
& des bancs variés. A in fi, il cite Pon-
toppidan qui prétend qu’il eft évident par
la feule infpeétion des montagnes de Nor-
wege , que les matières dont elles lont
formées , ont été autrefois dans un état
de mollelfe & ont. été dépofées les unes
fur les autres, couches par couches, quoiqu’elles
ne foient pas toujours difpofées
de niveau , ni d’après Leurs différens degrés
de pefanteur : enfuite Cronftedt, comme
ayant traverfé en 1771 les Alpes jufqu’à,
fept fo is , & reconnu , d’après les obfer-
vations les plus fcrupuleufes , qu’elles
étoient formées de bancs Sc d’aflifes : puis
Kolbe qui dit que la montagne de la Table
Sc celles qui en font voifines font entièrement
formées de couches diftinâes Sc parallèles
, & il confirme cette alfertion par
le témoignage de la Caille : enfin B liguer
qui afTure que les montagnes du Pérou
prëféntent dans les chaînes les plus élevées,
des couches difpofées fuivant l’inclinaifon
de la montagne où elles fe trouvent ; Sc
qui ajoute que les montagnes inférieures,
fituées au pied de ces chaînes , font formées
de couches parallèles & fouvent de
différentes couleurs. En rapportant ces
diverfes affertions , Bergman fècnble les
adopter.
-Mais il paffe enfuite à la confîdération
d’autres maffes aïontueufes qui lui paroif-
ferit formées de diverfes matières , confu-
fément mêlées & fans aucun ordre apparent.
Ainfi au-delà du hameau de Quedlie
en N o rw e g e , fi l’on avance vers le nord
en traverfant le Pertuis de Portfiallet jufqu’à
Linnebothn , défilé qui fépare les
montagnes de la Suède de celles de Nor-
wege , on ne trouve que des malfes mon-
tueufes compofées de fragmens de pierres
& de cailloux agglutinés. Les rochers
efcarpés des environs de Quedlie ne pré-
fentent, fur une hauteur de 3 o à 40 brades,
que des cailloux de granit à gros grains
un peu micacés ,. enveloppés & liés en-
femble par un ciment micacé gris. Mais
ce qui paroît mériter le plus d’attention à
notre auteur, C’eft la figure de ces rnêniet
pierres : à une certaine profondeur elles
font tellement plates , que celles du foiif
ont à peine un quart de pouce d’épaiffeur;
au contraire, celles qui leur font fuper.
pofées font plus rondes à proportion
qu’elles font plus près de- la furface. Il
regarde ces différens états comme ' une
preuve frappante que ces pierres fe font
trouvées autrefois dans un état de mol-
' leffe , & quelles fe font ainfi plus ou moint
applaties en raifon de la prelîion plus ou
moins forte qu’elles ont éprouvée. Lei
murs du défilé, de Portfiallet font formel
également de poudingues ; mais avec cette
différence que dans c e u x - c i les caillour
font de quartz blanc & grenu. La haute
montagne deMoffevoia près du lac Famund,
fur les frontières de la Norwege 8c de la
Suède, efi formée de même, en plus grande
partie de pierres roulées , parmi lefquelles
il s’en trouve quelquefois d’un telvolume,
que l ’homme le plus fort ne pourroit les
foulever. Ces pierres font ordinairement
de grès : cependant on en remarque aufli
de roche de corne & de pierre calcaire;
le tout efl lié par un ciment fabloniiew
très-dur. On voit fur le flanc horifontal de
la montagne & par-deffus ces poudingues,
une protubérance degrés en couche qui,
s ’élevant d’abord fur un plan horifontal,
finit par fe courber comme une matière
molle qui fe feroit affaiffée.
Quelquefois on trouve les cailloux en
bancs réguliers , comme dans la montagne
de Vordkaas dans l ’ile de Herrn-ô , où
iq’on en compte , dit-on , vingt-quatre
bancs parallèles.
Bergman conclut de tous ces détails,
que la plupart des montagnes préfentent
des bancs d'e différente'nature : il ajoute
enfuite qu’il-peut s’en trouver qui foient1
entièrement compofées d’une même fubf-
tance , comme de très-hautes montagnes
de l’Afie qui ne font que des maffes ■ P>'
menfes de pierres calcaires , & qui maigre
feela , ’n’en /ont pas moins composes de
iplufieurs. lits ou aflifes.
H Subfan',ex.- y ui fe trouvent en bancs dans
les montagnes.
I Les bancs qui compofent les montagnes
■ offrent des différences remarquables rela-
jtivement aux matières dont ils font formés,
à leur épaiffeur , à leur difpofîtion 8c à
■ leurinclinaifon. Cefont ces différens objets
■ que nous’ allons expoler , chacun féparé-
■ ment, en fuivant les vues & les dévelop-
■ pemens de Bergman.
î Parmi les fubflances minérales qui font
■ diftribuëes par bancs, il compte princj-
■ palement les pierres calcaires cômpaétes.
■ Celles-ci fe trouvent toujours, félon lui,
■ en couches Sc mêlées de débris de corps
■ marins en plus ou moins grande quantité.
■ Cette efpèce de pierre efl répandue avec
■ profufion fur la furface du globe. La craie
■ forme des bancs très confiderables en An
■ gleterre, en F rance, &c. Le gypfe n’étant
■ autre eho/e que la terre calcaire unie à
j l ’aâde vitriolique , il n’eff pas étonnant
^quton le trouve difpofé de la même
■ manière. '
| La pierre calcaire grenue fe trouve rare-
Iment en couches , & le plus fouvent elle
iell exempte du mélange des corps marins :
■ mais il ne paroît pas qu’elle fe réfuté abfo
Ilument à l’un ou à l’ autre de ces arrange-
Imens. On en a des exemples à Rattviék
len Dalecarlie.
S Le fehifte alumineux Sc la houille ne
|fe tr. uvent jamais que par couches , lorfque
■ leur fituation naturelle n’a pas été dé-
Jrangée.
Différentes efpèces d’argile font en
■ couches. Quelquefois dans une feule de
|Ces couches on peut fuivre des yeux leur
Ipalfage à l’ état de pierre. Sur la rive orien-
Italè de la Sayerne en Angleterre , dans une J
montagne qui eft fendue verticalement,
on voit parmi d’autres fubflances des couches
d’argile bleue & d’un rouge brun.
Cette argile, en quelques endroits , con-
ferve fa molleffe ordinaire : en d’autres ,
elle eft plus dure , mais encore friable ; 8c ailleurs dans la même couche, elle eft
entièrement convertie en pierre. En cet
endroit, on trouve immédiatement au-
deffous de la terre végétale , -les couches
fuivantesv : terre grife : grès d’un brun
foncé : fable d’un gris clair : argile rouge :
terre mêlée de fable : pierre d’un brun
foncé : argile bleue : argile rouge". Toutes
ces bbuches ont enfemble dix à douze
aunes d’épaiffeur. Ferner a trouvé en Angleterre
, à deux endroits différens , des
exemples de cette lapidification graduelle.
Il y a aufli des fables qui s’agglutinent, fe
confondent & forment des pierres qui
diffèrent, fuivant la nature des fables &
celle de la matière qui leur fert de ciment.
Berg man en cite un exemple dans la montagne
de gt;ès de Pirna en Saxe. Cette
montagne a 400- pieds de hauteur fur les
deux rives de l’E lb e , car cette rivière la
fépare en deux parties , dont chacune pré-
fente des couches correfpondantes à celles
de l ’autre : il efl vifible que cette réparation
a été produite par l ’aétion des eaux.
La pierre du fommet de la montagne eft
d’un grain fort gros ; celle de la bâfe eft
d’un grain fin , Sc repofe en quelques endroits
fur un lit de fable qui n’a pas encore
de liaifon. On trouve dans un endroit de
la montagne une argile blanche , tachetée
de jaune , q u i, fans . doute , a fervi de
ciment aux grains de fable , , puifque les
mêmes taches qu’elle préfente fe retrouvent
partout dans la pierre de Pirna. Cepedant
le fable , lorfqu’il fe folidifie, ne forme
pas toujours des couches régulièies, il
s’agglomère fouvent en boules ou en maffes
folides informes plus ou moins confîdé-
rables.
On remarque dans les montagnes de
Veftrogothie , fi dignes d’attention par les