
du riaphte & du pétrole, elles indiquent
en plufieurs circonftances un feu aduel-
lement allume fous terre, qui met, pour
ainfi dire , les charbons de terre en dif-
tillation ; car , fuivant la remarque de
Rouelle, tous les embrâfemens fouterrains
ne fe font pas avec éruption & fracas. Il
y en a qui brûlent en lîlence ( fien te s )'
dans le fein de la terre, & l’on a lieu
de les fuppofer dans le voifinage des
endroits où l’on trouve des eaux thermales,
du pétrole, de l’alun.
Il n’y a rien de plus probable que les
charbons de terre , le jayet , le fuccin,
les bitumes , la terre alumineufe , ont une
même origine, c'efl-à-dire que ces fub-
flances ont été produites par ladeftrudion
& la décompofition des végétaux , Si fur-
tout par les bois rélineux qui ont été en-
fevelis dans le fein de la terre ; mais qui
y ont éprouvé enfuite une altération plus
ou moins coniîdérable. En effet , par la
diiiiilation on en tire les mêmes produits
que de la vraie réline des arbres. Mais ce
oui donne un très - grand dégré de probabil
ité à celte conjeéture-, c'ell que fouvent
on trouve au-deffus des mines de charbon
de terre, du bois qui ri’efl point du tout dé-
compofé , & qui l’eü davantage à mefur»
qu’il eft enfoncé plus avant en terre. L ’ar-
doife qui fert de toit ou de couverture au
charbon elt fouvent remplie des empreintes
de toutes les plantes qui accompagnent ordinairement
les forêts , telles que les fougères
, les capillaires &c. Ce qu’il y a de
plus remarquable , c’ell que fuivant les
obfervations que Bernard de Jüffieu a faites
dans les mines de Saint - Chaumont en
Lyonnois , toutes ces plantes dont on
trouve les empreintes , font exotiques-,. &
diffèrent entièrement dé celles qu’on rencontre
fous le climat que nous habitons,
mémoires de l'académie des fcicnces année
1 7 r 8. Le bois foflîle qui étoit au-deffus des
mines de charbon du comté de Naflàu &
dont on a envoyé plufieurs morceaux à
Réaumur , étoit très-dur & très-compad ,
rempli de réline & femblable à quelques
uns des bois d’Amérique que nous employons
dans les ouvrages de marquetetie.
A l’égard du jayet ( G agates. ) on en
trouve dans le duché de Wirtemberg qui
a la forme & le tiffu d’un arbre, & dans
lequel on voit tout ce qui caradérife les
couches ligneufes. Quant au fuccin , on a
remarqué qu’il fe trouve dans des couches
de fable, au-deffus defquelles il y a des
lits de bois fofiilles , qui fuivant les apparences
ont fourni la réfine du fuccin qui en
eft découlée. Cette réfine ou ce fuccin
renferme fouvent des infeétes q u i, confédérés
attentivement , n’appartiennent point
au climat où on les rencontre préfentement.
Enfin , la terre alumineufe eft fouvent
feuilletée & reffemble à du bois , tantôt
plus , tantôt moins décompofé. Concluons
de tout cela que la terre a éprouvé
bien des révolutions, dont l’hiftoire ne
nous a confervé aucun monument. Pour
concevoir , au relie , comment une grande
quantité de bois peut être portée dans là
terre, on n’aura qu’à faire attention à ce
que nous apprend la Condamine dans fori
voyage de l ’intérieur de l’Amérique Méridionale
, où il a obfervé que la rivière
des Amazones entraîne une quantité im-
menfe d’arbres & prëfque des forêts
entières qui font portées jufqu’à la mer.
Gmelin, dans fon voyage de Sibérie, a pareillement
remarqué que la mer apportoit
une quantité prodigieufede troncs d’arbres
qui s’amaffent fur fes bords , & qui font
voitures par les rivières de Sibérie.
I I I .
Confedération fu r la marche de la nature ,
dans les combinaifons des différens elime
ns des minéraux , &c.
Comme le but de Henckel n’eft pas feulement
d’expliquer la manière dont on peut
concevoir que la pyrite s’eft formée dans
l’inftânt de la création ; que ce qu’il dit
peut s’appliquer en.général à la produéfion
de tous les minéraux , nous avons crû ,
afin de jetter quelque jour fur fa doélrine
devoir rappeiler à no* leéleurs certains
principes qu’on ne doit pas perdre de vue ,
fi l’on ne veut pas s’égarer dans des matières
aullî obfoures.
Les minéraux & en général tous les
foftiles , font des corps compofés, c’eft-à-
dire , que les molécules de faffemblage
defquelles réfulte i’àggregé d’un minéral,
font formées par l’union de corps de différente
nature. Par exemple , la py rite eft
formée de l’union dû foufre ou de l’arfenîc,
ou de l’un 8c de l’autre , avec une terre
métallique & une "terre non-métallique : il
eft vifible que ni le foufre ni l’arfenic , ni
même la terre métallique , ne font des
corps Amples.
L ’art eft parvenu à la vérité, à combiner
enfemble du foufre & du fer , & même du
cuivre, qui font les fubftances métalliques
qü’on trouve le plus fouvent dans là pyrite,
8c de ce mélange il eft réfulté un corps qui
fe vitriolife comme la pyrite - c’eft ce que
l ’on peut voir dans les fcories du régule-
martial, & dans la pâte avec laquelle Le-
mery avoit prétendu imiter les volcans.
Mais peut-on dire pour cela qu’on imite la
pyrite^ ? ou pour mieux dire , efl-ce la
voie que prend la natlire pour la former ?
fé contente-ell.e d’unir du foufre qui exif-
toit déjà tout fait avec du fer qui exif-
toit egalement fous la forme de fer ' 1.1 y a
bien de l ’apparence que non. Les raifons
qu on peut avoir d’en douter, c’eft qu’on ne
trouve point ces fubllances pures & ifolées
dans la nature , ou que du moins on ne les
trouve pas dans les lieux où fe forme la
Pyrite ; car on n’ignore pas qu’il n’y a de
foufre pur que dans les lieux où i l ÿ a eu
des volcans , 8c ces forte» d’endroits font
peu fréquens fur la forface du'globe ; au'
heu qu’on trouve des pyrites qui fe font
Formées dan* les lieux où il n’y a nul-trace
de volcan. Il eft donc plus que vraisemblable
que la nature n’emploiè pas des
matériaux tout,faits pour former les pyrites
G eographie-Phyfique. Tome I .
& les autres minéraux , & qu’elle produit
■ & les matériaux , c’eft-à-dire les premier*
mixtes le compofédans le mêmeinftant.
Voic i donc comme on peut concevoir
qu’elle procède.
Ou les clémens de ces fortes de combinaifons
exiiient dans différens corps compofés
, dont ils fe féparent en fe foblimant
dans les cavités de-la terre , cavitésdans lef-
quelles ils fe rencontrent,& formeut parleur
combinaifon les mixtes qui s’unifiant par la
foiteentr’eux,compofent des pyrites ou des
minéraux de toute autre efp èee., On voit
des exemples de cette forte decombinaifon
dans les travaux de là chimie ordinaire, dans
-iefquels, les corps mis. en état de vapeur ,
venant à fe rencontrer dans le vuide des
vaifleaux, s’uniffent & fe combinent enfemble
fous un forme'différente de celle
qu’ils avoient dans les compofé* dont il»
faifoient partie auparavant. C ’eft ce qu’on
obferve dans la formation du fublimé
corrolîf, fur-tout lorfqu’on n’emploie que
du vitriol & du fel marin avec du mercure.
Ou bien encore on peut fuppofer que ce*
élémens n’exiftent combinés fous certaines
formesparticulières qu’à la fuite du mouvement
produit dans ces corps par la chaleur
fouterraine ou par toute autre caufe
femblable. Ils fe féparent, comme on voit,
pour fe réunir fous de nouvelles formes ;
phénomène qu’on pourroit comparer avec
allez d’exactitude à la fermentation qui
s’excite dans- les focs des végétaux & des
animaux, & dont les réfoitats font auffi des
corps compofés de différentes efpèces.
Ainfi , ce n’eft pas fans fondement que les
alchimiftes comparent l’oj ération de leur
grand oeuvre à la fermentation vineufe.
Nous ne nous arrêterons pas à démontrer,
i’ànalogie qui fe trouve entre la produdion
"des mines & des fubftances qui les accompagnent
, & celle des différentes parties
qui conftituent les liqueurs fermentées; il
faudroit écrire nn long traité pour cela , &
nous n’avons deffein que de faire une note.
Il eft bien furprènant que les naturaliiles
K ' k