
périodiques, fujetsà des inondations extraordinaires
, mais cependant réglées & confiantes
, & qu’il y aüroit eu des fiècles où
les pluies 8c les crues, de chaque hiver
auroient été autant de déluges. Si malgré
ces confidératiohs, on ne voit dans toutes
ces defliuflionsque l'ouvrage feul du déluge
de Noé , il faudra qu’on reconnoiiie que
la conflruâion intérieure de nos montagnes
a été l’effet d’une .révolution.plus
ancienne ; ce font-là les échantillons de
tous les fpeâacles & en même-temps les
plus grands qui font préfentés par tous
les fleuves de là terre. Je les ai confî-
dérés avec attention & fans d’autre prévention
que pour les torrens & leur abondance,
Si je me fuis, mépris dans quelques
vues, dans quelques conféqüences, il ne
faut pas que cette confidération fafle tort
au plan général des faits. Je n’ai ni tout
vu ni tout penfé ; j’ai feulement ouvert
la porte d’une carrière que l’on doit fulvre
pour atteindre aux connoiflànees qui fer-
viront utilement à la.théorie de la terre.
J’ai préfenté dans les notes & les obfer-
vations qui précèdent la fubftance du traité
fur le cours de la Marne telle que j’ai
pu "l’extraire dans le teins qu’il me fut
confié par l’auteur. Quoique je n’approu-
vafle pas pour lors les principes hypothét
iq u e s qui ont dirigé les détails de cet
ouvrage, je les ai rendus fidellement. En
publiant cet extrait, j ’ai rempli deux vues
que je crois également utiles : la première
a pour objet de faire connoître les travaux
de Boulanger & les produits de fes recherches
& méditations : la fécondé efl de
conferver un écrit dont les écarts mêmes
peuvent fervir au progrès de l’hifloire
naturelle de la Terre , en indiquant les
erreurs & les fauffes routes; mais ici ce
defaut efl bien racheté par plufieurs vues
fécondés & lumineufes.
B ulanger ayant, comme je Tai déjà dit ,
adopté l’hypothèfe de l’éruption des eaux
fouterraines par les fources, ainfî que des
f torrens qui font venus à la fuite, n’a plus vu
les faits & les-phéncmènes qu’il a été à portée
d’obferver avec foin, dans la Cmplicité de la
nature ; mais toujours d’après fes agens
hypothétiques , Si quoique fouvent il ne
s’ écarte pas des effets Amples dont nous
fommes témoins tous les jours , & qu’il
les rapeile avec les caufes qui font auflî
en aâivité fous nos yeux , cependant il
en revient toujours à fes torrens qu’il
modifie de toutes manières ; c’eft au lecteur
à juger de tout ce travail. J’ai tranfi
| crit exactenrent-les expreflions de Boulanger
, d’après les principes d’impartialité que
je me fuis prefcrît & fans lefquels je n’au-
rois p u , fans de longues difcuffions, rédiger
l’hifloire des ouvrages publiés par les
écrivains qui fe font occupés de la théorie
delà Terre & delà Geographie-P hyfique.
Je me fuis d’autant plus volontiers déterminé
à publier ces notés & extraits, qu’ayant
eu occafion de vérifier les faits qui en
forment le fond & d’en étendre les détails,
je publiois en même-tems le précis rai-
fonné d’un travail que j’ai fait & rédigé fur
la Marne & fa vallée ; mais où j ’écarte
foigneufement tout ce qui a trait aux agens
que Boulanger met en oeuvre, 8c aux torrens
fur-tout avec lefquels il comble les
vallées pour les creufer.
Toujours occupé dés mêmes objets, &
voulant appuyer fur de nouveaux moyens
fon hypothèfe de l’éruption abondante des
eaux fouterraines par les fources, Boulanger
adopta une autre hypothèfe , qui
confifte dans le jeu & l’élafticité des couches
dé la terre. C’ eff-là l’objet d’une
carte & d’un mémoire par où il fe pro-
•pofoit de terminer Tes travaux en es
genre, 8c particulièrement fur la forme
extérieure des continens & des vallées où
coulent les rivières de différens ordres.
Un extrait du mémoire prouvera combien
de faits il avoit fçù recuéillir pour établir
une hypothèfe, dont il fentoit peut-
être lui-même le peu de folidité , & combien
il a fallu d’intelligence pour les combiner
aulfi avantageuferaent qu’il le fait.
* Oii
On y voit une connoiffance de l’hiftoire
de la Terre, beaucoup plus réfléchie &
beaucoup plus étendue qu’il n’en montre
dans les ouvrages qu’on a publiés fous fon
nom , 8c qui ne font la plupart, quant à
la partie de l’hiftoire naturelle, qu’un tiffu
d’imaginations auflî bifarres que peu phi-
lofophiques. C’eft pour cela que je n en ferai
ici aucune mention particulière, comme
étant étrangères à mon objet.
XI. Précis d'un mémoire fur une nouvelle
mappemonde & fu r les effets de
Vélaflicitè des couches du globe.
Boulanger commence par obferver qu’à
la fimple infpeétion de la fuperficie de la
terré & des contours bizarres des mers &
des continens , la feule idée qu’on puilfe
s’en former efl celle d’un globe dont une
partie efl inondée 8c l’autre fortie de desfous
les eaux. U voit fur toutes les mappemondes
& les cartes maritimes réduites,
les relies d’une maffe échappée à une
grande fubmerfion & dont les finuofités
expriment les arrachemcns , pendant que
d’un autre côté une terre naiffante fe dégage
chaque jour de deffous les eaux, de
telle manière que ces mêmes sinuofités
préfentent des pièces d’attente.
Un examen plus étendu lui fait, croire i
qu’à la fuite des inondations- dont parlent
les traditions , de grandes parties de continens
font devenues des mers où 11 croit
voir des vallées, des montagnes , des
couches & des bancs , & dont les ifles &
les écueils font les fommets les plus élévés ,
pendant qu’il découvre les traces & les
empreintes des anciennes mers au fornmet
de nos montagnes, dans leur maffe & juf-
qu’aux fonds des vallées. En conféquence
il s’eft perfuadé que les mers ont pris la
place de nos continens & que nos continens
ont fuecédé à nos mers anciennes par
flexibilité des couches de la terre qu’il
a cru devoir admettre. .
Géographie-?hyfique. Tome I ,
I l fe confirme dans ces idées en remarquant
d’ailleurs qu’à mefure qu’on approche
des mers , les continens baiffent
vers elles & s’y .plongent, de manière cependant
que les chaînes de leurs fommets
s’y diftinguent au loin fous fiés, eaux, &
que réciproquement, à mefure que les navigateurs
approchent des continens, la profondeur
des mers diminue , le fond de.
leur badin s’élève & gagne par une rampe
infenfible les terres découvertes. C ’efl à
la fuite de cette conformation du fond des
mers que fouvent les eaux s’infinuant dans
de grandes vallées elles .y forment des,
golfes , comme les continens forment à
côté d’elles des caps & des promontoires,
ejiforte que la profondeur des mers répond
toujours à la hauteur efcarpée des continens
, & qu’où les terres font hautes, les
mers font profondes, & qü’dù les mers
font baffes & peu profondes , les terres ne
leur préfentent que des rivages unis & des
plages d’une pente infenfible.
Il conclut de tous ces faits eorrcfpon-
dans , que la difpofîtion des terres & des
mers dépend d’un mouvement commun
& général dans toutes les parties du globe,
par lequel, lorfque les continens fc fora
éleyés, les baflins des mers ont fléchi à
proportion ; ou bien refpeâivement ceux-
ci s’étant enfoncés, les autres au contraire
fe font élevés d’autant & ont lancé
leurs promontoires, formé des ilihnaes,
des ifles, des prefqu’ifles , hors des baflins
des mers , comme ces baflins «voient distribué
fiir les continens des golfes, conler-
vé ou formé lés détroits, quelques mers
méditerranées & de grands lacs.
Une fi étonnante révolution & tous les
phénomènes, qui ont dû en être la fuite ,
font, fuivant Boulanger, produits par la
flexibilité des couches de la terre 8c des
bancs, dont une moitié en fléehiffant a
contribué à l’élévation de l’autre. À la fuite
de ces accidens fuppofés, il a trouvé là
fuperficie du globe partagée- en deux
portions, dont Tune efl élevée au-deflu*