Toutes les autres côtes de la mer Glaciale
ont été reconnues également par
ordre de la cour de Ruffie. Le lieutenant
Murawiew partit en 1734 d’Archangel ,
mais dans quatre ans de navigation , il ne
parvint qu’au golfede l'Oby. Dans le même
tems le lieutenant Ouzin elfaya de parvenir
de l’Oby au Jenifey , & relia de même
quatre -ans en route : du Jenifey au fleuve
Lena on ne put tenir toujours la mer ;
& le lieutenant Laptiew qui eut cette contrée
en partage, fut obligé en 1738 de
fuivre la côte par terre ; mais il fe rembarqua
, & parvint du Lena à l’embouchure
de 1 Tndigirlca en 1739 , & l’année d’après
à celle de Kolima.
Dès l’année 1690, la renommée avoit
fait connoître Kamtfchatka. Isbrand Ides
en lait mention dans la relation de fes
voyages en Chine , & il marque cette pe-
nuilule fur fes cartes. On y lit un premier
voyage en 1697 pour foumettre ce pays;
& en 1706 les Rulfes parvinrent jufqu’au
C ap , qu’on trouve à la pointe méridionale
de cette terre.
Le fite des côtes de l’Alie eft très-varié,
mais le plus fouvent elles font baffes , fur-
tout autour de la Chine , des golfes de
Siam , de Malaye , du Bengale & de Coromandel.
L ’atlas qui contient le recueil des
cartes rulfes, contient la configuration de
leurs côtes ; il faut y ajouter les corrections
qu’on trouve dans la carte de Muller,
publiée en 1778. Pour ce qui regarde la
Chine , confultez Duhalde , qui s’eft vrai-
femblablementtrompé quelquefois, mais,
à ce qu’il paroît, moins que d’aurres ,
parce qu’il a fait ufage du favoir de Dan-
ville. A l’egard des autres côtes , on peut
confulter le même géographe.
Les côtes de l’Amérique font bien connues
, quant à fa partie méridionale , mais
il n’en eft pas entièrement de même de
l ’Amérique feptentrionale. La côte de l’eft
la plus avancée vers le nord ou l’ancien
Groenland eft la première partie 'qu’on
ait découvert, mais on ne fait jufqu’oùle,
terres de ce pays s’étendent au nord; ou
les a connues jufqu’au 79e degré de Jatj.
tude, mais encore très-imparfaitement. Lit
voyages qu’on y a entrepris depuis iyjf
n’ont rien appris de bien politif fur ci
pays ; & le millionnaire, danois Egede qd
en revint en 1723 , rapporta qu’il n’avoit
pu parvernir au détroit de Forbisher,^
que ce détroit avoit été mal indiqué, qj
qu’il étoitdepuis 169 7entièrement comblt
de glaces. '
Ce fut Jean Davis qui découvrit en
la côte occidentale du nord de l’Amérique
ou le. nouveau Groenland : il la fuivit
d’abord jufqu’au ô’p6 degré de latitude;&
dans fon tcoilième voyage , il alla çncoii
8 degrés plus au-nord. Le golfe dans lequel
fe termine le détroit de Davis prit le nom
de Baffin, qui le découvrit en 17 17 .
On prétend que la baie d’Hudfon fil
d’abord trouvée par des navigateurs français
, qui s'engagèrent en 1704 en ca
parages, que.dès-lors on appelloit la baif
du N ord , ou la baie des Ftançais : nuit
comme Hudfôn la parcourut avec grandi
exaditude en i£>io, & y périt malheureuj
fement, elle a pris & confervé le nomdi
cet habile marin, ainli que le détroit.
C’eftprécifémentdansces contrées qu’01
chercha avec tant d’ardeur & d’opiniâtreté,;
un paflageaux Indes orientales par le nord-
oueft. Je ne rappellerai pas les premièrei
tentatives , je me bornerai à dire que lî
capitaine Middleton parcourut en 1741
toute iacôteoccidentale de labaied’Hudioifj
& découvrit les golfes de Wager & dt
Repuis , & le détroit d’Erozen ; & enfin
tous ces parages furent reconnus plus exat'
tement en 1746 & 1737.
On n’atteignit pas dans ces voyages If
but qu’on fe propofoit, mais ils ne’furen1
pas fans utilité pour la géographie ; j’ajou-J
terai même que M. Ellis qui accompagna
te capitaine Smith dans fon dernier voyage,
jhous annonça à fon retour qu’il ne défef-
léroit pas que le paflage ne pût avoir lieu.
Il fe fondoit principalement fur ce que le
flux eft toujours plus fort dans la baie
fl’Hudfon que dans le détroit de ce nom,
& que cette force augmentoit à mefure
.lu’on fe portoit vers le nord ; & dans des
parties où le flux ne pouvoit venir de la
iner Atlantique non - feulement il paroît
'fenir du nord, mais encore il reçoit des
augmentations conlidérablespar le vent du
nord. Ellis penfe que ces courans, fi vio-
ftns, doivent être attribués à quelque mer
tpifine : il fait remarquer que le Welcome
jàù cette partie de la baie d’Hudfon , qui
èfl au nord de l’île du Marbre , eft fans
glaces, tandis que celle qui eft au fud en
éft couverte. Il ajoute même que, fans
cette communication , il feroit impoflible'
que le Welcome eût des eaux aufli falées
& suffi limpides qu’on y en trouve.
J Quelques - unes de ces raifons pourvoient
être confidérées comme décifives,
fi d’autres navigateurs qui ont été du même
voyage , ne nioient pas une partie des
faits qu’Ellis allègue en faveur de fa pré-
[ lention.
H Les côtes orientales de la partie méridionale
de l’Amérique ont été découvertes
en différens tems ; mais tous ces voyages
ne nous offrent rien d’inïtrudif, relative-
t'tnent aux côtes & à leur difpofition.
I ! Les côtes occidentales de l’Amérique
®nt été, en grande partie, découvertes par
terre. Vafco Nuguès apperçut le premier,
je 17 feptembre 1713 , la mer Pacifique de
delfus une montagne de la Darie. Fernand
■ portez qui. s’étoit emparé de la Nouvelle-
llpfpagne , envoya deux vaiffeaux qui découvrirent
en 1734 Saint-Lucar; & ce
ne fut qu’un an après qu’on vifita les
*jttres côtes. On avoit d’abord pris la
Californie pour une île , mais on reconnut
depuis que la mer ne l’entouroit
pas de toutes parts. Il y avoit des écrivains
qui foupçonnoient que cette île avoit,
vers lè 3 1e degré , un grand lfthme qui
étoit inondé à la haute marée ; mais
depuis que les Jéfuites ont voyagé dans
ce pays , & par mer & par terre, il n’y
a pas à douter de là liaifon avec la terre
ferme.
Je ne fuivrai pas plus loin les réfiiltats
des recherches de Bergman fur les autres
côtes occidentales de l’Amérique fepten-
trionale , attendu que depuis quelques
années, les navigateurs Anglais , Français
& Efpagnols ont affuré , d’une manière
aufli claire que lumineufe , la difpofition
de toutes ces côtes , avec plulîéurs éclair-
ciffemens furies habitans , fur leur manière
de vivre , &c.
Nous oblèrverons cependant que dom
George Juan & Ulloa ont fait des chan-
gemens dans les cartes anciennes ; & que le
chevalier Narborough qu i, en 1699, vifita
les côtes depuis le détroit jufqu’à la rivière
de Baldivia , dit expreffément qu’il va vers
l’eft avec une déviation de 7 degrés. D ’ailleurs
, d’après des obfervations aftrono-
niques, on doit placer Aquapulco plus
à l’oueft qu’on ne l’avoit fait précédemment.
La côte occidentale de l’Amérique n’eft
pas inégale partout. Elle eft baffe depuis
la Californie jufqu’au haut pays de Gua-
timala dans le Mexique, Le Chili & le
détroit de Magellan ont des côtes efear-
pées. Autour de la Guyane & de Surinam
; la côte eft baffe aufli, & l ’ancrage efl facile :
Curaçao eft élevé, mais vers Sainte-Marthe
la côte eft baffe ; il en efl de même des
bords de la mer depuis Carthagène & Por-
tobello , & le long des baies de Honduras
& de Campèche. Les rivages dans la Pen-
filvanie font bas & couverts de fables ; delà
les côtes commencent à sMIever de plus
en plus vers le nord, de manière que dans