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ne -s’enfuit pas que la maffe entière de ces r
continens ait eu la' même origine ; car J
au-deffus des -bancs pierreux .qui rerîfer-
ment des dépouilles d’atnmaux,'On trouve ■
des lits de fubftances étrangères; on ren-j
contre même au-déffous de ces couches
calcaires d’aUtres lits qpi ne renferment
aucun débris de ces animaux. D ’après la
fupérpoTition & les autres difpolitions de
ces diverfes fubftances , les meilleurs ob-
fervateurs ont inféré que ces lits avaient
été formés dans lebaffin de la mer : c’était
là le fans de la ,prcmière;propofition, telle
qu’elle avoir été avancée par le doâeur
Hutton ; mais depuis nous favDns qu’tl l’ a
reftreinte à cette partie intermédiaire qui
renferme les dépouilles des animaux marins
flratifiées par Taancs « meiées dans
certams endroits avec les dépouillés -des.,
animaux & des végétaux , tirés-des .parties
des continens qui [envoient de bords à la
mer. C’eft aiufi que d’une .propofition ,
reconnue comme generale., il en a forme
une particulière , reilreinte dans des bornes
fort étroites t voici maintenant ce qu il
fubftitue à cette généralité.
« Les couches de noscontinens ont été
» produites par l’accumulation de fubl-
i) tances provenant d’autres continens qu i,
» par l’aflion de l’atmofphère & les courans
» d’ eau depluie, ont été graduellement dé-
j? traits • les matériaux de ces coïuincns
x> étoient femblables à ceux que nous
» trouvons fur nos rivages. »
Ainfi l’on voit qu’en réfumant ees deux
prop olitions, le doéteur Hutton veut nous
faire croire que toutes les couches ter-
reltres font compofées ou des dépouillés
calcaires d’animaux marins & teneftres ,
ou du raffemblement de matériaux fem-
blables à ceux que nous trouvons fur nos
rivages.
Telle efl labâfefondamentale du fyftême
que nous difeutons maintenant : fi donc la
maffe de nos continens n’elt pas totalement
compofée des dépouilles calcaires d’animaux
marins ou de matériaux femblables
à ceux que nous trouvons fumos rivages,
la théorie qui n’a en vue que d’expliquer
lé mode de renouvellement de ces matériaux
en de nouveaux •continens, ne paroît
- pas applicable à toute la malfe du globe
terreftre.
Des naturaliftes qui ont étudié de plus
près cette maffe de nos continens dont le
D. Hutton paroît s’être occupé dans fes
méditations, y ont .reconnu quatre piaffes
crénérates de couches différentes : deux
d’entr’elles compofées d’efpèces diverfes ,
fouvent agglomérées , ont été défignées
par eux, pour abréger , fous les noms de
■ granits .& de.lchiûes quartzeux , de ftruc-
ture feuilletée, pians ou ondulés : les deux
autres fon t, i ‘\ les claffes de bancs.calcaires;
2 ° . ceux de pierre fableufe, granulée.,
communément peu .dure, qu’on
défignepar le.nom générique de.grèspces
quatre claffes de fubftances flratifiées ,
jointes aux autres couches ou amas füper-
ticiels , mais qu’on n’examine pas aujourd’hui
, con-ftituent ia partie qui nous efl
connue dans la maffe entière de nos con
tinens.
La première de ces clafîès renferme,
outre différentes fortes de granits , d autres
couches de diverlès natures de pierre :
des porphyres , des quartz écailleux &
granulés : des marbres cryftalins ou fta-
tuaires, des ftéatites , des gneiff & d’autres
pierres moins remarquables & d’un moindre
volume qui ont précédé -, quant au
tems de leur formation , celui des fehiftes
quartzeux.
La fécondé claffe, outre les fehiftes proprement
dits , renferme des pierres de
co rn e , & ce que les minéralogiftcs Aile'
mands nomment wacke ou roc gris.
Ces deux premières claffes de couches
font nommées primitives , comme ayanj
. ete
été formées dans un tems où il ne paroît
pas qu’il exiftât furie globe des êtres or-
ganifés. Mais. il faut obferver que cette
dénomination de primitives s’applique maintenant
aux couches feules , quelle que foit
leur pofidon , & non, comme on l’avoit
fait, aux montagnes : erreur que le doâeur
Hutton prend beaucoup de peine à réfuter
contre l’opinion de quelques naturaliftes
qui ont commis cette éauivoque , faute
de logique & de cet efprit d’analyfe ,fi
néceffaire pour affurer Mes. progrès de
l’hiftoîre de la terre.
Les couches de la troifième claffe qui
ont fuivi dans leur formation celles des
fchiftesjquartzeux , font lés bancs calcaires.
Cette claffe eft immenfe; elle appartient
toute entière à un même genre , mais elle
renferme différentes variétés : on voit dans
les grandes chaînes de montagnes qu’elle
fut homogène dans les premiers tems de
fa produétion, & c’eft-là qu’on commence
à remarquer des dépouilles d’animaux marins.
Les efpèces .calcaires ont changé fuc-
ceffivement dans d’autres périodes en alternant
quelquefois avec d’autres fortes de
couches , telles que certaines ardoifes , des
marnes tendres., des glaifes , & une forte
particulière de pierre à chaux, le tout
mêlé d’un" grand nombre de dépouilles
d’animaux marins.
Enfin, la quatrième claffe forme une
grande maffe très-diflinfte de grès ou pierres
de fable flratifiées..
On voit clairement la fucceffion qui
a eu lieu dans la formation de ces
quatre claffes , confidérées dans leur en-
femble ; & les caractères de leur fucceffion,
fe remarquent lorfque leur maffe commune
préfente des folutions de continuité.
Car partout où l’on découvre deux o u i
trois de ces claffes réunies avec leurs intermédiaires
, la claffe des fehiftes paroît
toujours repofer deffusou s’appuyer contre
celle des granits : d’un autre côté les bancs
ctlcaires fe trouvent appuyés de même fur
Géographie-Phçyfique. Tome I .
les fehiftes : enfin, les pierres de fables
rèpofent fur les bancs calcaires ou s’appuient
contre eux. Il y a cependant dans
ces fuperpofitions quelques irrégularités ,
que des obfervateurs attentifs ont fait découvrir
dans les grandes chaînes dé montagnes.
Quant à la partie baffe des continens
, je défordre y eft fi grand qu’il faut,
pour le débrouiller , que l’efprit ait été
amené, par les grands phénomènes , à faifir
les traits, principaux de leur enfembie.
Tels font les faits qui ont conduit les
obfervateurs les plus attentifs à fuppoler
que la maffé entière de nos continens avait
été formée par des opérations fucceffives ,
par des fortes de précipitations dont les
caufes exiftoient anciennement dans les
mers , mais ne s’y trouvent plus. Peut-on
fuppofer que toutes ces couches ont été
formées de matériaux des anciens continens
, entaffés pêle-mêle avec les dépouilles
des animaux marins ? C ’eft ce que nous
allons difeuter par la fuite.
Par quelles opérations de la nature peut-
. on concevoir que tous ces matériaux aient
été mis à part au fond de la mer à mefure
qu’ils y arrivoient, qu’ils aient été con-
fervés dans cet état pendant dès fiècles ,
■ jufqu’à ce qu’en fin à l ’époque où le globe
■ .a eu befoin de nouveaux continens, les
diverfes natures de fubftances qui com-
pofent les claffes dont nous avons parlé,
fe placèrent les unes au deffus des autres,
& partout dans le même ordre pour former
la maffe entière des continens telle qu’on
i’obferve.
Le doéleurHiitton,embarraffé fans doute
par les phénomènes, avoit, dans fon pre-’
mier ouvrage , mis de côté l’une des claffes
qu£ nous avons diftinguées. « Il y a ,
» difoit-il, une partie de la terre folide
. » que nous pouvons négliger , non que
"» nous loyons perfuadés que cette partie
» ne puiffe s’accommoder au mode de for*
» mation des autres, maisparce que nous la
» confidérons comme de nulle iinpor>*