
avec toutes ces fuppofîtions. S’il y a quelque
confufîon , quelque défordre , ils ne font
que locaux & affujettis à certaines exceptions
, telles qu’on ne peut y reconnoitre;
l’aftion des feuxfouterrains. Au contraire,
les caractères des opérations de l’eau s’annoncent
d’une manière frappante dans les
couches de différons ordres ; c’efl-là que je
retrouve toutes les nuances du travail de
l ’eau, dont il aété quellion lorfquejj’ai expli-
que la confolidation des bancs-pierreux :
Veft-là que les fentes font remplies là exaâe-
ment, que tous les fragmensdes deftruétions i
de nouvelle date lont foudés enfemble &
forment les brèches & les poudingues de
.différente nature.
■ Si nous comparons enfuite les produits
du feu des volcans avec les bancs pierreux
où le doâeur Hutton veut nous faire
reconnoitre les effets des feux fouterrains ,
on voit une grande différence entre l’état
des matériaux que le feu a touchés , &
celui des couches où je n’admets que le :
travail de l’eau pour principe de leur in
duration : c’eff à la fuite de cette méprife
que le favant Eccffais cite , comme produits
du feu , le trapp de Suède , le toad-
Jlone du Derbishyre , le rag-Jlone & le :
whinjlone.
L e doâeur Hutton fe trompe également
en eftimant le teins néceffaire pour former
la terre aâuelle, d’après celui que la nature
lui a paru avoir employé à fa deltruâion :
car r ° . la terre aâuelle, n’eft pas feulement
compofée des matériaux de l’ancienne.terre;
car une grande quantité des fubfiances qui
ont concouru à former les couches, font
les dépouilles des animaux marins.
D ’ailleurs la deltruâion de la terre aâuelle
elt dépendante de la dureté' des matières
qui fe dccompofent & de leur arrangement
primitif : on ne peut donc rien déterminer
fur le tems que la nature a employé à cette
deltruâion, foit que l’eau ait agi fur la
: nouvelle terre ou exercé fes ravages fut
l’ancienne. C ’elt pourtant dans la connoif-
fance & l’appréciation des circonitances
qui ont été plus ou moins favorables à
l’agent deflruâeur , qu’on peut tirer des
conféquences fur la durée de la deltruâion
des deux fortes de terres : comme il paroit
que l’u ne & l’autre terre n’ont pu fe détruire
que par les parties fuperticielles , on elt
bien éloigné de nous faire connoître juf-
' qu’où les dellruâions ont pu s’étendre en
profondeur. D ’ailleurs , quoiqu’en général
l’ ancienne terre foit en grande partie recouverte
par la nouvelle , il en elt irelté
de grandes portions à découvert, où l’on
ne peut douter qu’elle ne continue à
éprouver des dellruâions confîdérables,
au moyen defquelleselle fournit une grande
maffe de matériaux aux nouvelles couches
qui fe forment aâuellement dans le baffm
de la mer.
D’un autre côté, la nouvelle terre com-
pofée de matériaux plus mobiles & plus
expofés à l’aâion des eaux courantes, fe
détruit par des progrès allez rapides. Elle
fournit donc aulîi des matériaux à la terre
qui fe forme fous l’Océan.
On voit par-là que', quoique ces deux
’Ordres de terres aient été conllruites dans des
tems différons . elles font cependant, expo-
fées en même tems à cëtte deltruâion qui
contribue à la conftruâion d’un troifîème
ordre. Ce n’elt donc pas par une fuccef-
fion graduelle que ces mondes fe renouvellent,'
& il doit réfulter de cette difpo-
fition des chofes une’ Certaine confufîon de
matériaux, dont Hutton elt fort éloigné
d’avoir fuivi & démêlé la reconnoiffance
& l’exiltence anciehne & primitive. Au
refte , nous- entrerons à ce fujet dans un
plus grand détail par la fuite au § V .
Cependant, nous reviendrons à ce qui
concerne la confolidation des matériaux des
différons ordres de couches à ce mot du
diâionnaire , & nous y rapprocherons
toutes les vues que nous avons expofées
fur une opération de la nature qui mérite-,
d’être difcutée avec foin ; mais nous pouvons
dire ici que celte difcuflîon ne nous
conduira pas à un réfultat qui foit favorable
à la théorie du doâeur Hutton.
§. v .
OljeSions contre le fyjlême du géologue
Hutton.
Le doâeur Huttbn a non - feulement
rédigé avec grand foin une théorie de la
terre , mais encore il a cru devoir défendre
cette théorie contre quelques objeâions ,
en donnant de nouvelles preuves en fa
faveur : tout cet affémblage fcientifique
fe trouve appuyé fur les fept propolîtions
fuivantes : .
i ° . Nos continens font compofés de
couches qui ont été formées dans ie baffin
de la nier..
2°. Ces couches ont été produites par
l’accumulation de fubllances provenant de
continens anciens q u i, par l’aâion de l’at-
mofphère & les eaux courantes que lés
pluies alimentent, ont été graduellement
détruits. Les matériaux de ces anciens
continens font réputés femblables à ceux
que l’on trouve fur les rivages de la
mer.
A mefure que les débris des con-
tmens en état de deltruâion ont été entraînés
vers les mers, les vagues., les
marées , les courans les ont repris & les
ont difféminés fur le lit entier de la
mer.
49. Il règne fous les eaux de l’Océan
une chaleur exceflive , par laquelle les
matériaux détachés qui arrivent fucceffive-
ment des rivages, font fondus à mefure ,
& employés à la formation de nouvelles
couches pierreufes.
y®. A l ’époque où un certain ordre de
continens elt à-peu-près détruit fur notre
globe , les matériaux d’un âge phts ancien
arrivés depuis long-tems dans le badin de
la mer fe font trouvés confolidés en couches
pierreufes: pour lors la même chaleur
qui les a ainfi préparés à former de nouveaux
continens , les foulève au-deflitsdes
flots & leur donne le caraâère de continens
fecs.
6°. Ces opérations alternatives de continens
, détruits par l’aâion des eaux courantes
& de continens nouveaux , fortant
de la mér par l’aâion de la chaleur intérieure
, ont déjà été répétées un nombre
infini de fois fur notre g lo b e , à des intervalles
féparés par des millions d’années.
7 ° . Nos continens fondes derniers dans
cette férié' d’opérations que produifent
alternativement la terre & la mer dans une
même partie du globe. Ces continens font
plans un état dé décroiffement ; leurs matériaux
font fucceflïvement difféminés ,
d’abord fur les terres baffes où ils forment
un terreau , puis fur le lit de l’Océan où-
ils vont préparer , par leur fufion , les
continens à venir.1 Cette opération en
particulier a déjà duré des millions de
fîècies. '
Tel elt l’abrégé de la théorie de l’auteur :
nous ne la rappellerons pas ici plus en
détail, & comme elle a été expofée c i-
devant : nous la fuppofons bien connue
& de manière qu’on entende la force
des objeâions & la folidité des réponfes.
A la première prbpofition conçue en
ces termes : nos continens font compofés
de couches qui ont été formées dans la
mer : voici ce qu’cn oppofe :
Les dépouilles des animaux marinsqu’on
trouve dans une grande partie de la maffe
folide de nos continens , ont fuggcré très-
naturellement l’idée que leurs cjuches
avoient. été formées dans la mer : mais il