
donc dire qu’il y a fur la terre des fuites
de montagnes 8c de terreins élevés qui. la
partagent en plufieurs pentes, que fuivent '
conflamment les fleuves qui vont fe rendre
dans chaque mer après avoir reçu dans
leiirs cours plufieurs rivières fecondaires,
qui raffemblent également les eaux des
pentes intermédiaires.
Buache croyoit, en conféquence de la
continuité non interrompue qu’il admet-
toit dans les chaînes de montagnes, qu’il
n’y avoit que quatre pentes fur la,terre;
mais il eft vifible qu’on doit les multiplier
davantage, ainfi que la direâion des eaux
courantes nous donne lieu de le penfer ;
aufli nous fournit il lui-même des exceptions
à fa propofîtion trop générale en
nous parlant des rivières , qui, la plupart
prennent fuivan t lui, leurs fources dans
des montagnes d’un fécond ordre, & qtt’il
nomme montagnes,, de revers , parce
qu’elles partent des plus hautes montagnes
& vont aboutir à la mer èntre les
baflîns terreftres de chaque fleuve.
Quelques-unes de ces chaînes & fur-
tout les principales ,< fe continuent fui-
vant Philippe Buache, à travers les eaux
de la mer par certaines fuites d’ifles, de
rochers , de vigies, de manière que, c’elt
par ces fuites que s’opère la liaifoh d’un
continent à 1 autre , d’une ifle au continent.
Ces dernieres font confidérées par
Philippe Buache , comme des montagnes
marines.
Buache penfe que les montagnes de
revers , fituées à quelque diftance des
bords de la mer, forment des efpeçes de
ramifications , d’où part, un troifieme
ordre de montagnes qu’il nomme côtières,
parce qu’elles bordent les côtes. Il en fort
quelques rivières qui fans avoir un long
cours, fe jettent immédiatement dans la
mer comme les fleuves ; & il cite pour
exemple la Charente, l’Orne & la Somme,
J’obferverai à cette occafion que la Charente
prend fa fource dans, des montagnes
d’une conftitution tres-ailcienne , & qui
ne peuvent être confidérée's comme côtières
; mais du fécond ordre pour la hauteur
& du premier quant à leur compo-
fition. Voyez Charente pans le didion-
naire.
C’eft d’après ces différentes circonfi
tances dépendantes de la pofition que
Philippe Buache divife non - feulement
les fleuves & les rivières, mais encore les
terreins, foit élevés foit inclinés diverfe-
ment, & de plus les parties des mers fé-
parées par les chaînes marines qui eorref-
pondent aux chaînes terreflres.
Ce font donc ces dernieres chaînes
de montagnes dont'la continuité n’eft
point interrompue félon notre auteur qui
diviferît ce que ; nous connoiffbns de
terres en quatre parties relativement aux
pentes des terreins inclinés. iQ. vers
l’Océan en y comprenant les.baflins de
la Méditerranée 8ç de la Baltique qui
en font les golfes, 2 °. vers la mer des
Indes: 30. vers la mer du Sud ou Paci--
fîque : q,Q. vers la mer Glaciale Arctique.
Le développement de toutes ces difpofi-
tions fe trouve non-feulement fur des
cartes, mais encore fur des tables où
l’on voit ce que le favant géographe nous
détaille du phyfique de notre globe , coij-
fîdéré relativement aux montagnes, aux
fleuves & aux mers.
Dans trois cartes il prêfente la divifion
des quatre grandes mers connues, c’eft-à-
dire de l’Océan, de la mer des Indes, de
la mer du Sud, de la mer Glaciale , de la
Méditerranée avec les parties des conti-
nens qui les environnent & les chaînes
de montagnes qui circonfcrivent les bafi-
fins terreftres des fleuves , lefquels fe
jettent dans ces mers en fuivant les pentes
dont nous venons de parler.
Dans trois tables géographiqqes on
Voit le dépouillement de tous les objets
qui figurent dans ces cartes , préfentés
avec
avec une certaine méthode dont nous
allons donner une idée aufli détaillée
qu’il fera poiïible. D’abord xon trouve au
milieu des tables les dénominations des
mets & leurs divifions par baffins que circonfcrivent
le« chaînes marines. Aux
deux côtés de cette colonne du milieu1
font les montagnes terreftres 8c les fleuves
qui y.ont leurs fources, & enfin plus
loin , les baiïins , golfes ou autres, parties
des mers. où ces fleuves fe jettent ; ces
objets font comme on voit préfentés de
manière qu’on peut remonter ou defcendre
à fon gré en envifageant les parties cor- 1
refpondantes du globe terraqué dans
certaines contrées. On peut faire plus en
confultant les cartes générales où ces
mêmes, objets font tracés & figurés de
manière à éclairer & à inftruire encore
davantage.
La quatrième table eft dilpofée fur un
plan totalement différent; comme elle
eft relative à la carte phyfique de la
France & qu’il eft quefiion par le; dépouillement
qu’elle offre , de donner une idée
générale d’un pays particulier d’une
moyenne étendue, comme la France par
exemple, la fuite des grandes montagnes
qui la traverfent fe trouve indiquée dans
la colonne du milieu, & les parties des
mers qui baignent fes côtes font placées
aux extrémités, pendant que les fleuves
& les rivières font rangés par ordre dans
les colonnes intermédiaires. On voit dans
ce tableau les trois clafles de montagnes
que Philippe-Buache a cru devoir diftin-
guer fur le globe , qui font comme nous
l’avons déjà dit, les hautes montagnes,
les montagnes de revers & les montagnes
côtières.
La cinquième table eft aufli relative à
une carte du bafli.n de la Seine ; on y voit
le développement de ce que peut offrir
le cours de ce fleuve, ainfi que les autres
rivières comprifes dans le baflîn général
avec les terreins inclinés jufqu’à fon lit,
ceft-à-dire, tous les objets qui figurent
Géographie-Phyfique. Tome I .
dans ce baflîn général. On confidère dans
cette table la Seine comme une mer, &
les rivières qui s’y rendent à droite & à
gauche , comme des canaux qui y ont
leurs embouchures.. Les montagnes qui
forment l’enceinte du baflîn total font aux
deux extrémités de la table dans les colonnes
des bordures. .
Après cet expofé général de toutes les
principales cartes & tables que renferme
ce recueil, je vais parcourir ces différens
travaux géographiques pour en préfenter
les développemens les plus propres à donner
une idée des vues 8c du fyftême de
géographie - phyfique de Philippe Buache.
Dans une première carte phyfique de l’Océan,
il a tracé les grandes chaînes de
montagnes qui traverfent les continens
d’Europe, d’Afrique 8c d’Amérique, &
indique tous les terreins inclinés vers
cette mer , terminés 8c circonfcrits par
cès chaînes ; on y voit les principaux
fleuves & rivières qui parcourent ces terreins
en pentes 8c qui portent dans ce
vafte baflîn le tribut de leurs eaux.
■ J’y trouve d’abord l’Océan renfermé
I entre les côtes orientales de l’Amérique,
& occidentales de l’Europe & de l’Afrique.
Buache le confidère comme pouvant
être divifé en trois parties par fes
chaînes de montagnes marines. La première
partie qu’il y diftingue eft celle qui,
fous le nom d’Océan feptentrional ou de
mer du Nord, eft renfermée entre la chaîne
marine qui va, de la Norvège par l’Iflande
au Groenland , 8c celle terreftre 8c marine
qui va des montagnes de Bourgogne par
le pas-de- Calais 8c l’Angleterre, au Cap-
de-Raz à Terre-Neuve. C’eft dans cette
partie de l’Océan que du côté de l’Europe
les montagnes de Norvège, Je plateau
de Ruflie, les hautes terres de la Lithuanie
verfent par la Neva, la Duna, le Niemen,
la Viftule, l’Oder 8c les rivières de Suède,
des eaux à la Baltique , qui elle-même en
verfe par les détroits du Sund dans la
mer d’Allemagne ; enfuite les montagnes