
Je ne doute pas que ce premier examen
ne donnât des élémens infiniment variés,
relativement à la nature du fol qui abforbe
l’eau plus ou moins, & qui en facilite la
circulation aune profondeur plus ou moins
confidérable. Les différentes obfervations
que j’ai faites dans ces vues , m’ont fourni
de fréquentes occafions de connoître une
partie des circonftances qui , dans la na-
■ ture des divers fols & dans la difpolîtion
des matériaux qui les confiituent à la fuper-
ficie de la terre, favorifent le travail des
.eaux ou s’oppofent à ce travail. Je pourrois -
y joindre la quantité d’eau qui tombe fur
cette furface , & lui imprime fon aétion :
il me fernble avoir déjà remarqué que
l’approfondiffement des vallons étoit en
ù'aifon de cette quantité d’eau que rece-
■ voient les différentes contrées.
Une troifième confidératipn générale,
aura pour objet }a comparaifon des parties
de vallons qui font fecs , aux parties de
vallons qui font abreuvés. On fentaifément
combien il importe de déterminer comment
ces différens fyfiêmes de vallons fe
trouvent difiribués entr’eux , foit dans une
même contrée , foit dans le paffage d’une
contrée à une autre. Il
Il y a , par exemple , des contrées où
lès vallons fecs font entremêlés avec les
vallons abreuvés, & où l’on découvre
aifément, dans le même fol, les caufes
frappantes de cette diflribution & du rapport
des uns aux autres. Ces circonllances
varient encore plus fenfîblement, fi l’on
paffe d’une contrée à une autre ; car elles
■ font telles , que fouvent on ne trouve que
des vallons fecs dans certaines contrées
affez étendues , pendant qu’ils font tous
ou pxefque tous abreuvés dans d’autres.
Je dois dire que dans les confidérations
qui précèdent, il 'n’eft queftion que des
vallons qui s’obfervent à la furface de la
nouvelle terre : car fi je paffois aux vallons
de l’ancienne terre , ce feroit un autre
ordre de chofes , & les changemens que
j’y ai rencontrés m’ont tellement frappé,
que l’état des vallons m’y a paru pouvoir
être donné comme un caraélère diftinétif
de l’ancienne terre d’avec la nouvelle.
D’abord dans l’ancienne terre il y a très-
peu de terrein qui foit relié en plateaux
unis, fi on le compare à celui qui elt fil-
lonné en vallons : en fécond lieu, l’eau
circule fans interruption ' dans tous les
vallons & dans toutes les parties des vallons
, à quelque degré de hauteur que ces
vallons foient fitués.
Dans la nouvelle terre , au contraire,
les parties, les plus élevées & les moins
approfondies dans les vallons font conllam-
ment à fec. Comme dans l’ancienne terre
l’eau circule à tous le»niveaux , les vallons
y font creufés allez également partout.
Au relie , je renvoie à l’article vallon
du dictionnaire où tous ces phénomènes
feront développés avec des détails qui
autoriferont les conféquences que j’en déduirai
; j’ajoute ici que dans l’Atlas les
cartes des contrées où figurent tous ces
phénomènes, feront raffemblées avec foin
& deflînées avec exactitude.
§. V I.
Des lacs & de leurs emplacemens.
Tous les lacs dont les rivières ou les
fleuves tirent leur origine , tous ceux qui
fe trouvent dans leur cours ou qui en font
voilîns & qui y verfent leurs eaux , font
abreuvés d’eaux douces. Prefque tous ceux
au contraire qui reçoivent des fleuves ,
fans qu’il en forte d’autres fleuves , font
falés; ce qui fernble favorifer l’opinion du
dôâeur Halley fur les caufes de la falure
de la mer. Ce favant penfoit qu’elle étoit
produite par l’accumulation des principes
falins que les eaux des fleuves détachent
des terres , & qu’elles tranfportent continuellement
à la mer. C’eft ainfî que la
mer Calpienne, la mer Noire > le lac
Aral, la mer Morte font devenus des
amas d’eaux falées.
A l’égard des lacs qui ne reçoivent aucun
fleuve & defquels il n’en fort aucun , ils
font doux ou falés , fuivant leur origine
primitive. Car ceux qui font voilîns de la
mer & qui ont pu être abreuvés de fes
eaux font ordinairement falés ; ceux au
contraire qui en font éloignés & dont
les badins font fort élevés au-deflus de fon
niveau, font d’eau douce : on fent aifément
que les uns ont été formés par les inondations
de la mer , & que les autres font '
entièrement alimentés par des fources qui
s’y déchargent immédiatement.
En nous réfumant, nous pouvons dif-
tinguer trois fortes de lacs: Ie. ceux qui
ne reçoivent aucune rivière, & defquels
il n’en fort aucune; 2°. ceux qui reçoivent
des fleuves & donnent naiffance à des
fleuves; j ç. ceux qui reçoivent des fleuves
fans donner naiffance à d’autres, en forte
qu’ils font les égouts d’une ou de plufieurs
rivières. Il y en a un certain nombre de
cette dernière forte : ceux de la première
claffe font bien plus nombreux ,
quoiqu’en général leurs baflins aient très-
peu d’étendue : mais les lacs de la leconde
claffe fe trouvent affez communément au
pied des montagnes , & leurs baflins font
partie des grandes vallées que parcourent
les rivières & les fleuves qui ont leur
origine dans ces hauts fommets ; aufli
font-ils très-confidérables. Comme, en
conféquence de ces circonllances, ils ont
été obfervés avec le plus d’attention, ils
ont été décrits & figurés fur les cartes avec la
plus grande.exaétitude ; aufli la géographie-
phyfique fera-t-elle connoître avec foin
quelles font les différentes caufes qui ont
concouru à leur formation ; il en efl de
même de ce qui concerne les deux autres
fortes de lacs, dont les pofitions peuvent
intéreffer également rbifloire de la
terre.
§. VI I .
Des mines de charbon de terre & de leurs
emplacemens.
Depuis qu’il a été reconnu , ainfî que
je l’ai expofé dans la notice de Rouelle,
que les mines de charbon de terre étoienc
des dépôts de l’ancienne mer , formés le
long des côtes de l’ancienne terre, je les
ai confîdérés comme un des objets les
plus curieux & les plus intéreffans dont
la géographie- phyfique puiffe s’occuper.
Il n’eft pas poflible que dans le tracé des
limites de l’ancienne terre, exécuté fuivant
les principes que j’ai fait connoître ci-
devant , on ne rencontre les diverfes couches
de ces mines , & qu’elles ne fe
préfentent de manière à être figurées fur
les cartes de cette ancienne terre & même
fur celles de la moyenne. Il n’y a pas de
doute que ces mêmes maiïifs de combuf-
tibles ne fe rencontrent furtout dans les
baies , dans les détroits , en un mot,_ dans
les vallées anciennes & modernes qui ont
pris la place des anciens golfes : on pourra
même indiquer la direétion des filons, &
l’on fera voir qu’ils font perpendiculaires
aux côtes de l’ancienne terre qui ont fourni
les matières végétales & les terres qui les
ont recouvertes. L’on démontrera de
même que des maflïfs de charbon de terre,
placés -fur les deux bords ' correrpondans
de l’ancienne terre plus ou moins éloignés
lesuns des autres , & dans l’intervalle defquels
il y a un dépôt confidérable appartenant
à la nouvelle terre, n’ont pas né-
ceffairement la même direâion & la même
allure. Quoique ces mines tiennent au
; même ordre de chofes & qu’elles appar-
tiennent à la même époque , cependant
ce font des dépôts particuliers & qui doivent
leur formation à des circonftances
qui leur font propres, & dont l’influence
paroît bornée à chacune d’elles. Quoique
tout ce qui s’efi trouvé peupler certaines
contrées de l’ancienne terre en forêts, ait
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