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dans l’Océan, fubmergsaéfe emporta cette |
fameufe ide Atlantide que Platon décrit '
au-delà des côtes d’Efpagne , & Diodore
de Sicile au-delà de celles d’Afrique. Les
ides Canaries , les Açores en font peut-
être encore des relies.
Pline auroit donc mieux fait de s’en
tenir au fentinrent de quelques auteurs qui
ne lui étuient pas inconnus, & qui de fou
aveu faifoient venir les eaux dans l’Océan ,
du Nord au Midi. Ces courans d’eau font
manifeiles dans lesbofphores ; il n’y auroit
qu’une circonftance qui pourroit favonler
le fendaient de Pline , c’eft la falure de
l’eau de toutes ces mers. On ne pourroit
rendre raifon de la falure de ces grands
lacs dont on a parlé que par le fyftême
ù'Halley qui penfe que la décharge continuée
fort long-tems des rivières d’eau
douce j Juffit pour communiquer aux eaux
raffemblées dans les iacs, un certain degré
de falure; mais malgré la communicatLn
de l’Océan avec la Méditerranée, il eft
certain que les eaux de la mer Noire font
beaucoup moins filées que celles de nos
mers ; d’ailleurs les terres qui font autour
de la mer Noire font toutes remplies de
fel fofliie qui fe diffout continuellement;
dans fes eaux. Ce fel mêlé avec certains,
principes qui rélultent de la deftruâion
des poillons qui s’y pourrilfent continuel-;
lement, forme une augmentation de falure
& un certain degré d’amertume qui eil
fort fenfible dans l’eau de la mer. La mer
Calpienne, par la même raifon, eil aufli
faiée que ces autres mers , parce qu’elle
peut être également confidérée comme
un égout où viennent fe rendre tant de
rivières qui y verfent des eaux douces.
Avant que de revenir au canal de la
mer. Noire , il eft bon de remarquer que
la prophétie de Poiybe ne s’efl pas accomplie.
Ce bon militaire s’étoit imaginé que
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Font-Euxin devoit fe changer en marais,
& même il ne croyait pas, que le tenu
en fût fort éloigné, parce que, difoit-il,
le limon que les rivières y clïarient, devoit
former une barre de vafe capable d’en
embarralfer l’embouchure, de même que
de ' fon tems on voyoit une barre de vafe
aux bouches du Danube. Heureufement
pour les turcs à qui le commerce de la
mer Noire procure tant de biens, ie bof-
phore s’eft c<*fervé & peut-être ell-il
devenu plus grand. Quoi qu’il en foit, il
n’y a pas lieu de craindre qu’il s’y forme
de barre , car ces dépôts n’ont lieu qu’à
l’embouchure des rivière. dont les eaux
font repouflées par les vagues de la mer
& par les marais.*'( jtoye^ l’article Bâfre.)
Rien ne fait rebrouffer les eaux de h
mer Noire. Le bofphore au contraire,
eft un canal de décharge où les eaux coulant
d’elles-mêmes entre des bords relfer-
rés ; d’efpace en efpace , augmentent fuc-
ceüivement de vîteffe & entraînent alors
tout ce qui pourroit s’oppbfer a leur cours.
Par rapport aux marées, Strabon a
remarqué qu’il n’y en avoit point dans le
bolphore, & Marfigly a obfervé qu’elles
n’y étoient pas fenfibles. Quelque rapide
que foit ce bofphore , fes'eaux ne huilent
pas que de fe geler dans les plus, grands
hivers. Zonare affiire qu’il y en eut un«
rude fous Conftantin Copronyme que l’on
paffo.it à pied fur la glace de ConHanti-
nople à Scutari, la glace foutenoit même
les voitures chargées. Ce fut bien autre
chofe en 401 f us le règne d’Arcadius,
la mer Noire fut couverte de glace durant
vingt jours, & quand les glaces furent
rompues, on en vitpalfer devant Coultan-
tinople des monceaux énormes qui, paI
leur marche annoncèrent celle des eauï
de cette mer à travers le bofphore.
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W a l l e r i u s .
§ I.
jyoTiujü ae jon ouvrage jur 1 origine du
monde & de la terre en particulier.
Je me fuis attaché à donner ici en douze
paragraphes la fubltance du dernier çuvrage
de Wallerius qui traite de l’origine du
monde & de celle de notre globe d’une
manière particulière. J’ai cru que ce natu-
ralifte qui s’eft occupé avec un certain
fuccès à ranger par ordre les différentes
iubftances minérales que renferme la terre
dans fes entrailles , auroit de cet alfem-
blage une çonnoiflànce plus méthodique ,
que ceux qui l’avoient conftruit avant lui,
fans en avoir fait précéder une étude aufli
approfondie. Cependant, comme W.alle-
riuspne s’eit pas renfermé dans les limites
où les auteurs des fyftêmes fur la théorie
de la terre , qui fembloient lui avoir
tracé la route , s’étoient renfermés , j’ai
fewi en analyfant fon ouvragé , le
befoin de fupprimer tout ce qui avoit .trait
à la phyfique générale, & ce qui ne ppu-
vottfervir en aucune forte à éclaicir plu-
fieuxs ■ points de i’iiïilore naturelle de la
teçrè, & à guider les pas des observateurs
Çm s occupent chaque jour à/l’enrichir
de nouveaux faits.
«ai cru devoir écarter de même «tojuutlecss.
les., difçuflioiis qui pouv,oient être con
fidérées comme les commentaires du récit
de Mpyfe : malgré cela, pour montrer
combien la coiifideration des effets du
déluge fur le globe , a nui aux médita-
^ons & aux réfultats des recherches de
Wallerius, j’ai terminé cet extrait par
expolition abrégée des effets du déluge,
uivant le plan qu’il a conçu de la marche
des eaux dans entre. rat.TflrnnL
Wallérius ne s’eft pas borné dans fou
travail, comme les auteurs des Théories
de la Terre , au fimple arrangement des
matériaux qui font entrés dans la compo-
lîtion du globe. Il remonte jufqu’à leur
origine qu’il attribue à l’eau primitive.
Après avoir confidéré les folides, comme
produits^ par les fluides , il finit par
faire l’application de ce principe non-feulement
aux grandes malles du globe prifes
en général,, mais encore à chacune de fes
parties en particulier, Ainfi les plus petits
élémens terreux & pierreux comme les
plus .greffes montagnes doivent, fuivant
Wallérius, leur origine à l’eau primitive
& créatrice.
Si l’on examine effeélivement tous les
folides , on y obferve par-tout les vefiiges
de leur ancienne fluidité. Les plus grandes
montagnes font compofées de différentes
malles ou même d’éiémens plus petits dont
la iiaifon n’a pu fe faire autrement que par
l’eau. D’un autre côté ies fentes & les cre-
vafles prouvent que toutes ces matières ont
été dans un état de molle lie, & que c’eft
à la fuite de leur defficcatioii & induration
que les feptes & les gerfures de toutes
fortes fe font formées comme nous les
voyons préfentemènt.
§ I L
Les deux terres calcaires & argilleufes
font enfuîte confidérées par Wallerius
comme terres primitives & comme les
premiers produits de fon eau créatrice:
il eu eft de même des pierres calcaires
&; argiiteufes qui font les réfultats de ces