
feux fou terrains qui n’ont eu affez de force r
pour fe faire jour à travers les couches
voifines de la fuperfîfcie de la terre, que
dans certaines circonflances où il s’eft
ouvert des cheminées de volcans. Cette
lrypothèfe, qui n’en efl point une , ou qui
rentre entièrement dans celle de Laz-
zaro M o ro , & qui ne paroît être que le
réfùltatde ces penfées vagues , qu’onprend
fans les fuivre & fans les confronter avec
les phénomènes de la nature, n’eftpas difficile
à difcuter & à détruire. Dire aufli,
comme le fait.Ray, que quelques montagnes
ont été formées à la fuite des tremble-
mens deterres, c ’eft ne rien dire. D’abord
il efi certain que l’éruption des feux fou-
terrains n’eft pas une caufe affez répandue,
affez régulière, pour avoir difperfé à la
furfàce du globe les chaînes de montagnes.
D ’ailleurs-5—comme elles s’y trouvent ,
comme Ray fuppofe en même-temps .que
le globe de la terre étoit pour lors dans
un état de molieffe , il efl à croire que les
feux fouterrains ont dû fe faire jour partout
dans leurs éruptions , & qu’en même
temps toutes les matières foulevées ont dû
retomber' dans leur' ancienne fituation ,
après que l’éruption a ceffé ou s'efl ral-
lentie. Enfin en examinant les matières
foulevées, on découvriroit dans leur dif-
p ofîtion l’action du feu , & l’on ne retrou-
veroit plus dans les montagnes des couches
horifontaies : & celles qui feroient inclinées
,1e feroient de manière à montrer les
centres & les progrès de l’éruption ainfî
que fes limites. Or il efl certain que cette
difpofition ne le remarque en aucune forte
dans aucune des montagnes où l’on peut
voir à découvert les différens fyflêmes de
couches qui font entrées fucceflïyement
dans leur compofxtion.
Hïpothèse de Sulser.
Première propofition.
Il y a eu un temps auquel la terre etoit
dans un certain état de molieffe & de
fluidité.
La figure de la terre par les_ pôles démontre
cette vérité. Neuton a fait voir que
cet applatiffement étoit la fuite de cet état
de molieffe de de fluidité.
Une fécondé preuve de la propofition
précédente , efl que les couches terreftres
n’ont pu s ’arranger comme elles le font,
fans que la terre ait été dans cet état,
comme l’a fort bien établi S tenon dans
fa differution. On s’en convaincra effedi-
vement par le nombre prodigieux dam-
maux & de plantes tant de la mer que de
la terre , qui fe trouvent renfermés dans
les- pierres & qui ne peuvent s y être, engagés
que lorfque ces pierres étoient une
pâte molle.
Il réfulte de-là ,. que les amas dé fables
ont été originairement une matière qui a
été fluide ou plutôt daus un état de fufion;
car lefablon efl un débris de maffes confi -
dérables , fi les grains qui le compofent ne
font pas réunis ou agglutinés ênfemble.
Les ruiffeaux qui découlent des montagnes
entraînent des fragmens de pierres
qui fe réduifent en graviers & en fables par
le frottement continuel r ces débris font
portés enfui te dans .le lit des rivières &
des fleuves, & de-là dans la mer où ces
matériaux comminués font difperfés dans
des vallées foumarines qui fe comblent
fucceffivement par ces nombreux dépôts.
Quand nous parlons de fluidité, nous n’entendons
que l’état de défunion des molécules
pierreufes qui obéiffent au fluide
qui les organife par bancs & par couches. Il
Il en efl de même des autres fortes de
pierres calcaires dont les particules ont
été également entraînées par les eaux courantes
, & qui n’ont pu fe lier & former
des maffes folides qu’après avoir été dépo-
fées par bancs dans le baflîn de la mer f
ou bien même dans les fonds de cuve des
vallées
Or comme les pointes d’ un grand nombre j
de montagnes, font compofées de pierres calcaires,
il efl manifefte que ces grandes maffes •
ont été autrefois fous les eaux, & que c’efi
dans cet état qu’elles fe font pétrifiées , ,
fuivant-les différents dépôts des lits ; au
lieu que lés pierres qui fe forment par
cryftallifation ou par des eaux courantes
n’ont pu s’arranger par couches régulières,
parce qu’il n’y a que: Peau tranquille
qui puiffe produire cet effet. Ainfî
les maffes de granit, les pics, des plus
hautes montagnes ne peuvent être conlidé-
rés comme la fuite de dépôts foumarins.
Seconde propofition.
L ’eau a furpaffé, autrefois les fommets
des plus hautes .montagnes dans le temps I
qu’elles étoient confolidées & que leurs
différentes parties avaient. acquis de la
conliflançe.
Ifs
Sulzer appuie-cette affertion fur cette
obfervation - de. Scheuchzer. Ce natura-
lifle rapporte que fur la pointe la plus
élevée dû-mont Stella chez, les grifôns ,
laquelle n’eft acceffibie qu’aux çhaffeurs
les plus adroits, on trouve un gros tronc
d’arbre qui a environ y pieds, de long'
fur un-pied & demi de diamètre : --on
prétend que c ’eft un tronc de pin de-
montagne. Sulzer penfe que l’eau feule
a pu dépofer cette pièce de bois dans
l’endroit où elle fe trouve , car elle ne
peut félon l u i . y avoir été formée.,
on en trouveroit d’ailleurs un plus grand
nombre fi ieterrein des pics , après avoir
produit beaucoup de pins avoit été
enfuite bouleyerfé : il obierve outre
cela, que ces fommets avoient acquis toute
'leur folidité lorfqu’ils ont été fubmer-
gés, car fans cela l e 1 tronc d’arbre dont
il efl queftion auroit été engagé daus la
vafe. -
Il ajoute à cette obfervation un autre
fait plus général , & peut-être plus
difficile à expliquer. Sur le fommet
du mont Rigi dans le canton de Schwitz
les rochers ne font pas des maffes de
pierres uniformes , mais iis confiftenten
des amas de pierres innombrables de di-
verfes fortes de nature, mêlées de fables
qui fervent à-,lier fortement ces cailloux,
& à en former enfemble des murailles
naturelles ■ ces fortes de cailloux font
polis & arrondis comme les pierres qui
fe , tr ruvent dans le - lit des fleuves ou fur
les bords de la mer. On ne peut prétendre
avec aucun 'fondement que les
pierres primitives qui fervent de bâfe à
ces cailloux aient été formées fur cette
montagne , & qu’elles s’y fqient mafti-
quées de la forte. Il faut néceffairement
que l ’eau les y ait tranfportées & les
ait même tirées- des vallons & de leurs
fonds puifqu’elles font lavées & arrondies;
car c’eft le lieu le, plus élevé de.
tous les environs où ces amas fe trouvent.
Il y a donc eu un temps où cette mon-
tagne fe trouvoit fous les eaux ; Sc toutes
les circonflances-de. ce fait montrent
diftindement que cette inondation a eu
lieu lorfque cette inaffe montueufe étoit
folide. , car fous cette efp.ècé de muraille
naturelle qui. fait la pointe la plus eleyée
du fommet de la montagne , on trouve
des couches pierreufes bien régulières,
lefqueiles ont, été entièrement fluides
comme on l’a dit. D ’ailleurs les pierres
! qui compofent les cailloux dont cette
muraille "efl' conftruite , étoient auffi folides
lorfque l’eau les y a voiturées , car
elles ne forment pas une maffe commune.
, Or ces - pierres, étant folidës , puifqu’elles
l i e font arrondies & polies, étant plus
j pelantes que de la terre délayée dans 1 eau,
I elles fe feroient enfoncées dans la montagne
, fi foir fommet ne leur eût pas
oppofé une furface bien affermie comme
elle ,1’efl aujourd’hui.
IL s’enfuit de-là qu’il y a lieu de p.ei>
| fer que . les pointes des montagnes ont
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