
coquilles tels que nous les ànnonçoit
Rouelle , ont donné lieu à des confi-
dérations fort importantes , fur le grain
des pierres que renferment les couches
qui régnent dans les contrées ou les amas
l e trouvent diftribués. Occupé à recon-
noitre ces différens amas , fui'vant les
principes de Rouelle, il ne nia pas été ;
pofiible de ire pas1-voir en-même temps
que tous les bancs oifroient des pierres
qui avoient un grain dépendant-cies principales
coquilles , qui domino lent dans
ces amas. Je voyois dans ces pierres’, les
débris de ces coquilles toujours aflortis.-
à leur conllitutipn phyfique, & toujours;
offrant les réfultats des différens dégrés de ;
leurs décompofitions : c’eft aiufii que l’on
voit les élemens des viffes, des chaînes,
des buccins, dans les bancs coquilliers
des environs de Paris , & dans toute'
l ’étendue delà fuperficie occupée par cet.,
amas ; mais on remarque que ce grain
change, dès que l ’on paffe dans un autre,j
amas , darls celui des huitres par exemple ,
dont les débris groïïiers empâtés par desj
marnes argillèüfes durcies offrent des-
rochers dont le grain eft afforti à leurs
débris.
Cette obfervation qu’on peut multir
plier dans plufieurs. pays T nous donne
un moyen de" divifer les différentes contrées
de la nouvelle terre, non-feulement
parles amas de coquilles, mais encore’
par les traétus des bancs de pierre« , dont
le grain préfente une variété qui change
comme les coquilles. E t c’ell à Rouelle
& à ceux qui fe font attachés à fes principes
, que nous devrons les moyens
d’obferver les différentes parties des con-
tinens avec toutes, les diftinflions qui
peuvent en former des claffes particulières
d’après les matériaux qu’ils nous préfentent.
C a r , comme je l’ai déjà dit, ces différens
phénomènes font fi frappans dans lepafïàge
de l’un & de l’autre amas , que j’ai été en
état de circohfcrire les contrées fucceffives
gui me les oifroient, par ces caractères.
Avec ces indices fur lefquels on ne
neut pas prendre aifément le change, on"
fe trouve en état de faire une étude
fuivie de toutes les variétés que peut nous
offrir la nouvelle terre. La reconnôiffance
des différens grains de pierres eft fi facile,
que la feule infpeétion des pierres à’ bâtir,
fuflît pour qu’on foit en état de défigner
l’amas dè coquilles du canton où re trouvent
leurs carrières. C ’eft ainfi que je me
fuis àffuré par l’examen des pierres à
bâtir de Bordeaux , qui m’ont offert une
grande quantité de débris d’étoiles marines
qui s’en détachent facilement,. que le’roc
de Tau & les carrières „de Bourg , de
Saint-Emilion , &c . appartenoient à un
amas d’étoiles marines, de l’efpèGe.de
celles qui font compofées d’oflelets ; ainfi
l’on voit que l’examen des pierres à grain
peut fuppléerià l’obférvation des amas de
coquilles qui ndtfbnt fouvent, à la portée
des naturaliftes que fous la formé de débris.
I f eft évident que plus on pourra failir
de variétés dans les réfultats des opérations
de la nature , plus on aura de facilité
.d’étudier le globe de la terre & d’offrir
des enfembles intéreffans & inftrudtifs a la
Géographie-Phyfique.
Cet£e*font. pas, comme on vo it, de
fimplel faits ifolés, minutieux , auxquels
fe bornent tant de lithologiftes, faute
d’ être' guidés par des principes ; mais de
grandes maffes de faits, où toutes les analogies
font rappellées avec autant de févé-
rité que d’intelligence. ( Voye lles articles
Amas de coquilles , Grain des pierres, Oc.
Du déplacement des climats , & des autres
ckangemens généraux & particuliers
arrivés à lajprjiice de la terre.
L ’étude des amas & l ’énumération des
coquilles qui les compofent , ; ont été
pour Rouelle un moyen alluré de reconnoître
que les corps marins fpfliles, que
nous trouvons dans les .couches des differentes
contrées de la France , ne font pas
de nos mers feptentrionales; .car on n’y
trouve pas cent efpèces ; au lieu que dans
notre amas des environs de Paris, il y en;a
plus de cent cinquante, & toutes des plus
belles formes, & de la plus belle confer-
vation. Il en eft dé même des autres amas,
& particulièrement, de celui des bélem-
nites, & de celui des débris d’étoiles. Cette
comparaifon des dépouilles de tous les
animaux marins, enfouies dans le fein de
la terre, avec celles des animaux qui fe
trouvent maintenant dans la mer qui baigne
nos côtes, lui prouvait, d’une manière in-
contèftable, le déplacement général d^es
climats. Les analogues vivans de nos fof-
files, ou font perdus, ou ne fe retrouvent
plus que dans des parages abfolument éloignés
8c étrangers aux nôtres, comme dans
les mers des Indes ou dans celles de
l’Afrique.
C’eft à la fuite de ces mêmes déplace-
mens de climats qu’on ramaffe aujourd’hui
les os & les dents d’Èléphants 8c de
Rhinocéros, en différentes contrées d e ’
l ’Europe & dé i’A f i é , & principalement
dans la Sibérie où l ’on déterre de l’ivoire
fi bien confervé , & en fi grande abondance
qu’il eftprefque devenu un objet de
commerce.
11 en eft de même de l’ambre jaune
qu’on trouve dans la Pruffe & fur les bords
de la Baltique , avec les bois qui l’ont
produit autrefois , & les infeétes du
pays, parfaitement confervés. O r , ces
refines , ces bois & ces infeétes y font
dans une difpofition & un arrangement
fixe «Sc confiant, qui écartent toute idée
d ’accident qui auroit contribué à ces
dépôts finguliers. Enfin toutes ces matières
n’ont rien de commun avec les bois , les
réfines, les infeétes de nos climats , les
plantes 8c les bois qu’on rencontre dans les
terres font également étrangers à l’Europe,
& le fiiccin lui même a un grand rapport
avec cette réfine qu’on apporte de l’Inde,
& fur-tout, de l’Amérique fous le nom de
Gomme-copal ; les mouches enfin & les
infeftés qu’on y voit enveloppés 8c
comme embaumés ont aujourd’hui leurs
elpèces vivantes dans l’Inde.
Par ces faits on a un apperçu de l’étendue
des déplacènvens de climats, & des
grands changemens qui doivent être arrivés
à notre globe , pour opérer ces
déplacemens. Sans ne us arrêter aux effets
particuliers , il en eft de généraux & de fi
nombreux, que Rouelle les confidéroit
comme- les monumens d’une révolution
gui ne peut être produite que par l ’action
d’une caufe puiflànte qui a opéré & opère
chaque jo u r ,.a v e c lenteur, ces change-
mens‘, & prépare ainfi d’autres révolutions
que l’on ne connoîtra bien qu’après l’accumulation
de plufîeurs réfultats.
Mais quelle peut-être cette caufe? On
fait qu’il eft fait mention d’une période
de plufieurs années, reconnue même dans
les temps les plus reculés. Une période
telle qu’à l’exemple du mouvement diurne
& annuel, elle doit amener une révor
lution très-lente à la vérité & très-peu
fen fib lem a is confiante & régulière, laquelle
après une longue fucçeflion de
fiècles dcplaceroit l’axe de la terre, & chan-
geroit le rapport de fes pôles, relativement
aux points du ciel auxquels ils correfi-
pondent aujourdjhui. De-là il s’enfuivroït
néceflàirement un changement dans les
climats de la terre & un déplacement des
mers.
Cela pofé, Rc uelle nous faifoit remarquer
que les tranfmigrations des êtres vivans
dévoient fe faire, dans la même progref-
fion que le déplacement des mers, lesquelles
s’avançoient auffi vers des climats
nouveaux en chaffant devant elles les habi-
tans des côtes, & formant des dépôts d’un
i.autre ordre, enlevant des terreins.fur le*
| epuches ancienne*, & couvrant ainfi do
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