
qu’on voudroit en tirer doit être rejettée
lelon lui.
Buffon ne doufe pas qu’il ne puiffe
donner cette explication fi difficile ; on a
tu ci-devant que le globe terreftre , lorf-
qü’il a pris fa forme , étoit dans une liquéfaction
caufée par le feu ; enfuite il a paffe
de cet état d’embrâfement à celui d’une,
chaleur douce; c’efl alors que le climat
du pôle a éprouvé conjme tous les. autres
climats des degrés fuccelîîfs de réfruidiffe-
ment ; il y a donc eu un tems ctr les terres
du Nord ont joui de la même chaleur dont
jouiffent aujourd’hui les terres de la
Zcne-Torride, &pav conféquent ces terres
ont pu & dû être habitées par les animaux
qui fe trouvent actuellement dans les
contrées méridionales; ainfi ce fait, au lieu
de s'opp ofev à la théorie de la terre que
Buffon a établie, en efl au contraire une
preuve acceffoire, qui ne peut que la confirmer
dans le point le plus obfcur. Une
fixième époque poftérieure aux cinq autres
eft celle de la féparation des deux cbnti-
nens; il efl fût que-l’Amérique n’étoit
pas féparée de l’Europe & de l’Afrique,
dans le tems que les Eléphans viyoient
également dans les terres du Nord de l’Amérique
, comme dans les contrées fep-
tentrionales de l’Europe & de l’Afie. La
féparation des continens ne s’eft donc
faite"que dans des tems poflérieurs à ceux
du féjour de ces animaux dans les terrés
feptentrionales; mais comme on trouve
auffi des défenfes d’Eléphant en Pologne,
en Allemagne, en France & en Italie;
Buffon en conclut qu’à mefure que les
terres feptentrionales fe réfroidiffoient,
ces animaux fe retiroient vers les contrées
des. zones tempérées , où la ,chaleur du
foleil & la plus grande épailfeur du globe
compenfoient la perte de la chaleur intérieure
, & qu’enfin ces zones s’étant auffi
réfi o-idies avec le tems , les animaux dont
il efl queftion ont fucçelfivement gagné
les climats de la Zône-Torride. ■
Comme oA trouve en France & dans
toutes les autres parties de l’Europe des
coquilles , des' fquelettes & des vertebres
d’animaux marins qui ne peuvent fub-
fifter que dans les mers lés plus méridionales
, Buffon penfe qu’il eft arrivé pour
les climats de la mer le même changement
de température que pour ceux de la terre,
& ce lecond fait doit naturellement s’expliquer
; de la même manière que le premier
;' voilà donc l’ordre des tems indiqués
par les faits que Buffon invoque, & p ar les
monumens qu’il cite. Voilà fept époques
dans les premiers âges de la nature ; fept
efpaces de durée , dont les limites, quoi-
qu’indéterminées n’en font pas -moins
réelles ; car ces époques ne font pas
»comme celles de l’hifloire civile marquées
par des point fixes, ou limitées par des
fiècles; c’eft feulement par de grands évé-
neméns qu’elles font caraétérilèes & réparées
, fans qu’on puilfe ni prefcrire , ni reculer
la diftance d’un de ces événemens à
l’autre. Nous -allons maintenant préfenter
les faits qui appartiennent à chacune de
ces époques. *
"Première époque.
Dans cette première époque , Buffon
confîdèré la terre en fulîon , prenant
fa forme ;- c’ell. dans ce temps qu’elle
s’eft élevée à l’Équateur & s’eft abaiffée
fous les- pôles 'par le mouvement de rotation.
Nous ne nous occuperons pas de
tous les détails qui concernent la lumière
& la chaleur du foleil, la manière dont
la terre & les planètes ont été- détachées
de la maflè de cet aftre de la formation
des comètes : cette partie tient
plus à la cofmogonie qu’à la théorie de la
terre. Nous p allons au premier âge où
la terre & les planètes ayant reçu leur
forme-; ont puis de la confiftance , 8c de
liquides font devenues.solides. Il eft évident
que. ce changement d’état s’eft fait naturellement
& p ar le leul effet de la diminution
-defia chaleur. La matière qui compofe
le globe terre lire & les autres globes, piané-
: taires était en fulion, lorfqu’ils ont commencé
à tourner fur eux-mêmes: & elle a
obéi comme toute autre madère fluide
aux loix de la forcé centrifuge. Des parties
voifmes de l’Équateur qui fubilTent le
plus orand mouvement dans la rotation,
fe font le plus élevées. Celles qui font
voifines des pôles où ce mouvement eft
moindre,fe font abaiffées dans la proportion
jufte et précife qu’exigent les loix de la pe-
fanteur combinées, avec celle de la force
centrifuge : & cette forme de la terre &
des planètes s’eft confervée'jufqu’à ce
jour,
Or, le réfroidiffement de la terre & des
planètes, comme celui de tous-les corps
chauds, a commencé par la furfaee. Buffon
penfe que les matières en fulion s’y font
confolidées dans un temps allez court :
dès que le grand feu dont elles étoient
pénétrées, s’est échappé, les parties de
la matière qu’il tenait diyifées. fe font ra-
prochées & réunies de plus près : celles
qui ayoient affez de fixité pour foutenir’
la violence du feu, ont formé des malles'
ibiides ; mais celles qui, comme l’air &
l’eau , fe raréfient ou fe volatilifent par le
feu, &ne pouvoient faire corps avec les
autres., fe font féparées dans les premiers
temps du réfroidiflèment. Suivant Buffon ,
tous les élémens pouvant fe tranfmuer
& fe convertir , l’inftant de la confoli-
dation des matières fixes fut auffi celui
de la plus grande conyerfion des élémens
8c de la production des matières volatiles
elles étoient réduites en vapeurs & difper-
fées au loin ÿ-8c formoient autour de la
terre une efpèce d’atmofphère femblable
à celle du foleil, que Buffon confidère
comme une fphère de matières.aqueufes,
aériennes & volatiles, que fa violente chaleur
tient fufpendues & reléguées à des diftances
immenles. Toutes les planètes & la terre
n’étoient donc alors que des malles de -verre
liquides-, environnées d’une fphère de vapeurs.
Dans ce premier temps où les planètes
brilloilnt de leurs propres feux ,
elles dévoient lancer des rayons, jetter des
étincelles, faire des exploitons & enfuite
fouffrir en fe réfroidiffant différentes ébullitions
, à mefure que l’eau, l’air 8c les
autres matieres'Ejui ne peuvent fupporter
le feu retomboient à leur furfaee. C’eft
alors que Buffon voit que la production
des élémens & -enfuite leur combat n’ont
pu manquer de produire des inégalités,
dès afpérités, des profondeurs, dès hauteurs
, des cavernes à la furfaee .& dans
les premières' couches de l’intérieur delà
terre & des planètes; & c’eft à ce tems
. qu’il rapporte la formation des plus hautes
montagnes de la terre N des inégalités des.
planètes.
Buffon va plus loin encore-; il nous
- donne les temps que toute cette fuccef-
fîon d’effets à pu durer; ainfi le tems
de l’incandefcence pour le globe terreftre
a duré, félon lui, deux mille fix cents
trente-fixans; celui de fa chaleur aupoint de
ne pouvoir le toucher a été de trente-quatre
mille deux cents foixante et dix ans ; ce
qui fait en tout trente-fept mille deux
cents fix ans. C’efl là lé premier moment
poffible de la nature vivante. Jufqu’alors
les élémens de l’eau & de l’air étoient encore
confondus" 8c nepouvoient fe féparer nis’ap-
puyer fur la furfaee brûlante de la terre ;
mais dès que cette ardeur fe fut, attiédie ,
une chaleur bénigne 8c féconde fucceda
par degrés au feu dévorant qui s’oppolbit
à toute production & même à l’établifiè-
ment des élémens. Mais fans infifier plus
. long-tems fur ces objets , paffons à la fécondé
époque., c’eft-à dire au temps où
la matière qui compofe la terre a formé
les grandes maffes desfubftanees yitrefciblesj
Seconde époque.
Buffon dans cette époque examine les
différais effets qui ont accompagné &
fuivi la çonfolidation du globe terreftre ,
à mefure qu’il s’eft refroidi. Pour donner
une idée ,de ces effets , il. compare le
globe de la terre en fulion à ce. que
l’on voit arriver à une malle de métal
ou de verre fondu qui, fe réfroidit. Il fii
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