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l’in fluence d’un climat auffi brûlant pendant
une fuite de fiècles, dut bien faire
changer de complexion à ces hommes tranf-
plantés, tandis qu’en Amérique,1 où i ’efpèce
huav-ine femble d’ailleurs moins anciennement
établie , des fituations toutes auffi
ardentes n’ont pu produire autant d’effet,par
la raifon peut-être que les hommes y trouvant
une chaîne étendue du Midi au
Nord , pouvoient fucçeffivement changer
de climats ou mêler leurs races nées
en différentes latitudes., & par-li tempérer
reflet de la Zône-Tôrridéi '£■ \
P AW.
Dans fes Recherches fur les américains,
ce littérateur a recueilli un grand nombre
de remarques relatives à l’hiftoire naturelle
de la terre. J’ai cru que je ne pouvois
pas mieux remplir mon objet qu’en donnant
ici un extrait des confidérations de
cet auteur fur plufieurs points importants
de la Géographie-P hyfique. Gomme Paw
a raflèmblé dans ..ces confidérations .les
vues de plufieurs naturaliftes, qu’il adopte
en les rapprochant & les étendant même ,
je me fuis cru permis de les difcuter, afin
de les réduire , loriqu’il eft pôffible , à
leurs j u fies termes, ou même d’en montrer
le peu de folidité ou de jufleffe.
Dans, la première confédération j l efl
queflion , par exemple , des balance:
mens dé la mer dans fon baffin) mais
je, demande que fauteur , ou ceux’ Hé.
qui. il .a enq fu.n.te ces .remarques.ayant i
de nous montrer les charigeinens. qu’ils
fuppofent , nous fallent voir par des faits
félidés , quel étôu l’ancien état du balîin
de la mer dans les premiers items : il
en fil de même de. ce qu’il dit dans
la fi-conde çonfidératipn fur la forme
du bulfiii de la iuer.
La troifième confidération a pour objet
P A V
des obfervations curieufes fur les arbres
foffiles ; dans la quatrième confidération £
il eft queftion du rapport des terres aux
mers ; la cinquième confidération préfente
une difcufïïon' fur la caufe de la différente
température des deux pôles , & la fixième
fur le niveau des eaux de la mér ; an a raf-
fernblé dans la feptième tout ce qui a été
dit fur la difpofition des volcans ou centres
des éruptions des feux fouterrains, relativement
aux bords de la mer ; ce qui
concerne la formation des montagnes eft
prcfenté très-fuccinflement dans la huitième
confidération : l’auteur s’étend 'davantage
fur les mouvemens des anciennes peuplades
dont il s’occupe dans la neuvième confidération.
L ’auteur revient aux limites de
l’ancienne mer dans la dixième) enfin la
onzième & dernière renferme des remarques
afféz curieufes fur les fofîilês & les minéraux
des deux mondes.
P r e m i e r * C o n s i d é r a t i o n .
Sur les balancemens de la mer dans fon
bajjin.
Dans la première confidération, Paw
remarque, comme Un fait important , qu’il
ÿ a plus de terre à découvert & à fec endetta
de l’équateur qu’au delà , où il y a
aülfi réciproquement plus de mer. Il prétend
que cette inégalité dans la’-diflribution
dès eaux fur le globe , eft la fuite d’une
irruj tion que l’Océan a faite dan. les terres,
en partant du pôle auflral & fe portant
.vers le pôle lèpu nnional. Il fuppofe
que les eaux ont ouvert fur-tout la grande
brèche -lé' grand golp-hé qu’on ' rencontre
entre PAfriqüe & laîvôUÿeii.è-Hoi-
'lande. Il va plus loin encore il .croit
qu’un de ces torrens détourné de fa pre-
mière route , a formé le balîin de la mer
-Rouge & le’goiphé Adriatique ,.-qu’il con-
fi'Üère comme'la fuite de la même révolution.
Défis la même catailroj ht: l’action
violente de là mer a produit l’ouverture
du golphe Perfiqué qui s’étendoit
P A W
jufqu’à la mer Cafpiènne : enfin, après
avoir fuppofé qu’une puiffance quelconque
a pouffé ainfi les eaux de l’Océan, du Sud au
Nord pour aggrandir leur baffin, Paw a
cru devoir admettre la réaâion d’une
puiffance ’ femblable, qui r-amene les eaux
vers le point d’où elles font parties. Pour
établir ce balancement général, il s’appuie
fur le réfultat des obfervations d’après
lefqueiles certains naturaliftes Suédois’nous
ont annoncé un abaiffement pVogfeffif
dans le niveau des eaux de la Baltique.
Je difcWerai par la fuite chacune des
remarques particulières qui entrent dans
cette confidération générale que je viens
d’expofer & qui renferment les différentes
vues que l’auteur a jettées fans fuite & fans
ordre dans fon ouvrage. Malgré cela,'dé
ne puis m’empêcher de faire dei quelques
queftions préliminaires fur la
principale fuppofition qui fert de bâfe aux
autres.. Je farois curieux de favoir, par
exemple, quel étoit l’état du globe d’où
Paw eft parti pour, faire entamer pair les
eaux dp l’Océan les parties des. continens
qu’il prétend avoir été recouvertes depuis.
Ne femble-t-il pas qu’il n’a pu être auto-
iifé à imaginer ces révolutions , qu’après
avoir déterminé par des principes folides
ou par des conjeâures heureufes , .l’état
primitif du balîin de l’Océan ï & qu’il a
reconnu les limites de l’ancienne diftribu-i
tion des eaux de la mer & des continens.
Enfin à moins qu’il n’ait fixé auparavant
quelle a dû être la forme du balîin de
la mer dans l’origine des chofes, comme
l a fait Boulanger ( Voyeq_ fon article ) ,
fans cela, comment décider qu’une puiffance
quelconque ait fait franchir aux
eaux de l’Océan les bords d’un baffin fur
lefquels on n ’a aucune connoiffance prêche
i Or il s’en faut beaucoup que l’auteur
foit remonté jufqu’à l’état ancien, s’il y
en5a eu UH autre. Cependant il eft évident
qu on ne peut annoncer des., changemens
furvenus à la furface de la terre lorfqu’on
n eft pas convaincu que la répartition inégale
dès mers & des continens, eftimpof-
V À W 3 6; Ifiblé dans l’état primitif. Or cette inégalité
- pouvant exifter.,. fuivant Paw, dès
l’origine des'chofes , on ne voit pas pourquoi
il part de cettè inégalité pour en
conclure la révolution qu’il annonce. Jè
pùij d’ailleùrs tout autant admettre l’abaif-
fement des eaux de la Baltique, en le fup-
pofant auffi certain qu’i l l ’eft peu, comme
l’éffet du premier coup d’impulfion imprimé
au g lo b e , que comme 3e retour
ou 'l’alternative d’un ancien mouvement,
qui aüroit. cdmrnencé .pal les parties méridionales
du globe.
Je le,rçgçte, l’auteur pour tirer quelque#
conféquçncés unpeu folldès de l ’état *âuel,
devôit chercher à faire connôîtré* l’etat
ancien , & peut-être les révolutions inter-
teédiaire's d’ûn'e maniéré moins' vague
qu’il ne l ’a fait. Bien-Ioln de faire toutes
ces recherches , on le voit accumuler
plufieurs doutes & incertitudes fur le
pïeniier état ,' & n’ed ôter' pas moins
ces ' conféqùencés hafardéês ‘ que nous
vénbhs d’expofér j,ê"ne vmv rien dé
lumineux ni d’inftruftif dans'ïêtte confi-
dération générale , rien qui puiffe conduire
à quelque principe utile aux progrès
de la fcience.
■ S e c o n d e C o n s i d é r a t i o n ,
Sur la forme du bajjin de la mer.
L’auteur commencépar remarquer qu’en
1764,., il y avoit 49 fyftêmes propofés
pour expliquer les révolutions phyfiques
au globe. ;Pour en trouver ce nombre ,
il eft néceffaire que Paw ait décoré du
nom defyjlêmcs quelques ouvrages dont
les auteurs n’avoient difcüté que certains
points de la théorie de là terre, ou n’avoient
propofé que quelques vues vagùes,;,&
hafardéês. Paw ne veut pas qu’on prenne
fes réflexions comme un yo= fyftême ,
auffi les donne-t il fous une forme Halée
& fans aucune liai fon.
Z z a