de la montagne eft efcarpée, ou
bien les couches font coupées à pic &
interrompues par des éboulemens , ou bien
elles s’abaiffent fuivant la pente , & gagnent
ainfi les plaines.
Lorfqu’au fommet d’une môntagne les
couches font horifontales , toutes les autres
qui compofent fa maffe font aufli parallèles
à l’horifon ; mais les lits du fommet penchent
ils , les autres couches de la montagne
fuivent la même inclinaifon.
Dans certains vallons étroits formés par
des montagnes efcarpées, les couches que
l ’on y apperçoit coupées à pic & tranchées
, fe correfpondent par rapport à la
hauteur , à l’épaiffeur , à la difpofition, à
la nature des matières qui les compofent,
comme fi la montagne eût été féparée par
le milieu.
Dans les maffes des montagnes , les lits
intérieurs des angles faillans ou rentrans
éprouvent la même difpofition que les
contours extérieurs : ainfi les phénomènes
de la furface paroiffent liés avec ceux de
la configuration intérieure & nous la découvrent.
L ï même régularité a lieu par rapport
à deux collines qui fe fuivent parallèlement
; les mêmes couches s’y continuent
Gçographie-Phyfique, Tome I .
de l’une à l’autre enbon ordre. Nous devons
obferver que le niveau n’a lieu pour la
hauteur des couches correfpondantes, que
dans le cas où les deux collines ont une
même hauteur ; ce qui eft affez commun.
Il faut cependant remarquer que cette
organifation ne fe trouve pas partout ainfi.
Les montagnes les plus élevées , foit dans
les continens, foit dans les îles , ne font
proprement que des maffes qui s’annoncent
par des pics ou fommets coniques , com-
pofés .de granits , de rocs vifs ou d’autres
matières vitrifîables ; celles dont les fommets
font plats contiennent des marbres,
des pierres à chaux. Les collines dont la
maffe eft de grès en couches inclinées ,
préfentent1 partout des pointes irrégulières
qui indiquent des couches peu fuivies 8ç
un amas, de décombres : celles qui font
coropofées de fubflances calcaires , de
marbres , de pierres à chaux , de marnes
j 8cc. ont une, forme plus arrondie
& plus régulière.
D ’après les différentes obfervations dont
nous venons d’indiquer les réfultats, on
peut diftinguer huit fituations & formes
différentes dans les couches terreftres ;
l p. de parallèles à l’horifon; 2 °. de perpendiculaires
; 30. de diverfement inclinées;
4 ° . de courbées en arc-concave;
y ° . de courbées en arc-convexe ; 69. d’ondoyantes^
0. d’arrondies ; 8°. d’angulaires.
Koyes^ les coupes de l’Atlas où tous les
réfultats des obfervations précédentes font
repréfentés en' détail.
Ces différentes formes paroiffent dépendantes
des bâfes fur lefquelles les lits ou
aflifes font pofés. En fuivant l’arrangement
des couches , on n’a point trouvé que les
fubflances qui les forment foient difpofées
fuivant leur pefanteur fpécifique. Les couches
de matières plus pefantes fe trouvent
fur des couches de matières plus légères ;
des rochers maflifs. portent fur des fables
ou fur des glaifes.
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