
& des rivières qui ont quelque chofe de
fingulier , quant à la manière dont ils fe
gelent.
Le lac Neff en Ecoffe 8c la rivière qui
en fort ne fe gelent jamais, fans qu’il en
forte une très-forte vapeur j d’autres lacs
fe gelent dans un tems connu : tel efl celui
qui efl dans le Straherrick, & qui, quelque
froid qu’il falfe , ne gele que par fes bords ;
ce n’eft que dans les mois de février qu’il
gele en entier; ce qui a lieu dans une nuit, &
après deux nuits , la glace a une force con-
fidérable. Il en efl de même du lac Monar
& du lac Wetter , excepté que celui-ci
dégèle fouvent très-promptement.
On prétend qu’il y a des rivières en
Chine qui font gelées pendant l’été , maison
n’en connoît point les circonftances.:
Grunerfée efl pendant toute l’année couvert
de glace. Les lacs de glaces1, dans
plufieurs cantons de la Suiffe, fument
même dans le plus fort de l’été. Ces effets
flnguliers peuvènt avoir diverfes caufes ;
certains mélanges , plufieurs fources inté-:
rieures, un mouvement particulier fuffi-
fent pour que les glaces ne s’établiffent pas
dans les lacs : un fol falé peut contribuer
à faire geler pendant l’été certaines rivières
en Chine. L’ombre confiante empêche
Grunerfee dedegeler. Les lacs glacés de .la
Suiffe ne dégèlent pas, parce qu’ils font
entourés de montagnes toujours couvertes
de neige.
La profondeur des lacs efl très-variable.
Dans le lac Wetter , en certaines parties,
il n’y a pas de fond à 300 braffes des bords;
dans le Nell, on n’en trouve point à 600
braffes. Le lac de Genève a 8 à 900 pieds
de profondeur entre Laufanne & la Meil-
lérie ; ailleurs près dü rivage , il en a y à
600. On prétend que dans le Jemteland ,
il y a des lacs à double fonds , dont l’un
s’élève dans un certain tems marqué , &
en recouvre toute la furface. Les îles flottantes
prouvent la pofiibilité de pareils
faits ; mais en général, tous ces phénomènes
mériteroient des développement
plus précis. §. i v.
Des mers.
Les géographes nous apprennent les
noms différens qu’on donne à l’Océan,
fuivant les côtes qu’il baigne. Dans ce chapitre
, Bergman ne parcourt pas ces nombreux
parages; il s’occupe à nous faire
èonnoître les fingularités naturelles des,
mers , & furtout celles que nous préfentent
les golfes les plus confidérables.
Il n’eflpas étonnant qu’un Suédois commence
cet examen par la Baltique. Ce;
golfe couvre de fes eaux une fuperficie de
365-0 milles en quarré ; mais fî l’on en
croit plufieurs relations, fon étend,ue a
été beaucoup plus confidérable;, ( 1 ).
Cette mer a trois iffues avec la mer d’Al(
1) Bergman fait, à cette' occafion , mention
d’une mappe-monde qu’on conferve dans le couvent
de S. Michel de Murano à, Venife , ,& qui;
a été faite par un des moines de ce monaftèrej
du nom de Mauro , par ordre d’ Alphonfe V
roi de Portugal, Cette carte dont l’original efl
encore dans le cloître, repréfente la mer Baltique
beaucoup plus étendue qu’elle n’eft aujourd’hui
; & ce qui maintenant eft terre ferme, |
eft figuré comme des écueils.
. Cette mappe-monde n’a pas été faite d’itra-
gination , comme on a ofe le fdireGOutre les
gentilshommes Vénitiens, Nils & Antonio Zeni
qui , dans le quatorzième fiècle , parcoururent
les mers du nord , on fait que P. Quiripi qui;
étoit un homme très-inftruit, & qui, en 1431;
fortit de la Méditerranée , vogua au - d e là à*
Drontheim , & voyagea par terre jufque près de
-Stegeberg en Eftgothie , où demeuroit alors un.
gentilhomme Italien nommé Franco ; il fe rendit
; enfuite à Lodefo où il s'embarqua. C’eft avec
! fes fecours que Mauro a travaille. Le chancelier
Ferner a examiné de près cette mappe-monde
qui indique la terre & la mer comme elles étoient
alors. Je l’ai vue aufii en 1767 : & en 1797 Ie
me fuis adreflé à l’inftitut pour en avoir mj®
, copie , croyant qu’on devoit refpeéler & ’
, dépôt & l'original.
lemagne : l’une par leSund , & les deux
autres par le grand & le petit Belt. Des
navigateurs Anglais ont trouvé à quatre
;ou cinq braffes de profondeur un courant
[contraire à celui de la furface. Lorfqu’on
eut defcendu un boulet de canon dans un
[fceau , l’efquif prit une marche, contraire
à celle du courant fupérieur , &-:cette
marche s’accéléroit à rnefure que le boulet
defcendoit davantage. Il y a des endroits
dans le haut de la Baltique où l’on ne
(trouve pas. le fond, tandis que près de .ces,
parages on le rencontre à dix braffes. de
[profondeur ; d’ailleurs , la profondeur;
[ ordinaire va rarement à plus, dê 50 braffes.
Mer Méditerranée,
! La met Méditerranée efl pinfi nommée
| d’après fa fîtuation entre trois des quatre
[parties du monde. Elle renferme dans fon
[enceinte plufieurs petits golfes , & toute
[ fafuperficie comprend environ vingt milles;
Iquarrés; elle n’a pojpt d’autre communication
vifible avec l’Océan que par le détroit
[de Gibraltar. La,mer Atlantique coule
j conftamment-dqns .Ia Méditerranée par le
| milieu du détroit; mais le long de fes côtes
[ elle y entre & en fort deux fois par jour.
I Comme la largeur du détroit efl; d’environ
| un demi-mille, & qu’on fixe, la profon-
| deur de l’eau à 200 pieds ; & la vîteffe de
| fon courant à un demi - mille par (dsini-,
I heure , il paroît certain qu’il entre.(ians.
là Méditerranée 57a billions , 8c 648,9.00;
I millions de pieds cubiques d’eau, qui de-
[ vroient faire hauffer de 22 pieds la furface
I de la Méditerranée.
Le Pô voiture dans un jour 10,000
| millions de pieds cubiques d’eau,;.mais
jj huit autres, rivières tombent dans çettp
| mer , parmi lefquelles on compte que le
Nil efl 70 fois plus confîdérable que le
| Pô ; mais quand on ne le fuppoferoit que
j trente fois plus grand , il y introdui-
[ roit encore annuellement 109 billions &
■ S00,000 millions de pieds cubiques d’eau,
ce qui feroit hauffer annuellement la fur-
face du golfe entier de 4 pieds.
Mais fi l’on fuppofe que le courant du
détroit de Gibraltar 8c les eaux de toutes
Jé's rivières qui tombent dans la Méditerranée
la font haufier annuellement de 30
pieds ,' il n’en feroit pas moins vrai que
quand même il reflueroit de cette maffe
d’eàu dans-l’Océan le l . ng des bords du
détroit, & qu’on eftimeroit l’eau qui y
entre au plus bas , il refteroit encore dans
f on baflîn une immenfe quantité d’eau. Au.
relie, ce problème efl difficile à réfoudre ;
on admet le retour de cette eau dans
l’Océan , parce qu’on n’apperçoit aucun
changement dans la hauteur des eaux de
cette mer. On dira plus bas que l’évaporation
enlève 10 à n pouces de plus qu’il
n’entre d’eau dans ce baffiit ; mais d’un
autre côté , il eft impolfible que ,l’eau qui
entre dans la Méditerranée foit entièrement
enlevée par ce moyen , puifqu’il fuppofe
une évaporation vingt fois p lus, forte qu’elle
ne peut avoir lieu dans ce climat; d’ailleurs
fi toute l’eau furabondante fe diflî-
poit par l’évaporation , le baflîn de cette
mer feroit depuis plufieurs fiècles rempli
defef , puifquel’évaporation n’enlève point
de fel avec l’eau ; non-feulement ceci n’eft
point arrivé , mais on ne remarque pas
même que lafàlure de cette mer augmente.
Il faut donc que la nature ait procuré une
autre iflùe à ces eaux, pour que leur fuperficie.
feit contenue toujours au même
niveau. Si l’on admet que l’eau dans le
fond; de la mer reprend le chemin par
lequel elle eft venue, alors le problème
: efl rélolu. Ce mouvement contraire eft
non-feulement poflible'dans deux fluides
d’une nature différente Sc d’un poids différent,
placés l’un au-deflus de l’autre , mais
auflî dans deux fluides d’une même nature,
lorfqu’ils fe diftribuent inégalement., ou
que des fubftances hétérogènes s’y trouvent
mêlées en proportions inégales. On eft
porté d’autant plus facilement à croire
que cela doit avoir lieu dans le détroit de