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§. V I I .
Des collines formées dans le lajfm de la
mer.
Mais il n’en efl pas de même des collines
formées dans le badin de la mer ; cer-i
tainement les eaux qui fe déchargeoient
des montagnes, fe jettant dans la mer,
y dépofoient tout le limon dont elles
étoient chargées, en forme de fédiment
horifontal plus ou moins étendu & plus;
ou moins épais, fuivant la quantité plus
ou moins confîdérable de limon. C e s :
dépôts ont duré à faire pendant plufreurs
fiée les, ce qu’il efl aifé de reconnoître en
obfervant que les fédimens du limon font
en trps grand nombre, de diverfes épaif-
feurs_& de divers matériaux ; fédimens
qui font aujourd’hui le§ couches de? collines.
On reçonnpît aufli que ces fédimens
plats & horifontaux n’ont été troublés
ni dérangés par aucun accident, de forte
qu’à leur fuperfreie, ils ont pu produire
des plantes marines d’une texture délicate :
que des poilfons, des teflacées, des crufta-
çées ont pu pendant un long-temps s’y
multiplier tranquillement, jufqu’à ce que
de nouveaux fédimens foient venus Jes
recouvrir & les enfevelir à une certaine
profondeur. Il y a euainlî, comme on
v o i t , plufîeurs dépôts fueceflifs, fuivant
des plans parfaitement horifontaux &
allez uniformes. Les fédimens fe font trouvés
d’autant plus étendus & plus épais,
que les fleuves détruifoient davantage fur
leur route. Il efl vifible que ces fédimens
n’ont pas pu être, par-tout également épais,
& également étendus, puifqu’ils ont dû
.être confiamment proportionnés à l’étendue
du cours des fleuves , ainfi qu’à la
vîteffe de leurs eaux chargées des limons
qui ont formé ces dépôts , & aux terreins
plus ou moins aifés à entamer que
ses fleuves traverfpient. Ils dévoient aufli
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s’étendre plus ou moins dans le badin de
la mer, a proportion de i ’impétuouté de
l’eau qui les y portoit.
Lorfqù’on a d it, en décrivant les bancs
des collines, qu’ils étoient confiamment
affujettis au plan de l’horifon, on doit
obferver, que l’on ne doit pas prendre
cette difpolîdon comme étant vraie avec
une rigueur mathématique; car dans l’exacte
vérité, la fuperficie des traâus de collines.
efl tin plan infenfîbleinent incliné
vers le baffin de là mer, comme le fora
préfentement les plaines de Pîfe, de Cécina
Si de GrolfettO', :avec leurs plages & leurs
continuations foumarines. Cette différence
dans le niveau vient de ce que les
dépôts fe font faits bien plus abondamment
près de l’eprbouchure des fleuves,
& beaucoup moins à mefure que le courant
pénétroit dans la mer. En un-mot,
il arrivoit dans la mer ancienne ce qui a
lieu dans la mer aâuelle & dans lès baflins
des grands lacs ; c’ell-à-dire , que les fédimens
des fleuves fe font dans ces lacs
fous forme d’atterriffemens & de bandes
marécageufes , diflribués autour des
bords du lac. Dans le milieu du lac &
à une certaine diflance' , on ne trouve
que de foibles dépôts. Il en efl de même
fur les bords de la mer à une certaine dif-.
tance de l’embouchure des fleuves, on
trouve une bande de terrein fadiee , dëpo-
fée en couches planes , qui ont cependant
une pente infenfible vers le milieu
de l’eau : & où liniffent les limites de ces
couches , on trouve le fond de la met
libre comme il fut dans le commence-
Le clair de la mer ne peut fe trouver
que dans le milieu de l’Océan les mers
étroites, comme la méditerranéè , font
trop envafées par les fédimens des fleuves,
& vraifemblablement n’offrent aucune partie
de leur fond, qui conferve l’ancienne
face naturelle du terrein. jCette bande de
fédimens, qui anciennement fujvoit Bf
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rivages des continens habitables plus ref-
ferrés autrefois, & qui à préfent étant
reliée à fec , forme lés collines' , fi on
l ’ e x a m i n e attentivement, fera reconnue
toute entière fans aucune interruption
& fans excavations faites par lés courails
de la mer d’alors. C ’eft pourquoi les
e x c a v a t i o n s dont ffbus'Lômmes témoins
font vifiblément les effets dè la dégradation
des eaux courantes fur lés continens fecs.
Voyons maintenant-la preuve & l ’application
de ces principes dans certaines
contrées de la Tofcàne. .
De Toiano l’ancien & le nouveau,
on découvre une' grande étendue de pays
loti l ’on peut reconnoître que les cimes
des plus hautes collines qu’on appërçoit
f toutes font au même niveau , & font cir-
; conferites par les montagnes de San Vival-
\ do , de Caporciano . de Nlontevafo, de
Pîfe, de Pifloia Sc d'Artimino. Entre ces
Ifommets qiii font cer.fés 'de niveau , il y
| a une infinité de canaux creufés par les
[eaux des pluies '15c dès fontaines^ qui
! forment des torrens. En fuivant ces diftri-
I butions de fommets & dévalions appro-
fondis du val d’Elfa , du val d Era , on
| retrôuveroit le cours de l’AlUena , de
lia Staggia, de l’E lfa, de l’Evola, de la
i Cécineila, du Roglio , de l’Era , de la
I Cafcina & des ruilfeaux qui y affluent. Ce
[détail feroit infiniment utile à l’hiftoire
naturelle, parce qu’il indiqueroit les
grands changemens que les eaux font capables
de faire dans chaque contrée du
globe terreflre ; c’ell-à-dire de grands effets
avec leurs caufes.
De ce point de vue dp Toiano , Tar-
: gioni a fait une,-obfervation intér.eÇTantë;;
Cefl qu’en tirant une ligne par le méridien
,d,e[ Toiano , elle coupe les collines
; du val d’Elfa & du val d’Era en deux parle
s , de maniéré que la portion qui efl a
l’Oueft efl .prefque toute entière de tufo.
fl efl Vrai qu’on y . trpuve. aufli quelques
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lits ou mafles d’argile, mais la fubftance
qui; y domine efl de tufo ; aufli cette contrée
eft-èlle très-fertile en grains & en
fruits. La partie des Collines qui efl à l’O rient
dé la même ligne, efl ait contraire
toute compofco d’argile , & fernble une
[grande plaine de cendres, tant elle efl dépouillée
d’habitations & de culture.
§. V I I I.
Collines de tufo.
Les collines de tufo font fertiles comme
nous l’ayons dit ; elles offrent par - tout
des vignobles,;; des plants d’oliviers, des
arbres, fruitiers & plufîeurs bofquets ;
enfin des pâtu rages abondans: ce qui produit
une • vue délicieufe ; suffi les coupures
& les vallons creufés au milieu du
tufo ont perdu en „plufîeurs endroits leur
afpeft fauvage par l ’induftrie des habitans,
fur-tout dans lés pays de vignobles. Dans
d’autres endroits, on trouve des matériaux
très-propres.pour les conftrudions, & des
eaux falutaires; enfin l’on peut dire en
général que les pays de collines de tufo
font plus habités que ceux des collines
d’àrgiies. Dans les cantons où domine
l’argile , on recherche, les] mafles de tufo
qui peuvent s’y rencontrer pour y fervir à
la conflruétion des maifons.
Les collines de tufo fe détruifent beaucoup
moins en'un temps donné que celles
d’argile ; car les différentes mafles de tufo
étant plus dures , les eaux des pluies ne
les pénétrent pas facilement. Seulement
elles fe décpmpofent dans certaines parties
que l’aétion de l’air réduit en pouf-
fiere à l’extérieur. Outre cela, les deflruc-
tions & les dégradations des maffifs de
tufo. fe font par ., des fentes verticales.
Lorfque les eaux courantes ont rongé les
fondemeris. d’un lyflême de couches , alors
les diflcrens principes.qui les compofent
& qui portaient fur cette baie détruite ,
tombent en maffe comme feroit une muraille
, parce qu’ils adhèrent enfcroble par