
rayons folâtres eft plus confiderable , qu
lön aflion eft de'pius de durée , qu eile ap
proche enfin plus de la verticale, St c[u elle
eft m'oins interceptée : toutes circonftances
qui fe rencontrent feulement en été^ dans
nos zones tempérées , mais perpétuellement
dans la torride. La foibleffe des
rayons du foleil fur les hautes montagnes ,
où l’air eft moins denfe , moins chargé de
parties grûflières , moins propre a réfifter,
au choc dés rayons lumineux , eft une
des raifons qui a fait recourir à l’énergie
chimérique du feu central. On s’eft imaginé
que les fommites du globe étant plus
éloignées du centre de la terre ^dévoient
en conféquence éprouver moins l’influence
du feu central que les plaines : & la chaleur
plus confidérable de- ces dernieres a été
moins rapportée à faftion direâe du foleil,
regardée mal-srpropos comme très-médio-
cre , qu’à l’énergie fuppofée de la chaleur
centrale du globe.
Ecoutons à ce fujet deux phyficiens qui
nous parlent du feù central, dans des fen-
timents totalement oppofés , de Luc d’un
côté , & Mairan de l’autre.
De Luc en parlant dê la température des
hautes montagnes, noüs dit. « Cette frai-
» cheur des montagnes , eft certainement
» due à la différence de denfité de l’atmof-
» phère , & non à celle de la diftancedmne
» chaleur interne' de la terre : car qu’eft-
» ce que c’eft que cette diftance de plus?
» Ce n’efl pas non plus à un réfroidif-
» fernem plus grand du fol.comme plus
» ifolé ; ni à une moindre réflexion des
' » rayons du foleil : quiconque aura été
» dans ces montagnes ne fera pas de tels
» fyftêmes : « Lettres fur l'hiftoire de la
» tern tem. S. pag 430.
Mairan , dans le chapitre qui a pour
» titre : circonftancesextérieures Stlocales
» qui fe comp liquent avec l’émanation &
» avec la fuppreffion des vapeurs du feu
central, s’exprime ainfi :
» Ces circonftances comme autant de
» nouvelles caufes du froid & de la gelée,
« fe ’ manifeftent principalement fur les
» hautes montagnes , c’eft-à-dire dans les
» pays Où la furface de la terre n’eft qu’un
» affemblage & un tiflu de rochers élevés.
» Car on conçoit aifement que cette croûte
» plus denfe,plus épaiiTe & plus éloignée du
» foyer que celle du terrein d’une plaine ,
« doit intercepter en tout ou en partie
» les vapeurs chaudes qui s’élèvent ou
» tendent à s’élever du centre : c’eft pour-
» quoi , l’on épr®uve toujours fur les
» hautes montagnes,' telles par exemple
» que celles de la Cordilliere en Amérique,
» un froid infupportabie : l’eau s’y glace
» au milieu de la Zône-Torride, & la neige
» dont les malles les plus éleyées ont retenu
» le nom dè montagnes neigées , n’y fond
» jamais à une hauteur confiante & déter--
» minée ; ( à 2440 toifes' au-defîiis du
» niveau de la mer fuîvant Bouguer. ) .......
» Et quoiqu’il ait été allégué bien des rai-
» fons de ce phénomène parmi lefquelles
» il en eft que j’adopterois volontiers, je
» ne trouve pas qu’elles y fatisfaffent
» pleinement. Je crois qu’il faut recourir
» de plus & pour la plus grande partie
» de l’effet, à la caufe locale compÊquée
a avec le principe du feu central, à ces
» vapeurs & à ce fluide qui s’élève de
» l ’interieur du globe , & qui ne pouvant
» pénétrer en allez grande abondance la
» croûté épaiffe & compacte qui s’oppofe
» à leur fortie , lailfent ledeffus expofé au
» froid glacial qui regneroit fur tout le
» relie de la terre, li ce principe perma-
» nent de chaleur ne l ’en garantiffoit pas »
« Differtation fur la glace pag yS.
Nous oppoferons à tout cela la chaleur
acquile par la terre,depuis qu’elle eftexpofée
aux rayons du foleil, & dont on connaît
la jufte appréciation.
§. I Y.
« Une legere caufe, continue encore
i> Ba illy, tend à diminuer ces effets : c’eft
» que le foleil eft plus loin de nous en
11 été qu’en hiver 1 mais cette caulê eft
» affez petite pour être négligée, St je
» ne ferai meme aucun ufagede latroilieme
caufe. laid. ».
Réponfe.
Que Bailly néglige, s’il le veut, dansl’efii-
jnation de la malfe de chaleur produite à
’ la furface du globepar l'action de la lumière
émanée du foleil, la petite différence que
peut y apporter le plus ou le moins de diftance
de cet allre à la terre : mais en bonne
phyfique,eft-ille maître de faire abftraclion
de la troifieme caufe, c’eft-à-dire du plus ou
du moins d’inclinailcn des rayons folaires
fur certaines parties de lafurface delà terre;
caufe vraiment effentielle dans la queftion
préfente, & qu’ on ne peut écarter fans
dénaturer les faits ? toutes ces reftriâions
font imaginées , pour donner plus de
vraifemblance à une hypothèfe, dont il eft
d’ailleurs facile de démontrer le peu de
folidité.
§• V .
« Paris reçoit, d’après les calculs de Hal-
» ley, trois fois plus de rayons en été qu’en
» hiver. Fatio, géomètre anglois, penfoit
» qu’il falloit avoir égard à la perpendi-
» cularité des rayons qui frappent avec
» d’autantplus de force ,q u ’ilsfont moins
» inclinés : d’où il trouvoit que la chaleur
» de l ’été, abftradion faite de toute autre
» caufe, devoit être à celle de l’hiver
» comme.p. à 1. Maison objefte que les
» différentes parties de chaque terrein
» étant différemment inclinées reçoivent
» les,rayons fous routes les inclinaifons
» poffibles, Sc qu’il n’y a pas de raifons
» pour choifir j l’une plutôt que l’autre.
» Ibid ».
Réponfe.
I l n’y a petfonne qui ne fente la foibleffe
d’une telle objeâion, contre le raifon-
nement folide de Fatio. En effet fi, comme
l’obferve Buffon lui même ( Epoques de la
Nature"), les montagnes les plus élevées du
globe, étant fuppofées de 3,000 à 3,poo
toifes de hauteur perpendiculaire, ne font
par rapport au diamètre de la terre, que ce
qu’un huitième de ligne, eft par rapport au
diamètre du globe de deux pieds, on con-
çoit combien cesinégalités de terrein qu’on
objeéte ici, font de peu d’importance dans
l’évaluation dont il s’agit, & qu’ainfi la
malfe du globe pouvant être confidéréo
relativement au foleil, comme à-peu-près
fpbérique, ou tout au plus comme-un
fphéroide anplati vers les pôles-, la différente
inclinaifon des rayons folaires fur le
globe , loin de pouvoir être négligée , eft
au contraire une confidératiou uc» p lus
imr.ortaotes dans la recherche des caules de
la chaleur excitée par cetattreà lafurface
du globe , ainfi que Fatio l’avoit très-bien
fenti. Voyons maintenant ce que Mairan St
Bailly continuent de nous dire à l’appui
de leur hypothèfe.
| V I.
« Mairan en calculant l’effet de la durée
» des jours , pour augmenter la chaleur
» fuivant les loix des caufes accéléra-
« trices, penfe avec beaucoup de jufteffe,
» qu’il eft en raifon du quarré du temps
» que le foleil refte fur l’horifon : & il en
» conclut que la chaleur de 1 été doit
,» être , à cet égard quadruple de celle
» de l’hiver. Bailly pour Amplifier, dit que
,1) le jour à Paris au folftice d’été étant de
» feize heures , & n’étant que de huit au
» folllice d’hiver , le foleil relie donc fur
» l’horifon une fois plus de teins dans une
» faifon que dans une autre. Il doit donc
» échauffer la terre une fois davantage ;
» 8c comme Paris reçoit alors trois fois
» plus de rayons, il s’enfuit que la chaleur
» doit être au moins fix fois plus grande.
» Mairan eftimant les caufes que Bailly
» néglige , trouve que cette chaleur du