
*1.!x caufes qui ont pu concourir à cette
inondation générale, ou quant aux èffeps
qu’il a produit à la furface de îjoaie globe.
Sous ces deux p,oi»ts de v u e , #>Be parpît
pas qu’il püifTe être confidérë comme un
événement que l’ordre aétuftl des chofçs ait
amené naturellement, ou Sont, il foit aifé
d,e prouver l’exillence par les vefliges qui
nous en r,citent.
On a dit .qu’aucune caufe naturelle n’a
pu verfor tout-à-coup fur la furface entière
du globe la quantité- d’eau néce'ffaire pour
couvrir, les plus hautes, montagnes, ni là
faire'difparoître en la réf|uïfant au volume
aécuel. On a dit que la .catafltoplae du.déluge
univerfel ne'pouvoit pas être comptée
parmi les évenemêm dont, les pbylicitns
obfervateurs. peuvent s'occuper.. En un
mot , le s ‘auteurs, anciens; Sc modernes. ,
payens & chrétiens, qui ent parlé du,déluge
, l’ont repréfentçicomine un évènement
miraculeux, orcronné par la volonté ;
expreffe de Dieu.- Cependant les uns & lesj
autres, malgré cet aveu, fe font occupés,
des moyens que cetté^caufe; furnaturelle
avôlt pu employer pour opérer une inondation
générale; ils en ont même recherché
curieufement les caufes 8ç développé lès :
progrès, comme fi un miràclepouvoit être
plus ou moins facile, plus ou moins incroyable.
Sénèque, lui-même , quoiqu’obligé d’a
voir recours pour confommer cette grande
révolution, à la volonté du deflin qui, fui-
vant fes principes, difeofoit fouveraine-,
nient des agens naturels, & leur commu-
riiquoitune énergie extraordinaire, fé borne
cepenÜantà ces agens. En développanttous
lea progrès de l’inondation St du défordre
qu’élle produit, il n’y fait concourir que,
des moyens connus qu’il afïujettit a une
marche conforme à l’ordre naturel. Si 1 on
apprécie bien les circonftances où il fembie
arpeller à lui le deftin , il èft aifé de le con-,
vaincre qu’il n’en a pas moins de confiance
dans les agçns hatutels dont il a fait choix
& que c’cft plutôt pour abréger les détails
de fes explications ,.»que pour avouer l ’in-
fjffifancs de ces agens , qu’il fait mention
du deltih.
Ce fyftême d’explications d’un évèna-
E ment auffi extraordinaireexpofé par Sé-
I nèque, avec toute l’âdreffe dont il étoit.ca-
. pablé , paroît avoir féduit quelques écri-
• vains fyftématiques de nos jours, qui eu
ont adopté les principaux agens,. J’ai lu
avec plaifîr les. deferiptions de .ce philo-
fophe ; j’ai été frappé de fon éloquence, &
même des péjTourcës defaphyfique; mais
•je n’ en fuisîpàs moins porté a difeuterfeha-
cun des moyens naturels qu’il emploie ,
; pour-.lës»réduire à leur,Julie .valeur, &
écarter les- fauffes, applications qù on en a
faites., & qu o ïf pburroig en faire par la
. fuite.
Les moyens que'Sérièque fait valoir avec
tant de fagacité, •Toiit'll’ériiptiou des eaux
“Touterrairfcs par les fources , la chiite abondante
des plûtes , St lé - changement dé la
terre en eau. Voyons quel parti on eh peut
tirer pour inonder la terre, farts déranger.,
fuivant leplan de Sénèque, /économie de
la nature.'. ~
J’ai fairobferver, dans les notes précédentes
, que la quantité d’eau verféè, fur
les continens par les pluies , étant fuffifante'
pour tous les befoins de la nature, il étoit
inutile d’imaginer desiréfervoirs d’eau im-
menfes., placés'dans l’intérieur du globe,
p o u f fournir à ces befoins : mais je ne puis
ici me'ijôrner à cette ob jeâion, fi ces
amas d’eau confidérabies peuvent être de
quelques fecours à Sénèque ou à fes parti-
fans , pour inonder la terre ; fi cette eau
fouterraîne , fortant de fes réfèrvoirs par
lé s fources-, peut former dqs torrens qui
fe déchargent dans la mèr, & la falfent déborder,
fur les continens, de manière à
couvrit fes plus hautes montagnes, je ne
puis condamner cette reffource, qu’âutaot
que le jeu ide ces eâtix & leur éruption ,
entraîneroient quelques inconvé.niens , ou
feroient contraires aux principes'de l’hy-
droftâtique.
■ D ’après ces principes', il faudra donc
.placer dés/éfervoirs d'ëau,, fi on a recours
à cette reffource-., dans les parties fuperfi-
‘ ciel les .du globe, c’ eft-à- dire dans la feule
> maffe, des continens , élevée'au-deffus du
niveau de la mer : o r , ce nouvel arrangement
Une fo.urce efl l’orifice d’un canal fou- •
terrain qui ve'rfe au - dehors l’eau que fa
pente y conduit par une .affluence ménagée,
Les foufees, ne peuvent donc: tirer Leurs
eaux que de- réfèrvoirs placés intérieure-.-
nient au-d.elfùs dù niveau de leur
car il efl „néceffaire queTçcqiilement dé*
l’eau des.fources, .comme de, toute autre
eau qui circule à. la furface du globe , foit;-
favorifé paf la pente & par l’impulfion de
l’eau îupéfjeiife qui pèfe fur celle, qui fort
à chaque inflant, & qui tend à la remplacé!"
à mefure qù’ eile fe 'vide. :
¥n conféquence de ce jeu uniforme de
l’eau des fou îte s, il efl clair que pour fournir
à leur entretien, elle doit réfider dans’
les lits voifins de la fuperficie de la terre;
elle y efl retenue d’ailleurs par les couches"
d’aigille , ‘qui fervent à firatifier les conduits^
fsuterrains.où elle fe ’rafl'erïible qui lui
ferment tellement toute iffue, qu’elle ne |
peut plnétrer à une certaine profondeur,
ni Communiquer avec les réfervoifs inté- ;
rieurs, quand" iv.ême ilsexiftcroient. D'aprèsi
ce plan de diftributioii de l’eau des fources,..
il s’enfuit qu’elle ne peut être que le produit
des pluies.
Toute autre manière dè concevoir l’origine
des fources St leur entretien, étant
contraire aux principes de l’hydroflalique,
il en réfulte que les réfèrvoirs fouterrains
placés au-deffous du niveau de la mer, n’ont
pu verfer leurs eaux-par les fources , &
fournir aux torrens qui dévoient fe: précipiter
dans le baffin de la mer ;, & qu’à cette
profondeur, l ’eau non-feulement efl perdue
pour la circulation extérieure qui s’o père
à la furface du g lob e, mais encore
qu’elle n’a pu concourir, à l’inondation générale
telle que l’a décrit Sénèque. !
G eogn;phic-Phj fiquc. Tome I .
ri’efl pas fans inconvénient ; car la
maffe de tous les continens, élevée âu-
deffus" du niveau de la mer,, peut-elle offrir
dès cavités fouterraines propres à renfermer
une quantité d’eau qu i, ajoutée au vo-
-lume actuel, combler oit le baffin de la mer
, St couvriroit les plus hautes montagnes'!
Il efl vifiblé'"que, d’après la conflitution
des epue hs de la terre que nous connoif-
fons", ces amas d’éau ne peuvent exiller,
ni fuffire aucunement à l’inondation géné-
•raie."
Je veux bien , cependant, que ces cavités
fouterraines renferment une quantité
d’eau fuffifante-.i,; & qu’elles.puiirent-la ver-
îfer par les fources; il furvi'endra"encore
ïbeaucoup de nouveaux obftacles avant que
le "globé foit totalement inondé. On n’a
pas prévu , fans doute', que cette eau pro*
duitë par lés fources abondantes , a autant
de facilité à rentrer dans les cavités vides,
qu’elle en a.eu à fortir de ces cavités i.ainfi,
à mefure q u e l’eau de la mer pourra fe ré-
paridié-fur ies continens, & qu’elle ren-
• contrera l’orifice des fources, elle remplira
de nouveau les cavités fouterraines , dont
les fources font les débouchés, & tout ce
■ qu’elle,scontiendrontferaperdu pour l’inondation.
D ’après ces réflexions, il efl aifé
de,démontrer qu’en fuppofant une quantité
d’eau fuffifante pour opérer une inondation
générale , .& cette^eau contenue dans des
cavités/outerraines, diftribuée uniformément
par tjoute. la maffe des1 continens, on
n’ippndèroit que la moitié du g lob e, c’eft-
à-dire toutesHestparties les-plus baffes,
puifque la mo.itié des cavités fouterraines
auroit réabforbé l’eau qu’elles auroient
fourni d’abord.
Concluons de cette difeuffion, qu’il efl
O o o