
les mêmes raiforts qn’il avoit fuppofé le
fol de la Sibérie, ou les plaines" au-delà
de ces montagnes, moins élevés au-deflus
de celles de l ’Europe , ainfi que Stra- !
lemberg l’afliiroit. Les parties . fepten- :
trionales par où le voyage aftrohomique
de l’abbé Chappe l’a conduit, font effectivement
des plaines baffes , couvertes de
forêts & trcs-Iouvent marécagéufes; mais
cet obfervateur François convient que le
fol de la Sibérie s’élève vers le M id i,
c’eft-à-dke -, vers les Alpes qui forment
fa frontière, & püifque cette chaîne s’élargit
& s ’élève de plus en plus. vers.
FQrient, l’élévation des'plaines de Sibérie
y devient de même plus confidérable &
leur pente plus rapide ; ce qui femble
juflifier en partie l’aflèrtion de Stralenberg.
Cette difpolîtion du fol de la Sibérie en
plan inclinévers la mer Glaciale, fon expo-
fition aux vents de N o rd & de Nord-Eli
pendant que ceux du Midffont interceptés
par la grande chaîne couverte, daifs la plus
grande partie de fon trajet , de neiges continuelles
, & ceux de l’Oueil par la- chaîne
Ouralique , devient une caufeplus pu-iffante
pour rendre le climat d’un pays fi rude
que ne le feroit l ’élévation feule ou les
amas de fel‘ auxquels l’abbé Chappe vou-
droit attribuer la rigueur des froids qui
y régnent. On pourroit citer, en preuve
de cette - affertioe les environs de la
fonderie de Bernaoul, fur l’Obi , garantis
.des vents du Nord par un traclus de
montagnes & de forêts qui s ’avancent
entre le Tom & l’Oby: C ’eft-là qu’on
voit toutes fortes de jardinages même les
melons & les citrouilles qui viennent
parfaitement bien en pleine terre ; tandis
que deux degrés plus au Sud, la pente
des mo tagnes aitaiqu.es èxpofée au Nord ,
ne produit rien. On pourroit citer les
valfoes- du Sëlinginsk & les environs . de
la rivière Abakan, fleuris au mois d’avril,
au pied des montagnes , au Nord def-
quejles. régnent les frimats & ’ les neiges
jufqu’au, mois de juin; Une partie de
notre Europe doit peut-être la douceur
de fon elimat aux Alpes de la Sca ndinavie
& de l’Écoffe, qui détournent les
vents du Nord , & à ce que les. .glaces
du Nord.ont un débouché libre entre
l’Europe & l’Amérique pour être entraînées
par- les courants j ufque vers les
Tropiques; de forte que les vents du
Nord-y font moins refroidis.& moins
; foutenus. en été. Ce font au Contraire ces
glaces renfermées par le Cap-Nord &
par les côtes- du Spitzberg qui influent
fur le climat de la Ruffie fepten-
trîonale.
Les déferts d’Aftrakan femblent , par
oppofition , devoir la chaleur de leur
été qui y favorife la gioduâion des
plantes propres à la Perfe & à la Syrie,
à leur expofition aux vents de Sud &
de Sud-Eft & aux terreins élevés qui
les couvrent au Nord;; ce n’eft auflî
que les venu de Nord-Eft & de Sud-Qucft
réfléchis par les montagnes d’Oural.& le
Caucase qui y font régner les plus fortes
gelées en hiver & qui amènent la; fraîcheur
en été. .
• Vers Je midi , la chaîne Ouralique va
de l ’endroit ou i’on a indiquè 'fa principale
force , en diminuant jufqu’aü - delà
du Jaik , pour fe diftribuer en petites
branche's de montagnes fchifterfes & de
collines du fécond ordre, qui .-’étendent
entre l’Eft 8c FOueft , vers la Ruflîe
méridionale , vers les environs. du lac
Aral & les branches Occidentales de la
grande chaîne Altaïque.
Nous paffons maintenant à la deferip-
tion générale de cette dernière chaîne,
laquelle forme un des plus puiffants fyf-
têmes de montagnes qui aient été reconnus
& fuivis fur le globe de la terré. La
grande chsîne qui borde au MidJ la Sibérie
depuis l’Irtich jufqu’à l’Océan oriental ,
ou la partie feptentrionale de la grande
mer, n’ell qu’une des branches de ce
grand fyflême dont on va tracer l’efquiffe,
d’après tous les renfeignemens qu’on *
pu en prendre, 8c cette defeription eft
bien différente de ce qu’on en a débité
jufqu’ici.
Il faut remarquer d’abord que les
chaînes de montagnes de notre globe , &
fur-tout les principales, ne font pas diflri-
buées par rameaux , qui aient toutes
fortes de direéüons & ordinairement,
comme l’a cru Bourguet , dans lefens de
la méridiehne ou de l ’Equateur ; il y
à des fyftêroés de montagnes dont les
branches1"<3u rameaux vont lé réunir à un
ou plufîeurs centres dans quelque plateau
commun qui domine toutes ces chaînes
par une grande élévation. Tel
femble -être ce grand affemblage de montagnes
dont les rameaux parcourent l’intérieur
du continent de l’Afie en diffé-
rens fens, & qui-en ont été le premier
; terrein habitable. La forme du continent,
de l’Afrique femble indiquer un arrangement
différent . de montagnes ; mais
l’intérieur de cette partie du monde eft
trop-peu; connu pour pouvoir en juger
avec certitude.
Pour trouver la plus grande élévation
du fol de l ’Àfie-, le moyen le plus fur
& le plus employé eft de remonter le
cours des grandes rivières qui fe jettent
dans les mers oppofées , & de parvenir
ainfi à leurs premières fources. L ’Inde &
le Gange- qui vont mêler leurs eaux à
l’Océan Indien, le Qangho qui traverfant
la Cl fine fe jette dans la mer Pacifique,
prennent leurs principales fources dans
les grouppes de montagnes au Nord des
Indes dont le Thibet âc le royaume de
Cachemire font hériffés , & qui ont été
décrits par plufieurs voyageurs célèbres.
Ç ’eft donc là le terrein le plus élevé, à
l’égard de toute l’A fie méridionale ;
c’efl de-là que ces heureux climats penchent
vers les tropiques , & reçoivent
1 influence de la Zone-Torride par . les
Vents du midi ; c ’elt de-là que partent
les chaînes de montagnes qui parcourent
I la Perfe vers l’Occident , les deux
prefqu’ifles de l’Inde au Sud & la Chine
vers, l ’Orient, C ’ell dans les vallées du
Midi de cette ancienne contrée qu’on
doit chercher la première patrie de notre
elpèce qui de-là a été peupler en foule
| les heu'reufes provinces de la Chine,
de la Perfe. & lùr-tout de PInde , où
habitent les nations les plus anciennement
policées de l’univers.
De l’autre côté , en recherchant l’origine
des grands, fleuves» qui travérfent la
Sibérie pour mêler leurs eaux à la mer
A râ iq u e , t elle, des rivières qui fe réunifient
a i’Amtir pour fe rendre à lapartie
feptentrionale de la grande mer du Sud";
enfin l'origine des eaux qui découlent à
l’Occident vers les grands baffins du
défère de la Tartarie dont le lac Aral eft
le plus confidérable, on rencontre au
deffous des fources de ces fleuves la
fuite des montagnes Altaïques.
. Tous les afiatiques Nomades conviennent
que la partie la plus élevée , des
Alpes de l’Afie feptentrionale eft la
montagne appellée Bogkdo , qui faifoit
la léparation naturelle entre les hordes
ennemie* des Calmoucs & des Mongols.
De cette montagne dont- les pics s ’élèvent
fort au .deflus des neiges 8c de toutes
les autres montagnes de l’Afie Boréale
partent deux grandes & deux moyennes
chaînes,comme d’un centre commun, Celle
qui va au Sud fous le nom de MouJJurt
k réunit aux. montagnes du Thibet ; una
moindre chaîne qui porte, le nom à'Alak
va à l ’Occident, s’étend entre les déferts
des tartares. indépendants & la Boukarie
communiqué par des embranchemens fécondait
es , avec les extrémités des monts
Ourals dont nous avons parlé’ , & la
grande montagne qui occupe la milieu
de la Tartarie déferle" & fe perd enfin
vers .les montagnes de la Perfe. Une
troifièmechaine,fousie nom de Khanghaï
va droit à l’Orient entre le pays d’Lr -