
Sous fa mer , dans les détroits & dans
les îles 5 on retrouve les fu h flan ces ter-
reftres difpofées par couches ainfî que dans
les continens. Dans certains détroits, on a
découvert que le fond de la mèr eft de. la
même nature de terre que les couches qui
fervent de bâfe aux côtes élevées, lefquelles
forment leur canal. On apperçoit des deux
côtés du détroit les mêmes couches & les
niêmes fubllances, comme dans les deux
croupes efcarpées de deux montagnes qui
forment un valloft.
On dîvife ordinairement les matières
qui compofent les parties fuperficielles du
globe en deux claffes générales : la première
comprend les fubllances vitrifiables;
la fécondé comprend les fubllances calcaires.
Soit feules , foit par leur mélange ,
ces matières compofent les terres , les
pierres , qui renferment les métaux, les
minéraux de toute efpèce t il n’ell pas de
notre objet de les détailler. Nous ne nous
attachons à ces diverfes fubllances , qn’au-
tant que nous nous occupons de leurs dif-
polîtions relatives par rapport à la ftruc-
ture intérieure du globe.
Les argiles , les fables f les fehïftes, les
charbons de terre, les rocs vifs , les grès,
les marnes , les pierres à chaux font pofés
par lits & par bancs ; mais les granits,
les grès en petites mafffes , les criflaux ,
les métaux , les minéraux , les pyrites , les
foufres , les ftalaâites, les incruftations fe
trouvent par amas, par filons , par veines
difpofés irrégulièrement, mais cependant
alfujettis à quelques formes , furtout les
Crîftailifations & les fels. Voyeç ci-devant
les paragraphesoùil eftqueflion àesmaffifs
du globe , des charbons de terre , &c .
Mais ce qui a fînguliérement attiré l’attention
des obfervateurs , parmi les fubf-
tances qui compofent les couches ter-
reftres , eft cette müititude confidérable
de foffiles en nature ou pétrifiés. On
trouve des coquilles de différentes efpèces,
des fquelettes de poiffons de mer qui font
parfaitement femblables aux coquilles, aux
poiffons aâuellement vivans dans la mer.
Ces foffiles par leur p o li, leurs couleurs,
leur émail naturel , préfentent des dépouillas
reconnoiffables. Quelques-unes de ces coquilles
font entières j tout y eft femblable,
foit au-dedans , foit au-dehors , dans leur
cavité , dans leur convexité, dans leur
fubftance, à celles qu’on tire des mers. Les
détails de la configuration, les plus petites
articulations y font deffinées ; de même
outre cela on trouve les coquillages de
la même efpèce par grouppes , de petits &
de jeunes attachés aux gros ; & tous foui
dans leurs tas & dans les lits pofés fur le
plat & horifontalement. Certaines coquilles
paroifl'ent avoir éprouvé une elpèce de
calcination plus ou moins grande ,. & une
décompofition qui en altère la forme en
grande partie ; elles font imparfaites ,
mutilées, par fragmens reconnoiffables au
milieu des bancs.
Les bancs qu’on a trouvés en différens
endroitsont une étendue très-confidérabje;
il y en a une maffe de plus de cent trente
millions de toifes cubiques en Touraine.
Dans la plupart des carrières de pierre ,
cette fubftance lie les autres & y domine.
Quant aux pétrifications qui ne préfentent
que les empreintes ou en relief ou en
creux , d’animaux & de végétaux , elles
font cotnpofées d’une fubftance pierreufe
‘ ou métallique , & diverfement colorée :
les unes préfentent une forme parfaite ,
d’autres font mutilées, courbées,applaties,
allongées. g
On trouve enfin une multitude étonnante
de foffiles ou confervés , ou altérés,
ou pétrifiés , dans les couches des montagnes,
comme fous les plaines ; au milieu
des continens , comme dans les îles ; dans
les premiers lits , comme dans les plus
profonds ; depuis le fommet de certaines
montagnes adoffés au-noyau des A lp e s ,
jufqu’à cent pieds fous terre dans le terrein
écoulement , & fuîvant la profondeur de
ces couches , les eaux féjournent auprès
de la furface de la te r r é , ou bien à de
grandes profondeurs. Un lac ne fera pre-
cifément que la réunion des eaux qui coulent
d’Amfterdam ; dans toute la chaîne qui '
traverfe l ’ancien continent depuis le Portugal
jufqu’à la Chine ; dans les matières ■
les plus légères , comme dans le.s fubllances
les plus dures & les plus compactes. Ces :
foffiles y font incorporés, pétrifiés:, &
remplis conftammettt de la fubftance meme
qui les environne. On trouve enfin des
coquilles légères & pefantes dans les mêmes
matières ; dans un feul endroit, les efpepes
les plus difparates; dans les endroits les
plus éloignés, les efpèces les plus reffem-
blantes., & dont les analogues, foit végéj
taux , foit animaux, font ou-dans.des mers
éloignées , ou dans les parages voifins-,
çu ne font pas encore connus.
11 faut remarquer qu’il y a des coquilles
& des pétrifications dans les matièr.ea calcaires
, dans -les marnes , dans les argiles,
& nullement dans les matières vitrifiables :
on en trouve de difperfées dans les fables;
On n’a point encore vu de coquilles dans
le roc v if en petites tnafiès ; enfin , on
n’a pu découvrir de coquilles au Pérou
dans les montagnes des Cordelières & dans
les pays de granits.
La difpofition de toutes ces couches
dont nous venons d’examiner les formes &
les fubllances, fer-t à recueillir & à diflribuer
régulièrement les eaux de pluie , a les
.contenir en differens endroits, a les verfer
par les fources , qui ne font proprement
que l’interruption & l’extrémité d’un
aqueduc,, naturel, formé par ^deux lits
de matières propres à voiturer 1 eau ; car
les eaux tombant fur ces couches, fe
filtrent par les iffues & par les frequentes
interruptions qu’elles éprouvent : elles fe>
chargent fouvent des molécules de fubf-
tances.ou jerreftres ou métalliques qu elles
peuvent diffôudre, & acquièrent par cette
' ppération les,différentes qualités que nous
avons remarquées ci-devant. Les couches
de glaife , qui régnent dans une grande
étefidqe du. g lob e , contiennent les eaux;
la pente des couches leur procure un
entré les' couches qui viennent fe
' terminer a fon bafiin, dcleformer par leurs
interruptions.
PJienomëiies qui indiquent lin travail
pofiérieur au premier qui tend,
à changer la jrqce du globe.
Les couches du globe, même les plus
foiides, font interrompues par des fentes
de différente largéür , depuis qn demi-
, once jufqu’à quelques toifes ; elles (ont
perpendiculaires à l’horifbn dans les matières
calcaires, obliques & irrégulièrement
pofées : dans lés (Arrières de giès 8c de
roc vif. On les trouve aû’ez éloignées les
unes des autres, & plus étroites dans les
fubllances molles & dans les lits les plus
profonds : plus fréquentes & plus larges
dans les matières compares, comme dans
les marbres ou dans les autres pierresdures
& au milieu des premières couches ^fou-
vent elles defeendent depuis- le fommet
des maffes jufqu’à la bâfe, d autres fois elles
pénètrent julqu’aux lits inférieurs : les unes
vont en diminuant de largeur; d autres
ont une même largeur dans toute leur
étendue.,
C ’eft dans ces fentes que fe trouvent
, les métaux, les minéraux , les criflaux,
les foufres ; elles font.intérieurement garnies
dans les grès & les matières vitrifiables,
de criflaux, & de minéraux de
toute efpèce. Dans lés carrières de marbre
ou de pierres à chaux, elles font remplies
de fpaths , de lames gypfeufes , de gravier
& d’un fable terreux. Dans les argiles,
dans, les craies , dans les marnes , on
trouve ces fentes ou vides ou remplies de
matières dépofées par lès eaux de pluie.
t On peut ajouter à ces fentes d autres
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