
Quejlion première.
Quelles font les différentes formes des
inégalités du globe f 8c quelles en font les
caufes.
Toute Lafurface de notre globe fe divife
en terre & en eau : l’eau en occupe beaucoup
plus de la moitié, St les badins où elle
eû raffemblée font dans une fituation beaucoup
plus balle que celle des terres. La
hauteur des montagnes , relativement au
niveau de la mer , varie beaucoup , les plus
hauçes n’ont pas plus de 12000 pieds au
deffu.s de ce niveau. En général les terreins
élevés font difperfés fur toute la furface
du globe, & l’on trouvepeu de contrées où
l’on n’en rencontre quelques - uns dont la
la plupart font d’ une médiocre hauteur :
on en voit des chaines aufii fréquentes &
auffi fuivies dans les régions polaires
comme dans les zones tempérées & torrides
, dans les pays orientaux comme
dans les contrées occidentales. Burnet
prétend, que- le plus, grand nombre^ des
montagnes eft afl'ujettià une certaine direc-
tio n , & qu’elles s’étendent en longueur
d’orient en occident, tandis que Swedenborg
les fait aller du feptentrion au midi.
I l eft bon de diftinguer au relie les
grandes montagnes des petites. Suivant les
obfervations de Haller ,le s petites montagnes,
comme font la plupart de celles
qu’on voit en Allemagne & dans le plat
pays de la Suiffe , ont en général plus de
terres dans leurs mafles , que les grandes;
on y apperçoit beaucoup moins de
bancs de pierres folides. Leur furface,
leurs fommets font ordinairement fort
étendus, & parcourent plufîeurs lieues fans
interruption : quelques-uns de ces fommets
font couverts de bois ou de terrains cultivés
; d’autres fontfecs & arides. En général
ces montagnes reçoivent St rendent
beaucoup moins d’eau que les hautes montagnes
: Qn n’y voit que rarement des
fources abondantes & des rivières un peu!
confîdérables qui y prennent leur origine.
Les plus hautes montagnes, fuivant
les obfervations du favant Hallèr, ont
leurs fommets piramidaux & partagés le
plus fouvent en plufieurs pointes ; on y
remarque particulièrement fur leurs croupes
efcarpées, des rochers ou adhérensaux
couches de l’intérieur ou culbutés en dé-
fordre. Ces parties font toutes, nues, &
l’on ne trouve que peu de terre 'légère
fur les autres : elles occupent : par leurs
différentes branches plufieurs lieues , &
renferment entre ces ramifications des
vallées étroites & profondes, à travers lesquelles
coulent des torrens groffis par une
infinité de ruilTeaux qui tombent de toutes
parts des fommets les plus élevés.
C ’eft fur les limites des grandes St des
petites montagnes qu’on trouve à la furface
de celles-ci beaucoup de terres , de fables
& de pierres unies, d’un petit volume &
roulées comme les cailloux qui font dans
le lit des fleuves : quelques-unes des couches
de leur fuperficie offrent des pétrifications
de plantes , de poilfons, de coquillages.
Seconde quejlion.
Pourquoi les grandes montagnes font
elles, comme nous l’avons dit ci-delfus,
heriffées de pointes, & qu’au contraire les
petites ont des fommets arondis ou ap-
, platis fur une certaine étendue fans interruption.
On trouvera la folution de cette quefiion
importante.dans l’explication des propo-
fitions qui fuivent,
Troifième quejlion.
Pourquoi, les hautes montagnes font-
elles nues , & fe terminent-elles par des
jnaffe*
SU Ë
jnalfes fimilaires St homogènes , tandis
que les petitès & moyennes font couvertes
de terres", offrent à leur furface des éfpëces
de plaines fur lesquelles-font plufieurs ef-
pèces de foffiles. très-variés.
Quatrième quejlion.
Quelles font les circonfianccs qui ont
préfidé à la formation des couches qui'
compofentlafurface du globe?
Cette difpofition prefque. générale fe
remarque dans un grand nombre-de montagnes
tant-i de la première que dé la. fécondé
claflfe : elle eft fi vifible. qu’on croiroit en
la Voyant que les montagnes font des àlfem-
blages- de pièces de rapport.
Cinquième quejlion. 1
Quelles font les caufes. de la fituation
irrégulière où fe trouvent certaines couches
terreufes- & pierreufes, & pourquoi
ces couches' fc nt-eiles fi fouvent fêparéës
par des lits de fables ?
Ces couches ont en général confervé
la pofition horifontaie : quelques-unes
font fituées fous aifiérens angles à l’horifon;
il y en a même qui font dam une fituation
verticale: enfin d’autres ont pris différons
plis & courbures. -
■ En fécond lieu , leur difpofition n’eft
pas belle , que les lits qui font compofés
de matières plus pefantes , loient places
•fous les. plus . légères. "
En troifième lieu, nous obferverons que
' les bancs | ierreux font très fouvent féparès
par un lit de. fable , ou par quelqu’autre
matière terreufe étrangère à ces bancs; ce ■
qui en ’ rend la fé-aration très facile,.
Dans quelques endroits l’eau a tellement
lavé le fable , qu’il s’y trouve entre les
couches de grands vuiies parallèles à ces
Çéograpliie-PkjJique. Tome I .
S U L }
, couches: il y a même des lits de fables
entre les couches terreufes. ■
Sixième quejlion.
Quelles.font les caufes de la formation
des couches profondes & intérieures qui
renferment les liions des ruines? & pourquoi
ces gîtes des.métaux fe trouvent-ils
fi irrégulièrement' difperfés entre-les autres
ordres de. couches foit pierreufes foit. terreufes.?
'
Je n’ai rien trouvé dans Sulzer qui fatif-
faffe à cette queftion importante dont il
faut attendre la folution des mineurs les
lusinftruits non feulement dans l’exploitation
des mines , mais' encore dans llhif-
toire naturelle de la terre : qualités qui
ne.fe trouvent pas fouyent réunies.
Septième quefiion.
Quelle eft l’origine des cavernes fou-
terraines qu’on trouve dans certaines montagnes?
Sulzer cite à cette occafîon Stùrmius
& . Sçheuchzer : & nous renverrons à
l’article Caverne du diétionnaire.
' Après■ ces queflions, Sulzer entre dans
i’examen des liypothèfes qui ont été ima ■
ginées pour expliquer la formation du
,glçbe.
I l obferve d’abord qu’il ne faut point
s’attacher aux hypothcfes vifiblement
faillies ; à celles par exemple qui font remonter
l’origine des montagnes à la création
du monde : il n’y a de fyftêmes dignes
de notre examen que ceux où l ’on ne s’eft
occupé de l’explication de ces effets , qtte
par un méchanifme & des agens naturels.
Le favant M. Ray prétend que les montagnes
ont été formées par l'éruption des
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