
métaux, ne font que les ftillations, les
exudations ou les fublimations de céspremières
matières.
Mais les fables & les graviers calcaires ,
les craies , les pierres dé taille calcaires , ;
les marbres, les albâtres, les fpaths calcaires
opaques, & tranfj arens, toutes les
matières en un mof qui fe Convertiffent en
chaux, ne préfentent pas d’abord leur
première nature; & quoiqu’originaire-
rnent de verre comme toutes les autres ,
Buffon les conlîdere comme ayant paffé
par des fîlierès qui les ont dénaturées ; il
regarde cés filières comme propres à convertir
le liquide en folide & à transformer
l ’eau de la mer en pierre.
Buffon croit que ces affamons peuvent
s'établir par la (impie infpefiion de ces
matières & par l’examen attentif des monument
de la nature.
Lepremier monument de la nature con-
fille dans les coquilles 8c autres produdions
de la mer qu’on trouve à la furface & dans
l’intérieur de la'terre : Toutes les matières
calcaires font compofées de leurs détfi-
tnens.
En examinant ces coquilles & les autres
produdions marines que l ’on tire de la
terre en France, en Angleterre*, en Allemagne
& dans le relie de l’Europe, on
reconnoit qu’une grande, partie des efpèces :
d’animaux auxquels ces dépouilles ont appartenu
ne fe trouvent pas dans les mers
adjacentes, & que ces efpèces ne fub-
jiftent plus ou ne fe rencontrent que dans
les mers méridionales. De même on voit
dans lesardoifes& dans d’autres matières, à
des grandes profondeurs, des fquelettes de
coiffons, des impreffions de plantes, dont
aucune efpéce n’appartient à notre climat.
Buffon cite ces faits comme un fécond
monument, dont il fe propofe de faire
ïlfâge.
L e lip ifièm e monument fo n t Je» fque-
Jettes, les défenfes, les ofTetnens d’Elé-
phans, d’Hyppapotames&de Rhinocéros,
qui fe trouvent en Sibérie & dans les autres
contrées feptentrionales de l’Europe &
de l’Afie, en affez grande quantité, pour
ctre alluré que les efpèces de ces- animaux
qui ne peuvent fe propager aujourd’hui
que dans les climats ehauds, fe propa-
geoient autrefois dans les contrées du
Nord; outre cela, ces,dépouilles d’Elé-
phans & d’autres animaux terreftres fe tirent
à une trèù-rètite profondeur, au lieu que
les coquilles & les autres débris des produdions
marines fe trouvent enfeveiies
à une très-grande profondeur dans l’intérieur
de la terre,
Le quatrième monument auquel s’attache
Buffon, font de femblabies défenfes &
offemens' d’E'.ép hans, ainfi que des dents
d’Hipt opotames, qu’on trouve non feulement
dans les contrées du Nord, mais
auffi dans celles du Nord de l’Amérique,
quoique les efpèces de l’Eléphant & de
PHippo; otame n’exiftent point dans ce
continent du nouveau monde,
Enfin le cinquième monument intéreffanf
que cite Buffon , confifle dans ce nombre
infini de coquilles, dont plufieurs analogues
, vivans foit dans nos mers, foit
dans les mers méridionales, n’exillent plus,
enforte que les efpèces en paroiffent
perdues & détruites par des eaufes jufqu’à
préfent inconnues.
En comparant ces monument avec les
faits que nous avons difcutés, Buffon
montre d’abord que le tems dé la formation
des matières vitrefcibles eft bien plus reculé
que celui de la production des matières
calcaires, & diftingue quatre & même
cinq époques dans les tems qui ont préfîdé
â ees formations. La première comprend
le tems, où la madère du globe étant en
fufion par le feu , la terre a pris fà forme
en s’élevant fur l’Equateur, & s’abaiffant
fous les pôles par fon mouvement de ro
ftatiçnj, 4 fçççpde comprend le tems, où
f § P
cette matière du globe s’étant confoli<Jéé_,
-a formé les grandes malfes de matières vi-
trefcibles; la troifième où la mer couvrant
la terre actuellement habitée, a nourri es
animaux à coquilles , 'dont les dépouilles,
ont formé les fubftances calcaires; la quatrième
peut être fixée au tems où s’eft
faite là retraite de ces mêmes mers qui
couvroient nos continens ; une cinquième
époque toute aulïï clairement indiquée
que les quatre premières, eft celle du tems
où les Èiéphans , les Hippopotames & les ;
autres animaux du Midi ont habite les J
terres du Nord. Buffon place cette époque ;
dans des tems poftérieurs à la quatrième,
perce que les dépouilles des animaux ter-
reftrés fe trouvent prefque à la furface de^
la terre, au lieu que celles des animaux
marins font pour la plupart & dans ies,
mêmes lieux enfouies à de grmdes profondeurs.
On trouve ces offemens 8c ces défenfes
d’Eiéphans en tant de lieux différens 8c
en fi grand nombre, qu’on ne peut plus
fe borner à dire, que ce font les dépouilles
de quelques;, Eiéphans amenés par les
hommes dans ces climats froids. Buffon
croit qu’il en réfulte que ces animaux
étoient autrefois habitans naturels des
contrées du Nord, comme ils le font aujourd’hui
des contrées du*Midi, & ce qui
. rénd encore ce fait plus difficile à expliquer
, c’eft qu’on trouve ces dépouilles
des animaux du Midi de notre continent,
non-feulement dans les provinces de notre
Nord , mais auffi dans les terres du Canada
& des autres parties de l’Amérique fep-
tentrionale-, d’où ce favant conclut que
cette zone froide fut alors auffi chaude!
que l’eft aujourd’hui notre zone torride.
Il ne croit pas que. l’habitude réelle du
corps des animaux , qui eft ce qu’il y a de
plus fixe dans la nature , ait pu changer, au
i point de donner le tempérament du Renne
S à l’Eléphant. Gmelin qui a parcouru la
Sibérie , & ramaffé lui-même plufieurs
•offemens d’Eléphans dans ces terres feptentrionales
, cherche à rendre raifon du
Géographie-Phyfique. Tome I .
fait, en fuppofant que de grandes inondations
dans les terres méridionales ont
chaffé les Eléphants vers les contrées du
Nord, où ils.ont tous péri à la fois par
la rigueur du froid; mais Buffon ne peut
fe perfuader qu’une inondation des mers
méridionales ait chaffé à mille lieuçs dans
notre continent, & à plus de trois mille
lieues dans l’autre les Elephans en auffi
grand nombre que l’indiquent leurs
dépouilles. Il ne trouve pas plus de ref-
fourcé dans le changement -Je l’obliquité
de l’Ecliptique, pour expliquer comment
la température des différentes^ parties du
globe a pu changer au point que les
terres du Nord aujourd’hui très-froides ,
aient autrefois éprouvé le dégré de chaleur
des terres de la zone - torride. A la
* première vue ? on pourroit croire que
l’inclinaifon de l’axe du globe n étant pas
confiante , a pu varier au point que la
terre a tourné fur un axe affez éloigné de
celui fur lequel, elle tourne aujourdhui,
poür que la Sibérie fe fut alors tiouvee
fous l’Equateur. Les aftronomes ont ob-
fervé que le changement de l’obliquité
de l’Ecliptique eft d’environ quarante-
cinq fécondés par fiècle. En fuppofant
cette augmentationiiicceffive 8c confiante,
il faut trois mille fix cents fiècles pour produire
une différence de quarante-cinq dégrès
, ce qui rameneroit le foixantieme
dégré de latitude au quinzième, c’efl-a-
dire, les terres de Sibérie où les Elé-
phans ont autrefois exifté , aux terres de
l’Inde où ils vivent aujourd’hui.
Buffon répond à cela que le moyen
d’explication qui réfulte de cette hypo-
thèfe ne peut pas fe foutenir ; car le changement
de l’obliquité de l’Ecliptique-, n eft
pas une diminution fucceffive & confiante;
ce n’eft , au contraire, qu’une variation
qui fe fait tantôt dans un fens , tantôt dans
un autre , laquelle par conféquent n’a jamais
pu produire en aucun fens, ni pouC
-aucun climat, cette différence de quarante-
I cinq degrés d’inclinaifon ; ainfi cette caufe
1 eft tout-à-fait infuffifante , & l’explication