
le contraire dans le golfe de Bothnie, au j
point que le peuple y connoît, par le
degré de la falure de l’eau de la mer , fi
le moment du flux approche.
Les faifons influent aufli beaucoup dans
les mêmes parages fur l ’état de l ’eau de la
nier à cet égard, au point que vers le tropique
d’hiver elle contient ^ de f e l , vers
l’équinoxe i , & que vers le tropique
d’été elle n’en a qu’ ; ajoutez encore
à ces variétés celle qui naît de la différence
des rivages. Les bords de la mer
qui font peu couverts d’eau , font les plus
échauffés par les rayons du foleil & les
évaporations y font plus abondantes.
Proche de Landfcroon, l ’eau fur une grève,
peu couverte d’eau , efl de huit degrés plus
chaude que dans les endroits plus profonds.
La même caufe produit une augmentation
de poids dans l’eau de la mer ,
au voifinage de la terre , fur les côtes
de la baie de Californie. Rarement la pe-
fantettr de l’eau puifée à la fuperficie de la
mer excède-t-'elle 1030.
L ’amertume de l ’eau de la mer doit être
aufli plus grande à une certaine profondeur
qu’à la fuperficie.
On ne fait pas bien encore d’où naît la
falure de la mer, fi le fel y entïdit avec,
les fleuves il devroit augmenter , tandis-
que l’eau douce s’évapore : mais cette augmentation
femble contredite par l’expérience
il efl plus probable qu’il y a des
montagnes de fel dans le fond de la mer
qui fe diffolvent à mefure ; on objeéle bien
contre cette hypothèfe que dans ce cas ,
la mer devroit fe faturer de fel. Il ne paroît
pas que cette objeâion foit de grand poids,
car l’on trouve du fel dans bien des endroits
de nos continens , qui font parfaitement
femblables à ceux qu’on rencontré
au fond de la mer. Pourquoi n’y auroit-
il pas des bancs de fe l? L ’eau qui les!
touche fe faturera , & n’en prendra pas!
plus , jufqu’à cè que quelque tempête la;
mêle à celle qui efl plus légère, ce qui
fe fait difficilement à une certaine profondeur.
Quelques perfonnes ont prétendu
que le fel fe formoit tous les jours dans
la mer : cette opinion efl très-ancienne,
mais elle n’efl fondée fur aucune preuve.
Lorfqu’onconfidère tous les corps étrangers
que la mer produit dans fon fein, &
qui font le réfultat de cette immenfe quantité
de plantes & d’animaux qui habitent
ce vafle baffin , & qu’on ajoute à tout cela
la grande quantité de débris des différentes
fubfiances que les fleuves y apportent journellement,
on comprendra facilement que
la mer doit avoir un.goût particulier. On
fait maintenant que l’amertume de l’eau de
la mer efl produite par un fel amer & par
la magnèfîe blanche diffoute par l’acide dit
fel.
C ’efl en examinant les différentes natures
d’eau qui fortent du fein de la terre &
circulent à fa furface , que l’on peut le
mieux les comparer enfemble : il y a des ■
fources qui donnent de l ’eau pure ; maison)
trouve fouvent que l’eau des'rivières qu’elles
contribuent à former efl plus ou moins
douce , plus ou moins légère , & d’après
ces divers étatsplus ou moins propre aux
apprêts des mets., au blanchiffage , &c.
Ces qualités dépendent ordinairement de
la vîteffe du mouvement de ces eaux, du
plus ou moins de tems.qu’elles féjoument
fur leur lit , & fuivant.qu’elles en détachent
des principes dont ellesfe chargent. Lescaut
qui filtrent lentement à travers les couches ||
de la terre , comme les eaux de puits
le plus fouvent très-dures. L ’eau de fource^
la plus pure donne fur un pot deux on
trois grains de réfidu ; mais on regarde
comme très-bonne Celle qui n’en donne
que dix à douze grains. Ce réfidu fe corn-
pofe de débris de gravier, de chaux & de
magnèfîe ou d’alkali minéral mêlés avec de
d’acide aérien | ou' quelque principe tire
dil régné minéral j Les eaux les plus nwu-
'Vàifes'foht celles ,qui font ftïgilantes, qW
font-changées d’infeétes& fétides. Si sLo»
; nrend
prend pour l’eau diftillée le nombre 1 , alors
!on trouvera 1 ,0 0 1 pour la meilleure eau
[de fource , & quelquefois même elle va
jufqu’à r ,o o y ; on a xoi pour l’eau de
rivière , 1.012 pour l’eau de la mer ; mais
Jes eaux flagnantes excèdent quelquefois
de 1 0 2 ce nombre-là.
Toutes les eaux connues font potables
[ou peuvent être rendues potables , foit
en les faifant b ou illir, ou en y ajoutant
[quelque alkaii. Mais celles qui contiennent
[de grands mélanges on quelque principe
[niétallique, ne font pas inutiles dans la
[pharmacie ou pour quelques autres objets
[particuliers, mais elles ne peuvent pas
ifervir à l’ufage ordinaire. C ’eft là ce qu’é-
[prouvent furtouc les navigateurs qui ne
[peuvent pas faire toute leur provifion en
[partant ; cependant ils ne peuvent pas s ’en
[palier , & quand ils font obligés de fup-
[pléer à celle qui leur manque par de la
iiiauvaife, ils éprouvent de grands défa-
[grémens; voilà pourquoi on a cherché tous
[les moyenq de rendre l’eau de la mer
[potable. Il ne fuffit pas de la faire, bouillir
[& filtrer : on a effayé fouvent de la faire
[gâter ,. ou de Jà faire geler , mais cela ne.
[peut pas toujours fe faire en grand : le
[moyen le plus propre efl la difliilation qui
[donne une eau tout-à-fait exempte d’amer-
Itume, autant cependant qu’il 11’y a pas
«dans l’eau du fai ammoniacum fecretum ,
[comme cela a lieu dans quelques parages;
[mais il refie toujours un peu d’acide marin;
|& lorfqu’il y efl en certaine quantité, il
[rend l’eau de la mer tout-à-fait impotable.
[La raifon en efl que la magnèfîe , lorfqu’on
[pouffe le feu dans la difliilation , perd un
[peu de fon acide, ce qu’on peut cependant
[prévenir en ajoutant de la chaux ou de
[l’alkaii, qui raffemble en un corps la ma-
[tière qui fe diffiperoit d’ailleurs. Par ce
[moyen on p eu t, en jettant la liqueur qui
[a paffé la première , & qui a une mau-
[vaife odeur, obtenir de l’eau potable fans,
[y rien ajouter.
I Bien des gens penfent qoe le Créateur a
[ Géographie-P'hyfiqtie, Tome I .
mis cette quantité de fel dans la mer pour
préferver fes eaux de la corruption. Mais
l'expérience nous a appris que cette eau ,
quoique chargée de fe l, n’en efl pas moins
lufceptible de fe gâter. On fait que là où
il y a 5^. de fel dans l’eau , à proportion
de fon poids , ce mélange 11e l’empêche
pas de fe putréfier : de même que lor fqu’il
y efl encore en plus petite quantité ,
non-feulement il ne la préferve pas de la
putréfaétion , mais même qu’ily contribue.
C-’efl ainfi qu’un peu de fel aide à la digef-
tion des viandes, tandis qu’une grande
quantité les conferve.
Dans un amas d’eau fi immenfe où la
vie de tant de millions d’êtres efl journellement
développée, entretenue & détruite,
il faut, d’après les lois de la nature , qu’il
y exifle quelque principe de corruption ;
elle efl néceffaire à la deftruâion des débris
des animaux & des plantes. Aufli l’auteur
de la Nature y a-t-il introduit ce mélange,
précifément dans la mefure qu’il falloit
pour obtenir le but qu’il fe propofoit.
L ’eau ne fe corrompt pas d’elle - même
fans un mélange d’infeâes invifîbles , de
plantes & d’autres matières fujettes-à la
putridité; elles ne peuvent pas même en
être Cè parées exaâement au moyen de la
difliilation , comme on en fait journellement
l’expérience avec taqua ftiUat, fimp.
Il y a des fluides qui réfiilent pendant
plufieurs années à ja corruption; d’autres
fe gâtent dans le bois , qui fe confervént
dans des vàfes d’une autre matière , &c. ;
d’où il réfulte qu’il efl plus que probable
que l ’eau n’efl pas corruptible^ par fa nature
, à moins qu’elle n’y foit difpofce par
desmatières étrangères, ,qui appartiennent
au règne animal ou végétal, & fufeeptibies
de fermentation; foit que ces fubfiances y
aient été mêlées de manière à ne pouvoir
être apperçues , foit qu’elles s’y foient
formées.
La couleur des eaux de la mer- varie
T 1 1 1