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mais il nous a paru convenable de (upp rimer
l’efquiffe de fa théorie de la terre ; car
a en juger par ce qu’il annonce , il
l'emble que dans l’exécution il n’auroit
pas réuffi à rédiger une hiltoire phyfique,
antéreffante , des changemens arrivés à
notre g lo b e , 8c qu’il étoit fort éloigné
de connoître les vraies caufes des eflets
qu’il expofe dans les propolitions précédentes.
Pour s’en convaincre, il ne faut
que jetter les yeux fur les principales
■ conféquences qu’il déduit des phénomènes',
8c qui dévoient fervir de fondement
à tout fon travail II dit, par exemple,
que le globe de la terre a pris fa forme
dans un même temps & non pas fucceffi-
vement ; que cette forme ainli que la dif-
pofition intérieure de fes parties annoncent
qu’il a été dans un état de fluidité ; que la
matière du globe a été dans le commencement
moins denfe qu’elle ne l’a été depuis
qu’il a changé de face ; que cependant la
condenfation des pariies folides diminua
fenfiblement avec le mouvement 8c la
vélocité du globe même , de forte qu’a-
près avoir fait un certain nombre de révolutions
fur fon axe & dans le cercle de
fon orbite autour du foleil, il fe trouva
dans un état de diflolution qui détruifit
fa première ftruriure ; que dans le tems
de cette diflolution les coquilles s’intro-
duifirent dans les matières difloutes ; qu’à
cette époque, la terre a pris la forme
qu’ elle a préfentement, & qu’auflîtôt le
feu s’ÿ efl mis, la confume peu-à-peu,
de forte qu’elle efl menacée d’une def-
truriion générale par une explofion terrible
du feu qui finira par un incendie
général. Cet incendie augmentera l’at-
mosphere du g lob e , & en diminuera le
diamètre ; alors la terre, au lieu de couches
de fables & de terres, n’aura que
des couches de métaux 8c de minéraux
calcinés. Comment un obfervateur rai-
fonnable, qui a recueilli & analyféunigrand
nombre de faits , finit-il fes méditations
par des confidérations auflî vagues!; &. des
hypothefes auffi abfurdes '! C’efl qu’il s ’eft
avanturé au-delà des faits 8c des obfer-.
B O W
vations, 8c qu’il a méconnu'l’ufage qu’on
pouvoit en faire raifonnablement d’après
les principes de la géograpkie-phyfîque,
B O W L E S .
Ce minéralogifle obfervateur ell celui
qui a le mieux écrit fur l ’hiftoire naturelle
du globe ; c’ell auffi celui qui avoit le
plus pris, dans l’école de Rouelle, le véritable
efprit fuivant lequel on doit recueillir
& combiner les faits. Il efl vrai qu’il
n a pas mis autant de méthode dans l’ex-
pofition de ces faits 8c de leurs réfùitats que
l’importance des matières fembloit l’exiger.
Cependant fon Introduâion à Vhifloire
naturelle & à la Géographie-Phyfique de
V EJpagne , efl l’ouvrage d’où l’on peut
tirer plus de conféquences iumineufes pouf
hâter les progrès de cette fcience , li oh
l’étudie avec foin. C ’eft pour profiter de
ce qu’il nous atranfmis dans cet ouvrage^
fuivant ces vues, que j ’ai cru devoir pré-
fenter ici fes remarques 8c fes réflexions
fur quatre objets différens. Le premier
nous offre des confidérations raifonnées
fur l’é'tat de la terre ën''générâli, fur' le*
principales fubftances qui la compofent,
îur leur manière d’ex.ifter fuivant les différentes
fituations où elles fe trouvent, fur
les analogies de leur exiftencfc dans deux
pays femblabies,’ 8cç.
Le fécond objet1 a pour but la découverte
des volcans éteints de l’Ël-
pagne. Bowles mêle à ces faits plufieurs
difcuffions fur la caufe de leurs inflammations
8c fur les différens produits du
feu & particulièrement fur les bafaltes
confîdérés comme pierres-de-touche &
comme ayant une forme prifinatique.
Le troifième objet concerne l’examen des
terres & . des pierrès qu’on trouve aux
environs de Ségovié ; °n y trouvé des’
réflexions générales & la' j lupart intéref-j
fantes fur la compofition & les ùfages
des granits, du grè s, de la pierre calcaire
B O f
8c de la pierre à chaux , du marbre , du
fable ,de l ’argille 8c des poteries ; toutes ces
vues méritent l’attention des phyficiens
& desnaturaliftes, même de ceux qui ne
les adopteroient pas.
Le quatrième objet concerne les pierres
roulées 8c arrondies. Bowles s ’attache à
faire voir que les rivières ne roulent point
avec leurs eaux les pierres qui fe trouvent
dans leurs lits 8c que- ce n’eft pas par
conféquent à cet agent, qu’on peut attribuer
la forme', arrondie, 8c le poli des
pierres roulées. Mais après avoir détruit
ce qu’il regarde comme une fauffe opinion,
il n’a pas cru devoir hafarder de fubftituer
une autre caufe à celle dont il a montré
le peu de fondement. Il a cru plus prudent
de laiffer décider la quefiion par des
gens plus habiles ou plus hardis que lui.
En me bornant à ces quatre objets , parce
que j’y ai trouvé une méthode de dif-
cuffion plus généralifée que fur d’autres ,
je n’ai pas perdu de vue beaucoup d’ob-
fervations dont nous fontmes redevables
à Bowles. On en trouvera la fubftance
dans le diriionnaire à l’article EJpagne.
Confidérations raifonnées fur l'état de la
Terre & fur la fituation des principales
JubJlànces qui la compofent en EJpagne.
La Géographie-Phy/lque confîfte dans
la connoiffance des terreins de notre globe
depuis la fuperficie jufqu’a la plus grande
profondeur où les hommes aient pu pénétrer..
Par-tout j’ai reconnu que le fol de
la fuperficie reffembloit parfaitement a
celui de la plus grande profondeur, fur-
tout dans les gîtes des mines. Si i ’on con-
tinuoit ces obfervations avec de bons principes
, on pourroit parvenir a quelques
découvertes importantes. Far exemple ,
fi lion pouvait creufer un puits très-pro-
fond, au bord de la mer, peut-être trou-
veroit-on moyen de nous détromper de
l’idée où font quelques phyficiens , qu il 1
exifte un feu ariif au centre de la terre, !
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& peut être trouverions-nous la caufe da
la permanence merveilieufe de la chaleur
des eaux thermales , de leur goût, de leur
couleur , de leur odeur 8c de leurs autres
qualités qui fe foüdennent depuis tant de
fiècles au même dégré d’adivité. ( V y e ç
ce qu’on en a dit à. l’article Seneque. )
Il en feroit de même fi l’on creufoit
; un autre puits au haut d’une montagne a
côté d’une fource falée. Il efl probable
que nous faurions fi cette fontaine vient
de la mer, ou fi Dieu l’a creee falee ; car
tout ce que l’on a écrit jufqu’à prefent
à ce fu je t, ne contient que des conjectures
ou de Amples hypothèfes peu probables.
Les voyageurs devroient aider à
faire connoître les terres 8c les pierres,
fans qu’il fût befoin d’analy fer leur nature ;
niais enfuite il efl eflentiel qu’on indique
en même-tems l’arrangement primitif 8c
général de toutes ces fubllances.
Plufieurs phyficiens confidèrent notre
planete comme un amas de décombres
8c de débris qui font la faite de quelques
révolutions plus ou moins étendues. Cette
hypothèfe a quelques probabilités lorfqu’o»
oblerve dans certaines contrées les effets
réfultants des volcans , des tremblemens
de te rre , des féparations 8c des affaiffe-
mens de montagnes; mais il y a lieu de
croire que la terre eft mtarie dans plufieurs.
endroits, 8c quelle y a été confervée dans
fon état primitif depuis qu’elle exifte , à
l’exception des combinaifons nouvelles que
forment les eaux chargées de différens
principes, loit métalliques, loit terreux,
qu’elles diffoivent et entraînent chaque
jour.
L ’Efpagne eft le terrein le plus riche
que je çpnnpiffe en produirions auffi cu-
rieufes qu’utiles. Quant aux pierres 8ç
aux terres-feulement, je crois que cette
grande contrée en contient de toutes les
fortes qui fe trouvent éparfes dans le refte
du monde,