
tagnes. On voit d’ailleurs en différais
endroits de la Tofcane des preuves d’un
pareil travail des eaux , de manière que
il quelqu’un vouloit révoquer en doute
cette vérité phvfique , on aurait droit de
le renvoyer à l’obfervation de la nature
dans cette contrée. Il fuffit de lui indiquer
avec le travail des eaux du Serc’nio , celui
de la coupure du détroit de la Golfoline &
uu canal de Ripafraâa, pour le convaincre :
qu’il n'y a rien de hafârdé dans cette ftippo-
fition & dans cette conjecture fur la formation
des vallées! Au relie, l ’infpeéhon
feule du canal du Serchio, fait connoitre
oue l’opinion- de Buffon ne peut fatisfaire
aucunement aux phénomènes. Ce que-l’on
obferye en Tofcane & par-tout ailleurs,
nous prouve que les canaux des fleuves
n’ont pas été creufés quand tous ces pays
étoient couverts par la mer , & qu’au contraire
ils n’ont commencé à.s’excaver-que
depuis que le niveau de la 'mer s’eft baille ,
& depuis que les eaux pluviales prenant
leur route vers la mer qui occupoit" les
lieux les plus bas , fuivirent les pentes qui
en réglèrent la marche , & acquirent une
certaine force par leurJvîteffe. Ce fut alors
Vues commencèrent à ronger les filons
montagnes qui formoient une maffe
continue 5 & c’efl ainfi qu’elles ont continué
à cteufer.leurs vallées jufqu’à ce que
S
ces canaux foient parvenus au niveau des
eaux de ta mer, en perdant toujours une
partie de .leur tîterfé & de leur force par
la diminution de la chute, comme i l efl
aifé de le concevoir. •
• Si quelqu’un prétendent que fuivant les
loix de i’hydroftatique , ces excavations &
ces dégradations dès maffifs auraient dû fe
faire en ligne droite de non dans des directions
tortueufes & angulaires-, comme on
voit que font tracés ces canaux., il efl vi
f.ble qu’il n’a pas pensé que cet effet
dépend de la refinance différente des matériaux
qui cotnppfent les montagnes primitives,
lefquelies' ont été ainfi excavées;
car il efl facile de voir dans les efearpemens
tortueux des montagtiejs que celles-ci font
compofées de fiions plus ou moins épais
plus ou moins compactes. L ’impétuofité
des fleuves a été détournée par la rclifiance
des filons les plus maffifs., & déterminée
en conféquence à fe réfléchir contre la rive
oppofée , où l’eau trouvoit une moindre
réfiftance.
On peut indiquer encore une autre caufe
du cours tortueux du lit des rivières, en
l’attribuant aux torrens , qui roulant plu-
, fleurs mafias d’eau différentes & dans des
directions infiniment variées , fe font réunis
au fleuve principal; 8c particulière--
: ment quand emportés par des pentes
rapides, ils ont eu plus d’iiupctüofîté que
lui. Enfin, une autre caufe de cettestcr-
tuofité , efl la nature des matériaux que
les eaux entraînent dans leur lit, & qui. diffèrent
d’une montagne à l’autre qppolce.
Suppofons , par exemple , une-chaîne de
montagnes, qui dans, une partie de la
maffe renferme plulîeurs filons à’albarèjè ,
de gaUjtrOj enfuite plulîeurs de gabbro,
de.Jaffo-mo to, de pierre férène , dé pierre .
forte-, & que les eaux aient produit dans
cet affemblage de matériaux difparates -,
les dégradations ordinaires ; on voit, aifé-
ment q.ue le fleuve s’ouvrira plus facilement
un paffagej à travers"les premières
couches de gaieffro que dans les autres ;
& que la tonuolîté de fon cours dépendra
des différens degrés, de dureté qui, fe rencontreront
dans deux maffe s contiguës.
On voit en conféquence que les canaux
des fleuves font plus fpacieux dans les
parties dé leurs vallées où les montagnes
font plus aifées à entamer, & qui ont des
filons entremêlés avec des lits de terre &
de marne. Au contraire ces canaux font
très-étroits & leur/ bords coupés à pic dans
les autres, parties où les pierres, font plus
dures’ & les malles plus compactes plus
liées enfemblé, & plus capables de refi lier
à l’effort de' l’eau , "confiné ,1e? voyageurs -
l’ont remarqué à l’égard’ du Nil,qui Lra'.
vérfe l’ Egypte, 8c comme il efl aifé de
s’en, affurer en fuivant le cours des torrens
qui fe trouvent dans le trajet de Barga à
Stmcfeina.
par la retraite de la mer ; c’eft-à-dire depuis
que l’eau pluviale, raffemblée en maffe &
fuivant les pentes qui l ’cntraînoient vers la
mer, -a pu acquérir une: certaine vîteffe &
une énergie proportionnée à cette vîteffe.
Les excavations qui feparent les affem-
blages des filons démontrent que c ’efl
l’ouvrage de l’eau courante , A nullement
le travail d’autres agéns ou même de l’eau
dans/des circonllances différentes de Celles
que, l’on a fupcofées. Car pour peu qu'on
examine ces coupures, ou reconnoit
qu’elles font proportionnées à la maffe d’ eau
que J a' nature fembie avoir chargée de ce
travail, & qui fe porte dans la contrée tant
rpar le canal principal que par les canaux
: qui y affluent de part & d’autre.
Les canaux des fleuves font outre cela
plus larges dans le confluent d’un fleuve
avec un- autre. Il y en a des exemples
frappans dans toutes les parties du globe
terreflre ; & chaque obfervateur attentif
peut s’en affurer en vifitant les environs
defon habitation.
Quand toutes les contrées fillonnées"
maintenant par les vai fées des fleuves &
des rivières étoient couvertes des eaux
de la-mer, les montagnes primitives qui
formoient le fond de fon baffin ne pou-
voient être entamées, ni rongéeps par les
eaux courantes, comme on le voit aujour-
d’iiui-qu’elfesfont à découvert;car dans cette
fuppofition ; ou les fleuves n’exifloient
pas , & quand même ils y auraient. exiflé,
ils 11’étoient 'pas capables de s’ouvrir une
route à 'travers les montagnes, ni même de
confcrver leur embouchure -dans la mer
au milieu des attériflemens qui s’y forment,
comme nous le voyons tous les jours fous
nos yeux. Effectivement, fi l’on examine
tins aucune prévention de fvflême le
cours des fleuves à la fuperficie du globe,
on verra qu’il ne fe fait de dégradation
que là où. il y a des chûtes d’eau , & qu’au
contraire, où il n’y a point de chute d’eau,
non-feulement, il n’y à pas de deftruétion,
mais bien des dépôts & des attériffemèns
confidcrables. Il efl évident que dans la
merles fleuves n’ont point de chute parce
que leurs eaux font arrêtées par l’a réfiftance
que leur oppofè l’eau de la mer , &
far cette raifon elle ne petit faire aucune
excavation. Auffi les fleuves en fe déchargeant
dans la .mer font ils obligés d’y dépoter
le limon dont leurs eaux font chargées.
Il efl donc évident par toutes .ces confidé-
rauons-, que les canaux des fleuves n’ont
été excavés que depuis ’ le temps où ce;
contréçs qu’ils trayerfént font reliées à fe«
Tout ce que l’on a dit jufqu’ic f des exca-
; varions faites dans les m » agites prim;-
. rives fe peut adaj ter très-bien aux exca-
I varions que l’on voit dans les pays de co !-
jiues, au milieu defquels les fleuves fe font
. ouvert des. routes jufqù’i la mer. C ’clt
ainfi.qae les collines qui étoient des maffifs
fanîs aucune interruption, fans aucune
. coupure, ont été divifées par tie même
méchanifme , c’eft-à-dire parle travail de
l’eau courante depuis feulement l’époque
ou le lit de la mer s’efl abaiffé au-deffous
du niveau, des . contrées qu’occupent les
. collines; Outre les exemples apportés
par les naturaliftes qui ont voyagé dans
différentes contrées de l’Europe , Targioni
■ en cité de très-frappans qui fe trouvent en
Tofcane , particulièrement dans' le val
d 'E lfa, dans le val d'Era, & dans le vol
d ’Arno di jopra. Dans ces -contrées.les canaux
des fleuves-font creufés à travers les
maffifs des dépôts fous-marins qui forment
les collines, non fur des iignes droites,
mais fur des lignes qui ferpentent & qui
offrent dans leurs direélions des angles
alternativement oppoics. Cette correspondance
des angles faiüans & rentrans, de
| laquelle Bourguet & Buffon ont tiré des
; conféquence.s h fingti litres efl moins ciyi-
térieufe qu’on n’a prétendu le faire croire p