
très-confidérablés, & fur-tout par l’ouverture
des détroits & des baies , comme
nous l’avons dit. Varénius conlidère comme
les effets du travail de la mer, les Méditer-
ranées, les baies de Bengale, le golfe Arabique,
le golfe de Camboye, le détroit de
Mefline, ceux entre Ceylan & l’Inde, les
détroits de Magellan, de Manille, du Sund.
Enfin il cite leà changemens que les anciens
prétendent être arrivés dans l’Océan Atlantique
par la deftruétion d’une grande ifle ,
fituée vis-à-vis le détroit de Gibraltar, ce
qui auroit féparé l’Amérique de l’Europe.
Mais il croit qu’il efl plus vraifemblable
que cette mer s’efl aggrandie dans la partie
feptentrionale , par l’ouverture de ces
grands 8c larges'golfes qui féparent la nouvelle
France, la nouvelle Angleterre & le
Canada de l’Irlande.
On peut prendre une idée des ravages
fréquens &' étendus que font encore les eaux
de là mer, que de grands vents pouffent
contre les côtes, par ceux qui ont eu lieu
depuis peu de tems en Frife 8c dans le Holf-
tein.
C ’eft ainfî que la mer Baltique s ’efiétendue
dans la Poméranie, que la mer du Nord
a détaché un grand nombre d’ifles d’une
’ forme très-fingulière , du continent de la
Norwège : & que la mer d'Allemagne s’eft
étendue fur plufieurs parties de la Hollande.
Nous pouvons rappeller ici une obfer-
vatioe qui nous offre plufieurs autres
exemples du ravage dés côte?, c’eft qu’on
rie trouve de petites ifles en certain norhbre,
qu’auprès des grandes ifles ou ,des conti-
nens. C’eit par cette raifon que les ifles de:
la mer Égée font auprès des côtes de l’E u rope
8c de l’Afié : que résilies du Cap-Verd
font voilures de la côte d’Afrique ; que les
Maldives font voifines de la prefqu’ifle de
l’Inde, que les autres ifles Indiennes;font
près des côtes méridionales & orientales de
l’Afie. C’eft à la fuite de la violence des
flots de cette mer que vingt milles de tèr-
rein ont été minés dans la partie méridionale
de Ceylan.
On conçoit aifcment, par ce qui vient
d’être d it, que la mer occupe maintenant
des terreins fort étendus qui faifoient autrefois
partie du continent : & que réciproquement
ces parties du baflin de la met
pourront retourner à leur premier état par
la fuite des révolutions dont nous avons
fait mention , & qui peuvent fuccéder à
Pétât aâuel. Nous ferons voir à (’article
Dollart, du Diftionnaire, une preuve de
ces révolutions alternatives affez fubites.
A r t i c l e S e p t i è m e .
De l'atmofphère, de fies régions, & des phénomènes
finguliers qu'il offre dans diffi-
rens pays.
Yarénius diflingue trois régions dans
l’atmofphère, dont la moyenne efl celle
où fe forme la neige ,.la grêle & la,pluie;
la première efl celle où nous vivons &
s’étend jufqu’à la moyenne ; la troiftème
commence au-deffus de la moyenne région
jufqu’au haut de l’atmofphère où
les nuages ne flottent plus , 8c au-deffus
de la iifîère fupérieure de la neige.
A u refte, cés régions doivent varier,
& quant aux dégrés d’élévation, & quant
à leur étendue ; ainfi, plus une contres
eft voifinè du pôle ou éloignée des lieux
où le foleil eft vertical, plus la moyenne
région, c’eft à-dire , la zone de l’atmofphère
où fe forment la neige, là grêle,
la pluie , eft voifme.de. la terre j plufieurs
obfervateurs qui fe font occupés à mefurer
la hauteur des nuages ,. les ont trouves
très-peu élevés. Cette hauteur varie effectivement
beaucoup ; nous pouvons citer
pour témoins lesfommets de certaines montagnes
ifolées & à portée des villes, ff1"
fe trouvent toujours, à l’approche de 2
pluie, enveloppés d’un chapeau de nuages,
Sc qui font entièrement découverts &
dégagés de ces chapeaux lors du beau
items. On en a déterminé .affez conftam-
ment la hauteur moyenne à un quart de
; mille d’Allemagne, & par conféquent celle
. Je [a moyenne région fe trouve fixée par
çes obfervations à cette hauteur.
U y a des contrées où l’air a des propriétés,
fîngulieres.
| Ainfi, il ne pleut jamais ou prefque
jamais en Egypte ; l’inondation du Nil
& les rofées blanches du matin fuppléent
au défaut de la pluie : de même il y a
[des cantons dans le Pérou où l ’on n’a
[prefque jamais vu pleuvoir; mais au contraire
dans d’autres contrées, fur-tout dans
[celles qui fe trouvent fituées fous l’Equateur
, il pleut pendant fîx mois entiers , &
[il y fait beau pendant les fîx autres mois
[de l’année.
L’air eft fort mal fain à Sumatra,. à
[caufe de plufieurs lacs & étangs d’eau dor-
| mante qui s’y trouvent difperfés ; il en
(eft de même dans plufieurs autres lieux,
[tels que Malaye ,' le nouveau Mexique ,
[la Louifiane , &c.
L’ifle de Saint-Thomas, qui eft fituée
[fous l’Equateur , eft de tous les pays
[maritimes celui où l’air eft le plus chargé
[de vapeurs 8c le plus mal fain.
[ Au contraire, l’air eft fi 'pur & fi beau
[dans le Chili que le fer n’y "eft pas fujet
[a la rouille, qütoiqu’il foitlong-tems expofé
[à l’air.
[ Aux Açores l’air & les vents font fi
[chargés de vapeurs qu’elles rongent en
[peu de tems les plaques de fer 8c les tuiles
tÇui couvrent les maifons, & les réduifent
[en poudie.
I Ariftote nous : dit qu’on ne fept fur le
mont Olympe aucune haleine de vent ni
aucun air d’une certaine force , & que
ceux qui y montent ne. peuvent y vivre;
mais tous ces faits ont été démentis par les
voyageurs, & par Busbeque en particulier,
témoin oculaire , qui nous apprend que
le mont Olympe eft tout couvert de
neiges , même en été.
En Amérique , lorfque les Espagnols
pafferent de Nicaragua à la province du
Pérou , plufieurs- de ce convoi, en tra-
verfant les Cordilieres avec leurs chevaux,
perdirent la refpiration & périrent ; ils
furent tellement pris par le froid, qu’eux
& leurs chevaux refterent debout dans
l’état où ils furent ainfi faifis.
L ’air eft fi -chargé d’odeurs d’épices
au voifînage des ifles à épices dans l’O-
Céan Indien, que quand le vent porte
fur les matelots; ils s’en apperçoivent à
trois ou quatre milles de diftance, fur-
tout lorfque les épices font en maturité.
L ’air de mer eft plus mal fain que l’air
de terre, & moins agréable à ceux qui
n’y font pas accoutumés ; la différence
eft bien fenfible pour les marins quand
ils approchent des côtes; car ils connoif-
fent par la qualité de l’air qu’ils refpirent
qu’ils ne font qu’à un mille du rivage.
C ’eft ce fur quoi né fe trompent point
les matelots de Soffala, fur là côte orientale
d’Afrique.
Je crois devoir terminer tous ces détails
par les obfervations que David Froelichiüs
afaites furies monts Crapacks en Hongrie ;
on y trouve plufieurs remarques intéref-
fant.es fur la hauteur des diverfes régions
de l’air. Le mont Crapack eft la principale
montagne de Hongrie. Ce nom lui
eft commun, avec toute la fuite des montagnes
de Sarmatie , qui féparent celles
de Hongrie des montagnes de P>uflie, de
Pologne, de J^îorayie, de Siiefie 8c de