
vante. Ils ajoutent que les rivières , les 1
fleuves , ont moins de profondeur qu’ils
n’en avoient autrefois, félon les mefures
données il y a 80 ans par les arpenteurs ;
ainfi que le témoignage des pêcheurs
& celui des habitans du pays peuvent
aifcnîsnt en convaincre, •
Ces aterriffemens font-ils la fuite d’un
dépôt formé par la mer, ou par les eaux
même des fleuves & des rivières ? Ces
deux caufes peuvent y avoir contribué ;
cependant il eli probable qu’ils ont été
occafionnés par les eaux des rivières ; ily a
près d’un, fîècle que. cette partie étoit
inculte , remplie de forêts & recouverte
par des plantes traçantes, paria moufle, &c.
Alors les pluies & la 'fonte des neiges
n’avoient prefque aucune prife fur ce
terrai! dont la fur face étoit durcie; mais
depuis l’arrivée des européens en Amé~ '
r que, les terres ont été défrichées , la- j
bornées, & ont préfenté aux plüies, :
aux neiges & aux inondations des fur- i
faces ameublies par la charrue, & dont
les molécules ont été facilement entraînées.
Il n’eft donc pas furprenant qu’il foit
arrivé dans d’efpace d’un fiècle , . des
changemens qui , fans les défrichemens,
n’auroient pas eu lieu dans celui de
mille ans , fur-tout dans un pays aulîi
montüeux,
Ces obfervarions de Kalm confirment
l’ctpinion de Brouwallius, contre ceux
qui veulent prouver la diminution des
eaux de la mer par l’infpeftion des enr
virons de Smyrne ; on voit , âifent-rils ,
à Smyrne j quantité dë ruines & de
monumens très-éloignés de la mer , &
cependant les habitans demeurent aujour-'
d’hui près du rivage ; d’où Brouwallius
conclut que ceux-ci ont été forcés de
fe rapprocher du rivage à mefure que
la mer s’en éloignoit. Çette idée avoir
féduit Maillet', & en féduit aujourd’hui
plufieurs autres après lui. Mais les féduc
rions qu’on en peut tirer difparoîtront
d’elfe? même?, fi on lit des defcriptions de
Smirne par Strabon, par Piton de Tournefon,
Spon, Darvieux, Dumont, &c. Tou»
rapportent que cette ville étoit autrefois
par fou étendue & par le nombre de fes
citoyens bien plus confidérable qu’elle nq
l’eft aujourd’hui. On fait auflî qu’elle a
elfuyé fix trcmblemens de terre qui lui
ont fait beaucoup de tort du côté de là
mer ; il n’eft donc pas étonnant que fes
habitans aient bâti par préférence- fur
les bords de la mer ; puiique la commodité
du port & la néceffité du-commèrcq
les y forçoit.. Le fleuve Metlès baignoit
autrefois les murs de Smyrne, il fe péri
actuellement par des canaux qui le con~
duifent ailleurs,
Tournefort allure que lorfqu’il ' vifîta
dans fille de Crète le port de Çorrine,
il trouva que la difiance de ce port à la
ville étoit la même que du tems de
Strabon , c ’eft-à-dire de quatre-vingt dix
ftades ; il dit auflî que cette ifle a aujourd’hui
la même circonférence que Pline
St Strabon lui ont affignée. Le détroit
entre le grand ’& le petit Oélos n’a pas
changé davantage, & a toujours yoo
pas. Le P. Labat. a trouvé qu’à Civita-
Kecckia les ruines du centum çellæ d'Adrien
étoient au niveau de la mer, Il faudrait
donc dire que l’eau s’élève.près du port
HAntium , quoiqu’aux environs de l’em ■
bouchure du Tibre , il paroît un terrein
afiez confidérable qui n’exiûoit pas du
tems des romains. Ajoutons à ces preuves
que la mer baigne aujourd'hui , à la même
hauteur qu’autrefois', les murs de Cadix ,
qui efi un des plus anciens ports de la
Méditerranée,
Browallius remarque, d’après Donatz,
< dans la Storia naturale marina, del Adr\a-
'tiço, imprimé à Venife en 1770, qu’il
y a dans le golfe Adriatique des couche»
de corau x & de coqu filages mêlés enfemble,
& comme pétrifiés avec le fable & la
terre que la mer pouffe continuellement
fur fes côtes. Donati bien éloigné du
. (entirnent de Maillet, conclut au contraire
qup
que le niveau de la mer haüffe chaque n
jour, il en donne pour preuve les planchers
en Mofaïque, les urnes, &ç. trouvés
fm- le rivage; 'mais comme il voyoit
auflî que l’édifice érigé fur le bord de
la mer par AlphonJ'e lien i 587 , en
eft aujourd’hui éloigné dç p à 7 lieues
à'Italie, St que Baveune ainfi qu Aquilce,
célèbres autrefois par .leurs ports , forit à
une grande . difiance de la mer, il a'
adopté l’opinion de l’illuftre Buffon ,
que' la mer perd d’un côté ce qu’elle
gagne de l’autre.
De tous ces faits, de toutes ces obfer-
vations , Brouwallius Conclût , qu’il fe
trouve dans la mer des aterriffemens &
des débordemens, & qu’on trouve en
méme-tems des endroits qui démontrent
que le niveau de la mer a toujours été le
même; d’où il fuit que ces changemens
font relatifs les uns aux autres, de forte
que la mer gagne d’un côté ce qu’elle
perd de l’autre. L’ouvrage de Brouwallius
fit une fenfarion très-vive en Suède, où
i’hypothèfe de la diminution de l’eau de
la. mer avoit eu tant de feétateurs, On
lut. neuf ans fans voir paroître aucun
écrit à ce fujet.» If^yrkflrom, yrofeffeur
de mathématiques à Calmar, s OcCtipOÎt
alors à examiner fi réellement le niveau
de la mer diminue ou s’élève, & fi l’on
peut admettre la mefure celfienne. Pour
s’èn Convaincre, & pour laiffer à la pof-
térité une preuve confiante & Certaine ,
il plaça fur les murs de la ville de Calmar,
le 21 mai 1774, une perche perpendiculaire
divifée en pouces & en lignes.
Il obferva journellement la hauteur de
l’eau pendàht deux années, & après en
avoir pris la hauteur moyenne , il fit
tracer le 23 avril 17p6 fur le rocher
le plus feptenttional de l’ifle de K allô ,
fitué fur le détroit à une difiance d’tm
quart de lieue de Calmar, une marque
telle qu’on la voit ici ith dont la ligne
horifûntale a Ip pouces de longueur , &
la verticale 7 pouces \ ; ces deux ligpes
Çeographie-Phyfique. Tome I .
oùt''chacune .un pouce dé profondeur.
Dans le, milieu de la ligne horifontale ,
à l’endroit où celle-ci touche a la verticale
on à fait un petit trou duquel il
faut mefurer la hauteur de Peau. Dès
que TFyrkflrom eut pris toutes ces pré ■
cautions , il mefura l’éloignement de l’eau
à la hauteur indiquée, & elle fut de n8p
pieds- de Suède , & la hauteur moyenne
de toüfe l’année iÿpri a été de 1120
pieds. L’académie de Stokholm defiraht
connoître à quelle hauteur perpendiculaire
cette marquefe tiôuvoit âu-defius
du niveau de la mer , Wyrkjlrom lui
ien rendit compte le ip juin 17PP, en
i démontrant par des obfervations faites
[pendant cinq années cohfécutiv.es qu’elle
! fe trouve à p68 pieds au-deffus du niveau ,
quand la nier eft à fa hauteur moyenne,
& que la différence entre la plus haute
& la plus baffe marée n’excède pas deux
pieds de Suède,
! Celui qui cherche de bonne foi la vérité?
continue Ferner, celui qui n’eft guidé , ni
\ par l’efprit de parti, ni par les préjugés ?
[ fera bien embarraffé pour porter un juge—
f ment décifif dans cette queftion. Les fait*
rapportés par Celfius , ori— Liante ,
Daliit, Brouwallius, Sec. femblent prouver
le p ou r '& le contre. Il eft difficile
de fe décider fur un Tu jet d’une telle
importance, Car en parcourant les différentes
parties de l’E urope, on ne peut
trouver aucune preuve indubitable^ de
l’abaiffement de la mer ou de fon élévation.
Plus on recueille d’obfervations, plu#
les raifons alléguées en faveur de l’une
ou de l’autre opinion, paroiffent équivoques.
On voit par exemple dans plufieurs
endroits de VEtoffe les relies, de murs
que les romains firent conftruire au fécond
I fiècle de l’ère chrétienne, & qui coupent
: ce pays d’une mer à l’autre; il eft fmgulier
qu’ils loient aujourd’hui couverts de terre ,
& qu’il faille fouiller pour les retrouver.
Il en eft de même d’un autre mur qu’Adrien
fit bâtir vers l’an 123 de qui traveifoit