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mains , îVofl pas feulement éloigné conlïr y
durablement des bords dë la mer ; mais
encore il ne pourrait, fuivant Maillet , le
redevenir quand même onenlevëroit toutes
les terres qui font "comblé & qui ont ;
éloigné la mer de cette ville: attendu qu’à
en croire Maillet les" eaux de la.rner , après
les déblais , n’arriveroient plus dans le
badin qu’on creuferoit , à la meme hauteur
où elles étoient du temps dès Romains:
De l’endroit appelle le lignai, & qui eft
aux environs de ia ville d’Hieres , il ÿ a
aujourd’hui trois quarts de lieue à la mer,
& le progrès de la prolongation de ce :
terrein éft très-ïemarquabte d’année en
année, par là vafe & le fable qu un petit
torrent venant des j montagnes y charrie
dans Tes débordemens. : ce qui n’eft pas
étonnant ; maïs ce qui le feroit davantage,
c.e feroit J’abïiffement du niveau de la mer
à côté de cet atteriffement.
Maillet , toujours dans les mêmes vues
de fuppofitioii ,..pàrcourant enfuiteda plus
part des côtes d’Italie & de la Méditerranée,
foutient qu’elles Ont changé de face depuis
dix-fept ou dix-huit cens ans; & 'gaffant en
fuite des bords, de la mer à l’intérieur des
terrés, il veut nous perfuader que l’emplacement
dë Paris & defés ènvirons.ont été-dans
le baffin de la mer à peu-pres comme ils
Tont. Et pour nous te prouver, il nous fait
remarquer que dans les montagnes voifines
de ;Montfaucôn , on trouve un arrange-
metit de matines diverfes difpofées par
lits, où il a reconnu l’ouvrage des courans
aidés du llùx & reflux , qui paffoient alors
fur tout le terrein où Paris ell fi tué , y
entrant avec rapidité par le canal de la
Séinç , & s’étendant furi la ; plaine de
Saint - Germain 8c de Saint - Denis' , ils
iaiffpient à droite la montagne de Belle-
ville & à gauche celle de Sainte-Gene-
vieve qu’ils' rafoient , tandis eue- ces
mêmes courans formoient, a l’embouchure
de .ce golfe, la petite montagne de Montmartre.
' • ■ • ■ y
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Je cite ainfi tous ces détails 8c toutes ces
formes du terrein qui prouventla manière
dont Maillet obfervoit , & dont il ana-
lÿfoit les faits. Dans les détails qui précèdent,
il a .confondu lès agens qiff ont
organifé le fol de Paris & de Tes environs ,
en fubftitoant l’eau de-là mer aux eaux courantes
de la Seine,comme je le ferai voir’ à
l’article des enviions de Paris , dans le
diftionnaire.
Il nleft pas étonnant qu’avec ces principes
& cette méthode d’obfervation ,
Maillet aït conclu de ce qu’il-a vu dans fus
différentes courfes , que- non-feulement, là
mer a couvert le globe de la terre, -ni|is
encore 'qu’ elle a formé-par fes courans
‘ toutes les montagnes dont il eft hériffé &
: toutes les inégalités, qu’il préfente à -faTur-
face. Illeft vifible quédans ces confc'q’ ifcKdes,
il a négligé de comprendre Tes, effets des
! eaux courantes qui.oint eu une' fi grande
part à toutes ces inégalités comme j foie
ferai Voir par laTuite aux articles vallées ^
\ rivières , &c.
Maillet a encore . pouffé plus loin fes
fuppofi-tions, relativement'aux produirons
de la mer ; il nous, dit Jjue c’eft dans la
mer qu’a pris narffance tout co qui iref
pire’ aujourd’hui-fur le globe tefoeftre,, où
il n’y a aucun animal, marchant , rampân-t
Ou volant dont la mer ne renferme les
• éîpèçes femblables. Il ajoute énfin que jl’il
s’en trouve fur la terre,.qui diffèrent confi-
dérablement, quant à leurs formes & à leurs
earaéfères c’eft que ceux-ci Ont éprouvé
- une forte de métamorphofe en paffant d’un
élément dans un autre & qu’il ne
connoît pas d’autres, caufes qui aient pu
opérer des changemens un- peu remarquables.
Tel eft le précis du fÿftême de Maillet
( TellUmed ) fur la diminution de. la mer.
Comme l ’ouvrage qui en contient l ’expo-
fition eut une certaine faveur lorfqu’il
parut , & que les progrès qu’a faits depuis
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l’hiftoire naturelle de l'a terre ont donné
lieu de connoître les grandes erreurs qui
s’y trouvent répandues., j’ai cru que pour
compléter cette notice je devins difcutër
quelques-unes des principales méprifes,de
cet auteur, qui peuvent nuire aux progrès
de la Géographie-P hyjique. Ces réflexions
auront pour objet, I e*. l’inondation de
la mer que Maillet fuppofe avoir couvert
Iey plus hautes montagnes & y avoir laiffé
des dépôts reconnoiffables; 2 °. ia formation
intérieure & extérieure des montagnes &
l’approfondiffement des vallées; par les
courans , au milieu du baffin de l’Océan ;
3°. la retraite fucceflive & indéfinie de la
mer.
Première remarque»
Ï1 ne paroît pas que la mer ait couvert
les ‘mont?.gnes ..les plus élevées 8c fur-tout
celles où l’on ne trouve aucuns veftiges de
dépôts par lits & par couches, aucunes dépouilles.
d’animaux marins. Telles font
certaines parties des montagnes des Alpes ,
des Pyrénées, des Crapacks.&c, Maillet ne
connoiffoit pas .cette diétinébon de terreins,
dont les uns.font l’ouvrage de la mer , du
moins de la dernière & ancienne mer, &
les autres ont formé les bords de Ton avant-
dernier baffin. Cette /diftinétion que nous
devons à Rouelle, ik qui a été confirmée
par fes difciplés, a donné lieu de connoître,
les limites de l’élévation des eaux de cette
ancienne mer, & c’eft par la détermination
de cette ligne que nous ferons en état
d’apprécier toute ffëteridue de la diminution
des eaux du dernici Océan, " „
Il eft certain , par exemple, que les
maffifs graniteux élevés , ne doivent pas
être compris danà les parties de li terre
que la mer a couvertes & -abandonnées:
enfuite. Ce font.Jes noyaux & les fommets
dominans de certaines chaînes de, montagnes,
qui paroiffent les plut élevées , &
°ù T Qil ne trouve ies dépôts de la mer qu’à
dry. niveaux bien inférieurs à celui de ces
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fommets. I l paroît même que certains
dépôts, ont été adoffés contre ces maflifs ,
comme ayant été les bords de l’Océan, 8c
que l’on;;,ip,eut fuivre le prolongement de
ces dépôts autour de ces grands noyaux
graniteux, fous la forme de collines & dans
une grande étendue de- la furfaoe de nos
continens. Il feroit. à défirer que tous ces
terreins fuffent circofjfcrits de manière à
défigner les limites de l’ancien Océan.
Seconde remarque.
L ’examen que' Maillet prétend avoir
fait du fond de la mer , pour reconnoitre la,
parfaite relfemblance des dépôtsToumarins
avec la fuperftcie de la terre féche , eft
une opération, purement hypothétique
& par cqnféquent les réfùltats qu’il nous
en donne, doivent être.confîdérés comme
entièrement romanefques. Apparemment
que cet auteur s’eft défié, de fes
loclcurs , ou plutôt de la folidité des preuves,
qu’il leur donneit du double, travail
de la mer & de Tes. courans ; & dé-
fefpérant de pouvoir établir toutes fes fup-
pofitions. par le raifonnément, il les a
mifesfuï le compte de l’obfervation. Il
nous raconte donc, dans cës.vues, ce que
fes voyages foumarins lui ont appris,
avec une .confiance qui n’en infpire pas-.
En effet, les principaux détails y, font
présentes, de manière à nous laiffer la
liberté d’y c ro ire , ou de les rejetter,
& fur-tout dë nous difpenfer d’attribuer
l’approfondiffenient de nos vallées aux courans
de la mer.
En effet, cet, examen de la difpofition
générale des terreins nouveaux qu’on prétend
configurés au fond de la mer comme
nous les .voyons à la furface de la terre,
ne paroît pas avoir été exécuté. fur un
plan raifonné & folide , & par des moyens
propres à écarter tout doute , & particulièrement
dans ce qui concerne la marche
des courans, & Aeurs différens travaux
dans l’excayatisnudes valiées.
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